mes Lascao, qui comprend les hommes sans possessions
de terrain et qui ne s’adonnent pas à l’agriculture.
Ceux-ci vivent du produit de leur pêche et de
déprédations sur leurs voisins. Ce sont de véritables
pirates supportés par leurs alliés ou s’imposant chez
leurs voisins lorsqu’ils ont la force. Ils sont très-re-
doutés par les habitants des îles qui s’enfuient à leur
aspect; car souvent, non-contents deles dépouiller,
ces pêcheurs-corsaires les tuent et les mangent. Cette
classe se divise elle-même en deux parties, celle des
chefs qui se nomme Kai-nambo et celle des subordonnés
Kainouaria.
Il existe encore une autre classe qui ne se trouve
pas à Pao, on la nomme Kai-Saso ; mais notre pilote
Bill, qui m’a communiqué ces détails, n’a pu m’en
définir les attributs.
Les occupations des naturels pendant les moments
de loisir que leur laisse la paix, ne sont pas nombreuses
; généralement ils s’abandonnent volontiers
à cette oisiveté si douce sous ce ciel de feu, et où
l’homme semble, pour être heureux, n ’avoir d’autre
peine à éprouver que celle de vivre. Les femmes sont
chargées de tous les soins domestiques, elles vont
chercher la nourriture; et en surveillent la préparation
sans que l’homme s’en mêle.
Avec peu d’efforts, les naturels font produire à la
terre d’abondantes récoltes ; nous avons déjà vu combien
ils excellent dans la culture de l’igname et les
plantations du tard. C’est surtout par son industrie
que le peuple viti prend une place importante parmi
les nations sauvages de l’Océanie. Les habitations
sont souvent fort belles et surtout remarquables par
le fini de leur détail; toutefois on en remarque
encore d’aussi élégantes aux îles Taïti, Samoa et
Hapaï. Mais les pirogues vitiennes sont de beaucoup
supérieures à toutes celles qui se fabriquent dans
l’Océanie. Une grande légèreté, une grande finesse
dans les formes, leur acquiert une supériorité de vitesse
sur tout ce que nous avons vu dans ce genre ;
des voiles immenses, mais qui se serrent avec facilité,
en rendent le maniement facile. Ces pirogues
sont généralement en partie pontées, elles sont dominées
par une estrade souvent double qui est réservée
aux guerriers ou aux hommes d’importance
qu’elles sont appelées à transporter. Elles n’ont ni
avant ni arrière, une des extrémités devient à volonté
la proue de l’embarcation, dont l’autre extrémité
serait la poupe. La voile est disposée de manière
à être orientée facilement dans les deux cas; elles se
gouvernent au moyen d’une pagaie qui se fixe sur
le côté près d’üne des extrémités. Les habitants des
îles Tonga ont eux-mêmes souvent recours aux talents
des Vitiens, comme constructeurs de navires,
et c’est dans cet archipel qu’ils viennent chercher les
grandes, et belles pirogues qui leur servent dans leurs
combats.
Les armes primitives des îles Viti sont, comme aux
îles Tonga, la lance, l’a rc, la flèche et le casse-tête.
Ceux-ci affectent presque toutes les formes possibles,
toutefois ils peuvent pour ainsi dire se diviser en