« matin, il se trouva que les naturels avaient remor-
« que le brick tout près de terre. Le capitaine voulut
« tenter un dernier effort ; il fit mettre des canons
« sur la goélette, arma ses embarcations et s’appro-
« cha de nouveau du brick ; mais cette nouvelle ten-
« tative fut infructueuse, e t, après avoir couru de
« grands dangers, le capitaine fut obligé de relour-
« ner à bord de son navire qui leva l’ancre et se
« dirigea vers le Pérou, emmenant Munos ; là ils
« rencontrèrent un autre trois mâts américain qui,
« en apprenant ce qui s’était passé à Bivoua, s’y
« rendit et parvint à acheter le brick français qu’il
« conduisit, dit Munos, en terre anglaise, pour le
« vendre. Le bâtiment sur lequel était Munos, allait
« à Manille; il toucha à une île que Munos appelle
« Tchin-tchia (sans doute Drizia, une des Fidji) et
« l’y laissa, sous prétexte qu’étant Péruvien, on ne
« le laisserait pas débarquer à Manille ; il trouva là
« un Français propriétaire d’une goélette sur laquelle
« il vint à Honoloulou, où il se trouve encore au-
« jourd’hui.
« Le matelot anglais, Charles, est resté à Bivoua
« où il avait vécu antérieurement ; il y est marié et a
« un fils de 1 2 à 13 ans. Le trois mâts qui acheta le
« brick, venait d’O-Taïti. Gelui qui amena Munos
« était commandé par le capitaine Samuel; le capi-
« taine de sa conserve s’appelait Wings.
« Le même Munos déclare que le capitaine Bu-
« reau avait déposé, avant de partir d’O-Taïti, en-
« tre les mains d’un missionnaire anglais dont il ne
« se rappelle pas le nom, une grande quantité de na-
« cre de perle, une grande caisse d’étoffes de toile et
« de coton et une petite goélette en bon état. Munos
« a aidé lui-même, pendant trois jours, au débarque-
« ment de ces objets. Il ne peut se rappeler les noms
* des navires qui ont touché à Bivoua après la ca-
« lastrophe, ni le lieu de leur destination.
« Honoloulou (îles Sandwich), le 2 0 octobre 1836. »
Malgré ces renseignements, il m’eût sans doute
été difficile de retrouver le point où avait eu lieu le
massacre, car les îles Bivoua se trouvent tout-à-fait
sur la limite orientale de l’archipel Viti : ce sont des
terres de peu d’étendue, et il est même très-douteux
que l’on puisse y trouver un hâvre sûr pour y abriter
un navire. Cependant, comme mon matelot chilien,
Joseph, persistait à me désigner les îles Bivoua et Na-
koro comme le théâtre de l’affaire, j ’étais à peu près
décidé à y conduire nos corvettes, lorsque Latchika
m’apprit, à n ’en plus douter, que le capitaine Bureau
se trouvait en relâche à Piva près de Pao, sur la partie
orientale de la grande île Yiti, et que, trop confiant
dans les naturels dont il croyait avoir gagné l’amitié,
il y fut massacré avec son équipage. Du reste,
voilà comment il raconte l’événement.
Nakalassé, chef de Piva, et Mala, chef d’une tribu
voisine, poussés par l’appât du gain, formèrent le
projet de s’emparer du navire Y Aimable-Joséphine. Ils
saisirent le moment où le canot était à terre pour faire
des provisions, et où il ne restait à bord que le ca