branches. Un peu plus lo in , de l’autre côté de la chaussée, c’est-
à-dire a droite, il y avait une autre cascade à peu près semblable
poui le volume, mais tombant au milieu des arbres et en
partie cachée par eux.
La rivière qui battait le pied de la chaussée en avait détaché
plusieurs fragments, ce qui donnait à ces prismes en les mettant
les uns sur les autres, l’apparence de tuyaux d’orgue. La rivière
continuait a remonter dans la vallée, mais il n’y avait plus de sentier
fréquenté. Si nous avions dû rester plus longtemps à T a ït i,
j aurais remonté volontiers ce vallon aussi loin que la nature le
peimet. Dans 1 endroit ou nous étions, la vallée n’a pas 20 pas de
large. Nous nous assîmes en face d e là chaussée, de l’autre côté,
sur de gros cailloux volcaniques, à l’ombre des arbres qui dominaient
la rivière. Les provisions furent tirées du carnier; elles
consistaient en une moitié de pâté, du fromage de cochon et du
fromage. Malheureusement nous n’avions que quatre petits pains
du bord et une galette de biscuit. Nous fîmes pour nous la part
d u lio n , aussi nos guides, qui étaient de grands gaillards à vaste
appétit, firent-ils un déjeûner assez chétif. Pour nous, le repas
fut presque suffisant. Je mangëai un peu de cresson pour dessert,
j ’avalai une gorgée de rhum et fumai une pipe ou deux. 11 n’y
avait pas moyen de prendre une vue de l’endroit même! La montagne
basaltique était droit sur nos têtes, et comme je l’ai dit,' il n’y
avait pas 20 pas. Je remontai à quelque distance et je me séchai
au soleil ; car nos bas et nos pantalons étaient tout mouillés et
nous avions toujours été à l’ombre jusqu’ic i; aussi j ’avais presque
froid après avoir mangé. Plus tard, voulant cependant prendre
un croquis du fameux Piha, et m’étant placé à quelque
distance presque au milieu de la rivière, il se détacha de la chaussée
un bloc de basalte, miné sans doute par l’infiltration des eaux,
qiu fit en tombant un bruit effroyable, comme un coup de fusil
et causa une grande frayeur à nos guides , qui m’avaient prévenu
avant par signes que si je restais-là : mate-moe ; aussi ils m’en-
NOTES. 325
traînèrent à toute force, et n’ayant plus rien à fa ire , nous partîmes
pour retourner à Matavaï. En passant au-dessous de la
chaussée il se détacha encore quelques blocs, dont l ’un m’éclaboussa.
Cependant, avant denous en aller nous prîmes dès échantillons
de basalte, au pied même de la cascade dont l’eau inondait
le vallon en petite pluie, comme un brouillard.
Ce basalte était rempli de petites cristallisations de matière volcanique,
ressemblant à de la résine. Le retour ne fut pas aussi
agréable que l’avait été la venue; le soleil pénétrait dans une
grande partie de la vallée ( il était environ de midi à 1 heure ), et
la chaleur jointe à la fatigue nous fit désirer d’arriver le plus tôt
possible. Nous fîmes cependant deux haltes ; à la dernière, qui
fut au même endroit que le matin, seulementsous les arbres, nous
bûmes avec avidité des cocos, quoiqu’ils fussent brûlants. De
leur cô té , nos guides affamés en dévorèrent les amandes en un
clin d’oeil.
Nous n’arrivâmes qu’à 4 heures à Matavaï ; comme il n’y avait
pas de canot, nous restâmes à terre. Aucun de nous n’avait faim.
Je donnai une gourde à mon guide et lui fis cadeau d’une chemise.
Le gaillard, quoique ta y o , ne me donna jamais rien.
(J /. La Farge.')
Note 17, page 85.
Après le déjeûner, je descends à terre dans l’intention de me
rendre chez M. Rodgerson. La route qui y conduit, ainsi que
la plupart de celles de l’île , a été construite aux dépens des filles
ou femmes qui se sont rendues coupables de débauches. Les délits
amoureux l’ont formée, et elle se ressent de sa cause première,
à voir les nombreux détours qu’elle fait et son peu de largeur. On
pouvait sans doute forcer les coupables à travailler, mais non pas
à travailler de bon coeur. Au bout d’une heure au plus de che