qui, à ce que lui dit son guide, appartenaient à la tribu des
Hapas et venaient cependant dans labaiedeNouka-Hiva pendant
la relâche des baleiniers, pour participer aux cadeaux des matelots
galants. Une d’elles, en le voyant, le saisit en parlant à haute
voix. Le même Anglais, son guide, lui expliqua que cette femme
le prenait sous sa protection, et qu’alors il devenait tabou. Cette
coutume paraît exister dans les moeurs dévastatrices des naturels;
lorsqu’une femme choisit un homme pour mari on le lui accorde,
il devient membre de la tribu. De semblables adoptions sont
faites par les chefs. Mais il est difficile de connaître l’exacte vérité
à cet égard et l’étendue de ces droits. Les Européens qui pourraient
donner des renseignements sont la plupart très-ignorants
ou mentent pour se donner plus d’importance......
Une aventure extraordinaire est la cause de l’état de paix qui
règne actuellement entre les Hapas et les Nouka-hiviens ; cette
histoire, racontée par les Anglais, est assez romanesque pour
qu’on puisse douter de son exactitude, quoique plusieurs de ces
colons-indêpcndants s’accordent pour l’assurer.
Le chef des Hapas est un jeune homme qui, ayant beaucoup
entendu parler de la beauté de la reine Patini, prit un beau jour
la résolution d’aller la voir et de lui demander sa main. Il choisit
une nuit obscure pour franchir les montagnes et se rendit auprès
de la reine. Bref ils se plurent mutuellement, d’autres rendez-
vous furent demandés et accordés, et le chef des Hapas est devenu
un des époux de la reine. Depuis cette époque la paix règne
entre les deux tribus. Les femmes des Hapas viennent à Nouka-
Hiva profiter de la présence des baleiniers et s’en retournent à
leur départ. Aussi nous avons pu remarquer une diminution
sensible dans le nombre du beau sexe de la plage depuis l’affaire
de M. Le Guillou. Les filles des Hapas ont gagné les montagnes
dans leur frayeur et ne sont pas revenues depuis.
Nous avons remarqué aussi que les Nouka-hiviens qui crient
facilement mort aux Taipiis, n’ont jamais crié mort aux Hapas.
/
Ainsi la beauté de la reine Patini, au retours de celle d’Hélène,
a arrêté l’effusion du sang de ces peuples au moins pour quelque
temps.
| (JM. Desgraz.)
No te 1 1 , page 5 8 .
L’archipel des Pomotou resta longtemps inconnu. Les anciens
navigateurs savaient d’une manière trop invariable les routes tracées
par leurs devanciers, pour que le hasard les conduisît vers
ces terres basses et dangereuses. Schouten fut le premier à en
apercevoir quelques-unes dans le commencement du dix-septième
siècle. Ce navigateur reconnut successivement les îles Ourateokea,
Houden et Waterland en 1616 ; il nomma la troisième de ces îles
Nouvelle-Houden, parce qu’il trouva des chiens qui n’aboyaient
pas, et la quatrième Z ou du g ran dpour exprimer qu’il n’y avait
pas trouvé de fond propre à un mouillage. Après avoir fait ces
découvertes, il quitta ces îles en leur laissant le nom général
d'archipel Dangereux. La relation de ce hardi marin dit qu’il y a
vu des habitants perfides et féroces qui avaient attaqué ses matelots
à coups de lances et de casse-têtes.
Pendant un siècle il ne fut plus question de ces découvertes
du marin hollandais^ En 1722 seulement, Roggewen en reconnut
d autres qu’il appella îles Palisser, en les qualifiant de pernicieuses,
parce qu’un de ses navires s’y perdit, et que les deux
autres eurent beaucoup de peine à s’en tirer. II y remarqua des
habitants de haute taille, bariolés de toutes les couleurs et à figures
farouches. Après lui Byron, Wallis, Carteret, Bougainville
et Cook sillonnèrent cet archipel dans bien des sens et enrichirent
la géographie d’une foule de petits îlots bas et entourés de
récifs. A des époques plus récentes Kotzebue, Bellinghausen,
Krusenstern, le Margaret et Beechey complétèrent à peu près
l’hydrographie de l’archipel Dangereux. Enfin des navigateurs