n avait pu résister à son envie ; il s’était enfui à la nage pendant
la nuit, emportant l’arme précieuse.
Après déjeûner nous allâmes à sa case, mais il n’était plus là.
Les femmes nous dirent qu’il était allé dans la montagne.
En revenant je passai devant la case où avait eu lieu la veille
la cérémonie du moraï. Sur la plate-forme, devant la case, se
trouvait^un énorme cochon rôti, posé sur des feuilles de bananier.
Dans la case, une nombreuse réunion continuait les réjouissances
gastronomiques de la veille. Je m’approchai, mais
les convives, peu flattés de ma venue, poussèrent des grognements
comme des dogues en possession d’un os ; je jugeai prudent
de me retirer.
( M. Jacquinot.y
Note 9, page 34-
Les objets de l’usage le plus commun et que l’on rencontre dans
toutesales cases sont des nattes, des gourdes, des tasses en noix de
coco, des berceaux pour les enfants, de petits coffres, des jattes
en bois et des calebasses. Un morceau de bois rond et un battoir
leur suffisent pour la fabrication de leurs étoffes. Il suffit, pour la
confectionner, de la battre sur la pièce en bois, tandis que de
l’autre main on l’étend et on y jette de temps en temps quelques
gouttes d’eau pour y entretenir l’humidité. Quant l’étoffe est déchirée,
il suffit de rapprocher les bords delà déchirure et de l'a
battre pour la réunir.
Leurs pirogues sont de différentes grandeurs; j’en ai remarqué
une entre autres qui avait à peu près les dimensions suivantes :
longueur 4o pieds, largeur 15 pouces, profondeur 18. Ces embarcations
sont construites avec des morceaux d’arbres à peine
réunis entre eux par des fibres de coco. Les coutures sont recouvertes
intérieurement et' extérieurement de bandes de bambous
garnies de brou de coco, pour interdire le passage à l’eau qui
néanmoins arrive en assez grande quantité pour qu’une ou deux
personnes soient constamment occupées à la vider. Pour donner
à ces pirogues plus de stabilité, elles sont munies d’un balancier
formé de trois pièces de bois assemblées. La proue quelquefois
est assez- grossièrement sculptée , et ornée de deux planches
qui peuvent servir, je pense, à fendre la lame pour donner
une plus grande vitesse à la pirogue. L’ancre se termine par
une longue pointe recourbée qui s’avance à 8 ou 10 pieds.
Leurs pagaies sont de forme elliptique, le manche' est court et
d’un bois assez dur. L’intérieur de ces pirogues est garni de petits
crans en bois sur lesquels on place des planches pour servir de
sièges aux rameurs. Us ont d’autres pirogues plus petites qui servent
pour l’usage habituel et qui souvent ne sont que des troncs
d’arbres creusés ou les fonds de quelques vieilles embarcations.
Leur voile est de la forme d’un triangle rectangle et placée de
manière à ce que l’hypothénuse forme le bas-côté.
(Af. Gérvaize.)
N o te 10, page 34-
Le capitaine du navire américain le Roscoff est venu à bord.
Ce navire est un baleinier parti depuis 3o mois; il n’a que 700
barils d’huile. Un assez grand nombre de baleiniers fréquentent
cette baie pour y chercher des vivres frais. Ils s’y procurent des
cochons, des ignames, du taro et des patates douces, cultivées par
la petite colonie européenne qui s’y trouve. Hutchinson, le plus
instruit de ces colons (la plupart déserteurs ou conviets) et qui
ne s’est établi à Nouka-Hiva qu’à la suite d’un différend avec le
capitaine du navire dont il était second à ce qu’il prétend, donne
pour moyenne des relâches annuelles des baleiniers dans cette
baie le nombre de i 4 à 16. Ce nombre est assez considérable
pour procurer aux cultivateurs une certaine somme d’argent