d’activité : comme la plupart vivent sur les flancs et au sommet
des hautes collines, où leurs habitations ressemblent à des repaires
cl’aigle placés sur les cimes inaccessibles des rochers, ils
doivent naturellement avoir le corps mince, puisqu’ils gravissent
souvent les montagnes élevées et qu’ils respirent un air vif. »
Chez ces hommes il existe une égale répartition des sucs nu -
tritifs, leurs fonctions jouissent toutes d’une parfaite activité :
ils doivent autant à la bienfaisante pureté de l’air qu’au constant
exercice de leurs forces ; ils ne peuvent faire un pas -sans mettre
en jeu tout l’appareil de la locomotion. Leur extérieur se dessine
sous les formes les mieux proportionnées ; leur taille est moyenne,
parce qu’elle a dû se plier aux nécessités de leur destination ;
leur corps est svelte et léger, il a acquis dès l’enfance , cette
souplesse musculaire qui caractérise partout le véritable enfant
de la montagne. L ’Araucau n’habite guère què les vallées des
Andes, aussi est-il bien loin de présenter ce perfectionnement
de race qui caractérise le Noukahivien : il est lourd ; c’est le
type patagon, mais dans des limites moins colossales ; il est plus
que lui remuant, énergique ; ses muscles marquent mieux au-
dessous de la peau, cependant ses habitudes cavalières le rapprochent
encore de l’épais Patagon des Pampas à cause du défaut
d’exei'cice. Des conditions atmosphériques diverses, des moeurs
différentes, modifient l’organisation extérieure en exerçant tel ou
tel organe aux dépens de tel ou tel autre, mais elle ne change
rien au type originaire : la race rouge est une ; la prétendue race
américaine n’existe pas plus que la race océanienne. Tout porte
a croire que 1 Amérique fut le berceau de ces peuples jaunes ou
rouges qui envahirent une partie de l’Asie ', d’où leurs hordes
M. Klaproth établit sur des preuves incontestables ce qu’on savait déjà
par des rapports plus ou moins positifs, que les tribus originaires du Nouveau
Monde s étaient étendues sur une partie de l’Asie; mais il n’a rencontre
aucun indice propre à fortifier cette autre hypothèse, qui s’est déjà reproduite
sous des formes diverses, que la population du Nouveau-Continent
débordées menacèrent l’Europe sous la conduite de Gengis et de
Tamerlan.
Si nous en jugeons par les Mangareviens et par ce que disent
Forster et Krusenstern, les naturels des îles Pomotou diffèrent,
de ceux des îles riches et vastes par une peau plus foncée ; leurs
extrémités inférieures sont un peu grêles, et le reste de leur corps
est cependant athlétique. Leur physionomie est grave et sérieuse ;
moins gâtés par l’abondance, ils sont moins enclins aux plaisirs.
Leur peu de ressources en végétaux les oblige à vivre nus et à
se nourrir surtout du produit de leur pêclje; ils passent donc une
partie de leur vie exposés à l’ardeur du soleil, les jambes dans
1 eau. A terre, la petitesse de leurs îles les prive de l’occasion de
s exercer a la marche ; quand ils ne se livrent pas aux travaux que
leur impose la nécessité, il restent accroupis. Ces détails sur ieur
existence expliquent très-bien pourquoi leur couleur est plus
foncée et leurs extrémités inférieures disproportionnées. Leur
système musculaire supérieur ne partage point cet amoindrissement,
parce qu’il est le seul qu’ils exercent : le tronc est le point
d’appui des bras et concourt par conséquent à tous leurs mouvements.
La pauvreté de leur pays, sa nombreuse population,
les forcent à vivre de leur labeur ; chaque matin ils lancent les
radeaux à la mer et vont pêcher sur le récif. C’est à leurs modestes
ressources, mais aus si, comme nous l’avons déjà dit, à la
pureté de l ’air qui circule librement tout autour d’eu x , qu’ils
doivent d’être préservés d’un embonpoint énorme, le fléau, de
leurs voisins. Ils sont les représentants modernes du type primordial
polynésien le moins altéré possible, soit par la disette,
qui n’existe en Polynésie qu’accidentellement, soit par l’abondance
et la mollesse, ou par un heureux ensemble de circonstances
'locales qui élèvent toujours l’homme des signes de la
soit descendue de celle de l’ancien. On trouve des Amc’ricains en Asie, mais
jusqu’ici on n’a point trouvé d’Asiatique en Amérique.
(A b c l-R cm u sa t? p. 28g.)