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Octobre. déjà les canots avaient touché à plusieurs reprises ;
mais la marée montant, nous avons franchi les premiers
bas-fonds. En approchant, j ’ai reconnu que le
village était bâti sur le bord d’une petite anse formée
par deux caps taillés à pic, dans un vallon étroit
dont une partie des cases occupait le fond, et que
les autres étaient bâties en amphithéâtre sur les deux
versants de la colline du N. 0 . qui nous restait à
droite, entourées de palissades en roseau et ombragées
de grands arbres, et qu’il occupait une position
très-facile à défendre.
« Mon intention était d’abord d’aller débarquer au
fond de la grande anse, m'ais les canots s’étant
échoués à près de deux encâblures de la plage, pour
éviter aux hommes un long trajet dans l’eau, ce qui eût
exposé les armes et les munitions à être mouillées
nous avons contourné le cap de droite ensuivant un
chenal que nous avait indiqué la baleinière qui était
en avant, et nous avons accoste très-près de terre en
face des cases bâties de ce côté. Là, j’ai fait débarquer
les deux détachements, laissant les canots mouillés
en ligne, sous les ordres de MM. de Flotte et Lafont,
élèves de première classe, auxquels j ’avais recommandé
de les maintenir toujours à flot et d’être prêts
à soutenir, avec le feu des espingoles, notre débarquement.
Quoique personne ne parût à la plage pour
s’y opposer, nous y sommes arrivés en ligne prêts à
tirer sur quiconque se présenterait; car le chef Lat-
ehika qui était à mes côtés, s’attendant à être attaqué,
ne cessait de me recommander de nous tenir
prêts à soutenir leur choc qui serait précédé de cris
et de hurlements. J’ai fait alors détacher deux hommes
de chaque section pour mettre le feu aux cases les
plus voisines de nous ; en un instant elles ont été enflammées,
et comme personne ne se présentait, on a
mis le feu successivement à une vingtaine de cases et
détruit une grande pirogue tirée à terre. Un quart
d ’heure a suffi pour cette opération. Le feu qui gagnait
la hauteur où se trouvait une grande case à toit pointu,
qu’on m’avait désignée comme la maison sainte du
village, nous mettant à l’abri de toute attaque de ce
côté, nous nous sommes dirigés sur la grande anse,
en marchant dans la mer, et en nous faisant accompagner
par les canots qui sont venus se placer en
ligne à 80 toises du rivage. Les maisons, comme de
l’autre côté de la pointe, paraissaient abandonnées
depuis p eu, et le chef Latchika nous a fait voir la
belle case de Nakalassé , à laquelle il était pressé de
voir mettre le feu ; mais pour éviter d’être enveloppés
par la fumée, j’ai chargé M. l’enseigne de vaisseau de
Monlravel, de faire incendier d’abord la maison des
esprits, située sur le sommet du cap et toutes les cases
de l’ouest en venant vers l’est, d’où soufflait le vent,
réservant pour le dernier moment les plus voisines de
la plage, que j’ai fait garder par un détachement de
quinze hommes sôus les ordres de M. l’élève de première
classe Gaillard• Après avoir mis le feu à toute
cette partie du village, M. de Roquemaurel est allé
faire une reconnaissance sur le plateau de gauche pour
voir s’il n’y avait pas derrière quelques maisons; mais