des faveurs de leurs femmes, et dès ce moment cette
route est chaque jour souvent parcourue par les habitants
des corvettes.
Frazior qui paraît assez bien connaître le pays et
l’archipel des Samoa, me donne aussi les véritables
noms des îles qui le composent. Le nom de Hamoa au
lieu de Samoa que j’avais déjà imposé à ce groupe,
m’avait été donné par les habitants des îles Tonga,
qui ne prononcent jamais la lettre S à laquelle ils
substituent ordinairement la lettre H.
Opoun s’appelle Olo-singa ; Leone, To-hou ; Fan-
foue, Feti-houta. Ces trois îles portent collectivement
le nom de Manoua.
Quant à l’archipel véritable de Samoa, l’île Maouna
de Lapeyrouse, est réellement Tou-tou-ila; l’île des
Pêcheurs, Ana-moua; Oio-lava, Opoulou; puis Ma-
nono, Apolina, et enfin Sevai que Lapeyrouse appelle
Poua par erreur. Il est facile de voir que l’Anglais
Edwards fut à cet égard mieux renseigné, car
ses noms indiqués sur la carte d’Arrowsmith se rapprochent
assez souvent des véritables désignations des
naturels.
Frazior estime la population de ce groupe à
80,000 âmes environ, ainsi réparties: Sevai et Opoulou
en contiendraient 25,000, Tou-tou-ila 1 0 ,0 0 0 ,
Manono 7,000, Apolina 3,000, le groupe de Manoua
serait le moins habité.
On compte aujourd’hui déjà trois missionnaires
sur l’île Opoulou, deux sur Sevai, deux sur Tou-tou-
ila et deux sur Manono. Il n’y a que 3 ou 4 ans que
les Anglais ont cherché à s’établir sur ces îles, mais
auparavant ils avaient fait préparer les voies par des
Taïtiens envoyés sous le titre de Teachers. Par une
singulière exception, les îles Samoa n’avaient pas
de culte, aussi aux premières propositions qui leur
furent faites, ils acceptèrent facilement la religion
chrétienne.
On ne leur connaissait ni temples, ni prières, ni
cérémonies aucunes. La circoncision était prescrite
par leurs usages, ils avaient le tabou sous le nom de
Sa, leKava était connu sous le nom d’Ava, l’usage
de l’arc et des flèches leur était inconnu , et leurs
armes de combat étaient des lances, des frondes et
des casse-têtes. Tout fait présumer qu’ils n’ont jamais
été cannibales.
Le massacre du capitaine de Langle et de ses compagnons,
fut commis par .¿leux pirogues montées
par des étrangers qui voulurent s’approprier les objets
des Français sans offrir aucun échange. Il paraît
que trois Français survécurent à ce désastre,
et que même ils furent bien traités par les naturels.
Un d’eux se maria et eut plusieurs enfants dont un
est encore vivant. Mais il ne connaît pas d’autre
langage que celui des Samoa, et Frazior, de qui je
tiens tous ces détails, paraît ne l’avoir jamais vu.
Les terres de l’archipel sont divisées en districts,
gouvernés chacun par un seul chef (Arii). Ils sont
tous indépendants les uns des autres. Il y a eu une
époque où l’archipel entier reconnaissait un chef suprême,
mais aujourd’hui cela n’a plus lieu.