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Bienveillants ; mais Tahofao a parqué nos apôtres sur une île déserte
et a défendu à ses sujets d’avoir aucune relation avec ces
hommes maudits de Dieu. Peu s’en est fallu qu’on ne les laissât
mourir de faim. Cependant ils ont évacué la place pour aller s’établir
aux îles W a llis , qui forment un petit groupe à 80 lieues
dans l’ouest des Samoa. Je ne sais si la charité des méthodistes les
a poursuivis jusque-là, mais une lettre écrite à Vavao par l’évêque
de Meioné annonce une grande détresse et appelle l’assistance du
premier navire français qui passerait dans ces parages. Il est fâcheux
que ces nouvelles ne nous soient pas arrivées aux Samoa.
Peut-être la frégate la Vènus passera-t-elle aux îles W a llis ......
La classe supérieure conserve des formes aristocratiques, la
gravité et la dignité du maintien. Parmi toutes les peuplades
polynésiennes, le Tonga est celui q u i , aux yeux de quelques
voyageurs, paraît se rapprocher le plus de la famille européenne.
Peut-être le Noukahivien remporte-t-il par un teint plus clair
et des traits plus réguliers, mais il a un front moins développé
que le Tonga. Je dois dire que j ’ai vu peu de naturels de Vavao
dont le regard et la physionomie n’aient pas l’expression de la
plus insigne fausseté. La conduite de ce peuple envers plusieurs
navigateurs a bien prouvé qu’on ne devait point ajouter foi à ses
démonstrations amicales. Il est douteux que les missionnaires
jouissent longtemps en paix de leurs conquêtes spirituelle et
temporelle. Les Tonga, moins endurants que les Taïfiens, ne se
laisseront pas conduire comme un vil troupeau. Déjà un jeune
apôtre, M. Botkins, q u i, ayant renvoyé sa femme, avait cru
pouvoir la remplacer par une femme du pa ys, a été dénoncé au
chef de Vavao et expulsé sur-le-champ. Mais il serait à désirer que
la réaction de ce peuple contre un joug trop avilissant ne lui fît
pas perdre les premiers germes d’humanité et de civilisation dont
il est redevable aux missionnaires. A la,vérité, le contact.des E u ropéens
avec les peuplades océaniennes rendra de jour en jour
plus difficile le retour vers les usages barbares, l’immolation des
victimes humaines, une défiance permanente envers les étrangers.
Il faut croire, au contraire, que ces nations comprenant enfin la
supériorité des Européens, finiront par les respecter et chercheront
à s’élever à leur hauteur.
(M . Roquemaurel.)
Note 2 9 , page 148.
Histoire de Mafi.
Mali est le fils de Faka-Fanoua, chef de Mafanga et de Taoufa-
Finaon sa femme. Quelque temps après la déclaration de la
guerre qui eut lieu entre King George et les habitants de Tonga-
T a b o u , Mafi désireux de s’illustrer par un exploit, partit en
compagnie de son frère et de six autres guerriers, pour aller
tenter un coup de main sur l’île Namouka. Leur intention était
de débarquer à la faveur de la nuit et de tomber à l’improviste
sur quelque case isolée, où ils n’auraient pas trouvé de résistance
; puis ils comptaient retourner à Tonga-Tabou.
Les vents, et peut-être aussi leur inexpérience, trompèrent
leurs desseins, et au lieu de les conduire sur Namouka les conduisirent
sur Ouhia, île peuplée et où ils n’avaient plus aucune
chance de réussite à espérer. Dissimulant alors leurs-projets, ils
se firent passer pour des voyageurs et reçurent un accueil hospitalier.
Des femmes accordèrent leurs faveurs à ces étrangers et
les habitants les logèrent et les nourrirent. Mais l’un des compagnons
de Mafi, dans un moment d’expansion, confia à sa belle
quels avaient été les projets de sa troupe, et aussitôt cette nouvelle
fut divulguée, et changea la face des choses.
On saisit immédiatement Mafi et ses compagnons, et on les
envoya à Ring-George à Vavao, où on se contenta de les retenir
prisonniers, après leur avoir administré un certain nombre de
coups de corde. A la fin de i 836, Mafi, son frère et deux autres