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 Ne portant qu’un  simple maro,  les Vitiens mettent  en  général  
 leur  coquetterie dans leur coiffure.  Leurs cheveux naturellement  
 crépus,  sont  ébouriffés avec soin et pour  les  rendre plus propres  
 à  se  tenir  dans  cette  position  forcée,  ils  ont  soin  de  les arroser  
 fréquemment avec le  suc  détrempé d’eau de certaines  plantes qui  
 ont la propriété  de Jes jau n ir , soit  complètement,  soit en  partie,  
 ou au moins dë  les rendre durs comme de la grosse filasse. A l’aide  
 d’un  peigne  à  plusieurs dents et fait  avec de  petites pointes d’é-  
 caille liées  ensemble  et à plat par  une  extrémité,  ils  parviennent  
 facilement à former autour de leurs têtes un  échafaudage  chevelu  
 et crêpé dont l’épaisseur  peut  varier entre  deux et trois  pouces à  
 peu près.  Ils en alignent les différents poilsavec  un  soin  extrême,  
 pas un ne déborde. Pour cette opération, ils emploient le plus souvent  
 ,  quand ils  n’ont pas  de ciseaux  européens,  les  deux valves  
 d’une coquille ou une dent de requin qu’ils emmanchent au bout  
 d’un  petit  bâton.  Les  femmes portent  également une  semblable  
 chevelure,  sans  toutefois  jamais  l’entourer  d’un  turban.  Pour  
 tout vêtement,  elles  n’ont  qu’une ceinture  en  paille  habilement  
 tressée et peinte de diverses manières.  Les barbes de ces ceintures  
 leur  tombent  jusqu’à  mi-cuisses,  : et  c’est  la  seule  concession  
 qu’elles  font à  la  pudeur.  Comme  dans  tous  les  pays  sauvages,  
 leur existence m’a paru précaire et misérable ;  elles préparent  les  
 aliments,  vont  à la pêche sur les récifs,  tressent  les  nattes, fabriquent  
 l’étoffe végétale  et sont en général  chargées  des  plus rudes  
 travaux du mérjage. Comme chaque naturel possède presque toujours  
 un  certain nombre de  femmes,  la  sultane favorite seule  est  
 exempte  des durs ouvrages ;  quant  aux  autres,  élles  sont  considérées  
 comme  une propriété d’un certain rapport et,  au  besoin,  
 le ehef d’une famille peut s’en  défaire quand  elles ne sont pas mère 
 s ,  soit  pour  satisfaire  aux  exigences  d’un  ennemi,  soit  pour  
 obtenir  un  objet depuis  longtemps convoité. 
 Les hommes  fabriquent les pirogues et  les  armes ;  ils vont à  la  
 guerre  et  sont  chargés  de défendre le village.  Ce sont  eux aussi  
 qui  vont trafiquer  avec  les  étrangers qui  visitent  leurs rivages  et  
 qui  veillent à  la culture des  champs.  Mais  la nature du  sol  leur  
 rend ce dernier travail bien léger)  et leur plus grande peine est de  
 détourner un  ruisseau  pour arroser  leurs plantations  de taro  ou  
 de placer,  les uns auprès des autres,  un  certain nombre de cours  
 d’eau  qui  sont  destinés  à  reproduire  et  à  augmenter cette  ressource  
 alimentaire. 
 (JV1.  Marescot.) 
 Note  45,  page  233. 
 Les  relations  de  différents  baleiniers  ou  simples  armateurs  
 avaient éloigné jusqu’à ce jour des  rivages  de ces îles nombreuses  
 ces  hommes  qui,  sous  le prétexte de conversion et de civilisation,  
 gouvernent aujourd’hui plusieurs  groupes de  l’Océanie.  Cependant, 
   après la conversion  de Tonga, plusieurs chefs vitiens,  issus  
 d’émigrants tonga,  étant revenus  sur  les  îles de leurs pères, y  fu rent, 
  convertis,  et  par  ferveur  introduisirent  enfin  les missionnaires  
 sur  le territoire  de ces insulaires  dont la  réputation de férocité  
 s’était  répandue  chez  toutes  les  nations  maritimes.  La-  
 guemba  fut  la  première  qui  reçut  ces  hôtes  distingués,  mais  il  
 paraît  cependant que  les habitants de  cette île  ne  sont  pas  aussi  
 faciles que ceux de Tonga ;  car dans l’espace  de  deux  années,  le  
 digne  prélat n’a  réussi  encore que  sur  un  petit nombre  d’individus, 
   parmi  lesquels  on  compte cependant  le roi de Laguemba,  
 ou plutôt le chef de la vallée qu’habite la mission, tandis que tout  
 le reste  de  l’île  est  encore païenne.  Cependant  la  bonne  intelligence  
 paraît  régner  entre ces derniers  et les  nouveaux convertis.  
 Mais-d’après  la faible esquisse  que  j’ai eue de  leur  caractère pen