s’étendent du N. O. au S. E.; en Amérique , dans les mêmes
limites, elles reprennent cette direction après s’en être écartées
un moment entre Quito et l’isthme de Panama ; o r , ces deux
limites E. et O. du grand Océan appartiennent à la formation
granitique. Les îles, au contraire, sans excepter un assez grand
nombre de celles de l’archipel Indien, sont le produit des formations
ignées, aussi n’affectent-elles pas de directions régulières, et
lorsqu elles semblent en adopter une, elle est opposée à celle du
système continental : c’est ce qu’on observe pour Java, Bally,
Sumbawa, Flores, Ombay et pour une partie de Timor. Les îles
de l’Océanie n’offrent que le groupement irrégulier de plateaux
sous-marins, ou de montagnes élevées au-dessus de la mer :
plusieurs, comme Manga-Reva, furent élevées sur une même et
unique base et couronnent la circonférence d’un cratère aujour-
d hui comblé par les coraux. Elles offrent un excellent exemple
de ce que l’on nomme groupe. Les Marquises sont répandues
sur un plus grand espace et n’ont de commun que leur voisinage;
chacune d’elles eut son foyer particulier : leur ensemble
forme ce que 1 on appelle un archipel. Ces groupes, ces archipels,
et même chacune des îles de chaque archipel, sont séparés par
de grandes profondeurs, et ces masses de basalte, de lave, de
glaise et de débris marins se sont amoncelées en laissant intacte
autour,d’elles l’immensité des mers ; ce qui n’aurait certainement
pas lieu, si elles étaient les sommités de grandes terres submergées
, le fond présenterait alors des inégalités sensibles et donnerait
facilement la preuve d’une élévation graduelle aux approches
de la côte.
Nous étudierons encore par nous-mêmes tous ces faits intéressants
; notre voyage nous en donnera souvent l’occasion ; mais
en attendant cette satisfaction, il m’est démontré que les indigènes
de 1 Océanie ne s’y sont établis que longtemps après la dispersion
de la race mongole sur les continents et que leurs cûlonies,
ainsi que le sol qu’elles habitent, appartiennent à des temps
relativement modernes.
(M. Hombron.')
N o te 8 , page 34-
Aujourd’hui nous avons poussé plus loin nos èxcursions ;
suivis de deux ou trois jeunes sauvages, gais, légers, qui se disputaient
à qui porterait nos gibecières, nous nous enfonçâmes
dans la forêt dans le but de tuer quelques oiseaux. Lorsque nous
eûmes dépassé la limite des habitations, nous entrâmes sous ces
belles voûtes de feuillages de formes et de nuances si diverses.
On suit un petit sentier à peine tracé au milieu de la forêt naine
d’arbustes, de plantes gigantesques, gazon de cette végétation
grandiose. Les palmiers nains, les larges feuilles de l’arum,
les goyaviers s’entremêlaient au lacis inextricable des lianes qui
s’élancaient en serpentant jusqu’aux sommets des plus grands
arbres. Au milieu de cette verdure gaie, une charmante légu-
mineuse secoue ses aigrettes de gousses, q ui, en s’entr’ouvrant,
laissent voir leurs grains d’un rouge si éclatant, à l’oeil noir, parure
de jais et de corail. De jolis moucherolles voltigent çà et
là, faisant entendre leur petit cri à notre approche, se poursuivant,
fuyant, puis revenant sans crainte se poser à quelques pas
de nou-s. Le plumage de ces oiseaux offre un contraste des plus
bizarres : la femelle est de couleur fauve, le mâle jeune est d’un
noir foncé, et lorsqu’il est vieux, son plumage devient d’une
blancheur éclatante.
Bientôt nous arrivâmes sous un massif de cocotiers, au sommet
desquels l’oeil exercé de nos' jeunes guides nous fit apercevoir
de toutes petites perruches, suçant le miel des fleurs ; nous
en eûmes bientôt abattu quelques-unes ; c’était vraiment de
charmants oiseaux, de la grosseur d’un moineau franc ; elles
avaient le dos d’un beau bleu , le dessous du corps d’un bleu