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coup plus élevé que ceux dont je pouvais disposer.
J’avais expédié hier M. de Montravel avec le canot
de la Zélée, vers la baie voisine de Tchichacoff ou
Tai-Hoa, pour en faire le croquis et s’y procurer quelques
sondes. En même temps les deux commis d’administration
devaient s’occuper d’y acheter des cochons.
Les Européens établis ici m'avaient assuré
que l’on pourrait s’en procurer dans cette baie à bien
meilleur marché que dans celle des Tai-Piis. Enfin l’un
de ces Européens, nommé Moken, devait servir de
guide et de truchement.
M. de Montravel est de retour ce matin vers quatre
heures. Il a levé le plan de la baie, et il a pu se procurer
huit cochons pour de la poudre et des haches.
Quelques mousquets de rebut que j’avais fait embarquer
pour servir d’objets d’échange ont été constamment
refusés par les naturels qui ne les ont point trouvés
asez solides. Nos gens ont du reste été reçus amicalement,
un seul instant de trouble a éclaté parce qu’un
de nos chasseurs avait tiré sur une poule qu’il avait
trouvée perchée sur un arbre. La faute, du reste, appartenait
entière à Moken qui assurait que ces oiseaux
dédaignés par les sauvages, appartenaient de droit à
celui qui pouvait les tuer ou les attraper. Le cri tabou,
tabou, retentit à l’instant de tous côtés, et le chef lui-
même paraissait en proie à une vive colère, en répétant
le mot tabou. Dù reste, ce dernier s’apaisa
bientôt, et suivant M. Ducorps, il poussa ensuite si
loin les devoirs de l’hospitalité qu’il vint offrir aux
Français ses femmes et ses fdles.
La baie Tai-Hôa est formée par une ravine très-
profonde, au fond de laquelle coule un beau torrent,
la vallée du fond est délicieuse, mais moins étendue
que celle de notre mouillage. Du reste, il n’y a rien de
bien remarquable, seulement les habitants paraissent
bien plus empressés auprès des étrangers qu’ils voient
sans doute assez rarement.
Vers le milieu de la journée, je descends à terre
avec M. Jacquinot. Nous dirigeons notre promenade
vers l’anse de l’est que borde une superbe plage
d’un beau sable. Le terrain y est assez dégagé et on
y rencontre de riches et abondants pâturages. Le long
d’un bois d’Hibiscus qui les entoure, nous voyons
plusieurs morceaux de bois à brûler, coupés par les
naturels pour les vendre aux navires baleiniers.
Nous revenons ensuite vers la demeure de Patini,
en suivant des petits chemins bordes de murailles, qui
ont dû appartenir à des propriétés qui, bien habitées
jadis, sont aujourd’hui entièrement abandonnées.
Patini, avec son obligeance accoutumée, s’empresse
de nous faire apporter des cocos pour nous rafraîchir,
et ensuite nous allons nous reposer sous le
grand figuier et y prendre notre bain de pieds
habituel.
Les sons peu harmonieux des tambourins, mêlés
aux voix des sauvages, appellent encore aujourd’hui
les naturels vers l’habitation où se passent les cérémonies
funèbres que déjà j’ai vues la veille. MM. les
officiers ont appris même qu’aujourd’hui la pompe
devait être bien plus solennelle. Au bout d’un moPl.
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