13.
Tofoua est très-uniformément arrondie, elle n’offre
ni cap ni baie, et l’accès de sa côte doit être très-difficile
pour des embarcations.
Vers trois heures nous apercevons sur la pointe
nord de cette île quelques cimes entièrement dépouillées,
dont la couleur rougeâtre tranche sur la
teinte générale de cette terre. En même temps une
épaisse colonne de fumée s’élève du milieu d’un cratère
qui doit se trouver assez éloigné dans l’intérieur
de l’île, attendu que de la mer il est impossible de
rien en voir. Quelquefois ces fumées, toujours très-
épaisses, paraissent avoir des teintes rousses qui sembleraient
annoncer une chaleur très-intense; toute
végétation qui se trouve sur leur passage doit être
infailliblement détruite. Aussi cette portion de l’île
paraît-elle d’une stérilité affreuse, et si quelques végétaux
ont pu y conserver la vie, c’est en habitant
le pied de la montagne, et loin de cet ardent foyer.
A trois heures et demie je fais route à l’ouest pour
les îles Viti, et à la nuit, bien que nous regardions
dans la direction du volcan, nous n’apercevons ni
feux, ni lueur aucune qui puisse témoigner de son
activité.
Les vents qui se maintiennent presque constamment
à l’est, nous poussent rapidement, dès le lendemain,
dans la nuit, nous ne passons qu’à deux ou
trois milles d’une terre qui doit être Onghea-Lebou,
une des des Viti, et le 14 au jour, déjà engagés dans
cet archipel dangereux, nous nous trouvons à quelques
milles seulement de l’île Boulang-ha.
Dans la journée je prolonge de près les îles Ma-
rambo, Kambara, Vangara, Namouka, Mozé, Komo,
Holoroua et Eihoua, que déjà j’avais reconnues dans
mon dernier voyage. Toutes ces terres sont hautes
et accidentées, mais de peu d’étendue. Les trois dernières
de ces îles sont environnées par de vastes et
dangereux récifs qui nous avaient échappés en 1827.
A deux heures de l’après-midi, nous étions près de
Laguemba, l’île la plus importante, par son étendue
et par sa population, de toutes celles qui forment
la partie sud-est de l’archipel Viti. C’est aussi à
Laguemba que s’est établi le missionnaire méthodiste
M. Cargill, pour qui j ’ai une lettre de la part de ses
confrères.
Désireux surtout de me procurer un homme du
pays qui puisse me piloter dans cet archipel dangereux,
je mets en panne et j’expédie dans ma baleinière
MM. Duroch et Desgraz auprès du pasteur.
Je donne à ces messieurs le matelot chilien (Joseph)
que j ’ai recueilli à Samoa, il pourra leur être utile
comme interprète ; je sais en effet que le navire la
Joséphine, sur lequel cet homme était embarqué sous
les ordres de l’infortuné capitaine Bureau, a passé un
mois au mouillage de Laguemba, et qu’il n’a eu qu’à
se louer de la conduite des insulaires à son égard, Je
n ’ai point oublié non plus que lors de ma dernière
expédition un de mes canots que j ’avais envoyé sur
celle île, sous les ordres de M. Loltin, y rencontra les
naturels en armes, et que peut-être il ne dut son
salut qu’à sa prompte retraite et à la prudence de
IV.