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bien nécessaire qu’un clergé instruit leur donnât l’exemple de la
vertu et que des institutions libérales vinssent au secours de leur,
ignorance, car ils retournent à grands pas à l’état sauvage.
(M. Hornbron.')
Note 33 , page 170.
Nous terminons notre promenade dans le village par la visite*
de l’école des enfants. Elle est tenue d’après le système lancasté-
rien ; des corbeilles suspendues au plafond servent de tableaux,
au moyen desquels tous les élèves voient la lettre ou la leçon qu’on
leur donne. Des moniteurs ont la tâche de l’expliquer à une petite
division de quatre ou cinq élèves moins avancés et en même
temps d’établir le silence qui du reste était parfait, grâce à la baguette
menaçante du maître d’école ; des évangiles. des livres
d’hymnes étaient entre les mains des élèves. Il est à regretter que
l’imprimerie des missionnaires, dirigée par M. Broocks, n’ait encore
produit quedes livres religieux, refusant de laisser paraître'
des traités élémentaires qui auraient été beaucoup plus utiles à
l’accroissement des connaissances des indigènes. Quel grand avantage
retireront-ils de savoir lire et écrire dans leur langue, s’ils
n’ont pas d’occasion bien réelle d’exercer leurs talents. Sans li vres,
sans bibliothèques,^1 leur devient presque inutile de passer
quelque temps de leur jeunesse à se graver dans la tête les caractères
de l’alphabet et les règles de l’arithmétique.
(M. Desgraz.')
Note 34, page 2 1 4 .
A une heure de l’après-midi, les canots décorés de leurs pavillons
et de leurs flammes, se mirent en route, ceux de la Zélée se
plaçant en ligne, parallèlement à ceux de l’Astrolabe, les fifres et
les tambours jouant des airs militaires. Après une heure de navigation,
nous atteignîmes l’île Pao, et nous opérâmes le débarquement
avec ordre et ensemble, devant une population nombreuse
qui était accourue pour être témoin d’un spectacle tout nouveau
pour e lle , et qui ne cessait de faire entendre des cris d’étonne-
mentet d’admiration à la vue de nos uniformes brillants et des
mousquets étincelants dont étaient armés nos marins.
Le chef Latchika était avec nous , et paraissait encore tout fier
du rôle qu’il avait joué dans notre attaque contre Nakalassé.
La troupe ayant pris ses rangs,, nous nous mîmes en marche ,
nous dirigeant sur l’endroit où l’on nous avait dit qu’était Tanna ;
nous arrivâmes en quelques minutes sur une place assez dégagée
où nous le trouvâmes effectivement, entouré de ses mataboulis.
Agé d’environ cinquante-cinq a n s , ce chef était d’une taille
moyenne et grêle, il paraissait usé et annonçait peu d’intelligence;
sa figure barbouillée à moitié avec du noir de fumée, sa tête coiffée
d un bonnet de matelot, son front orné d’une couronne de
fleurs jaunes et odorantes, nous indiquèrent qu’il avait fait grande
toilette pour recevoir notre visite. D u reste, de même que tous les
autres naturels, son corps était nu , à l ’exception d’un morceau
d’étoffe destiné à masquer les parties sexuelles. Le commandant
d’Urville prit place à sa droite et je me plaçai de l’autre côté ; tous
les officiers se groupèrent en face,, le matelot Simonet, celui qui, à
la demande du roi de Vavao et des missionnaires anglais, avait été
conduit et mis aux fers à bord de l'Astrolabe , servait d’interprète
pour transmettre en tonga les paroles de M. d’Urville à Latchika,
lequel les traduisait en vitien........
Dès le commencement du discours de M. d’Urville, le silence
le plus parfait s’était établi et chacun des naturels paraissait impatient
d’apprendre ce que venait de dire le grand ogni français.
Aussitôt que la traduction en fut faite à Latchika, celui-ci frappa
trois fois ses mains l’une contre l’autre , annonçant ainsi qu’il
allait prendre la parole ; les naturels répondirent à ce signal par
trois coups égaux, indiquant qu’ils étaient disposés à écouter. Le