qualifiée de bouche moyenne par des Françaises, elle est petite
pour des Océaniennes ; leurs lèvres ne sont pas trop volumineuses
et leur gracieux sourire laisse voir de belles dents; mais ces
bouches, un peu brunes , n ont aucun de ces jolis contours qui
dessinent la bouche des Européennes ; elles sont fendues trop
uniformément, si je puis m’exprimer ainsi. Aucune de ces femmes
ne mérite, sous ce rapport, les éloges que nous sommes prêts
à donner à Mata-houa ', jeune guide de Nouka-Hiva, ainsi qu’à
plusieurs jeunes gens des pirogues d’O-hivaoa. Le nez, si difficile
a modeler sur une jolie figure de femme, le n e z , ce trait
ingrat qui a défiguré tant de jolis visages, n’est chez nos Nuhiviennes
ni trop gros, ni trop épaté, c’est un nez charmant......
mais encore pour des Océaniennes , car ses qualités consistent à
n’avoir point l’excès des défauts reprochés aux nez de toutes les
femmes de race rouge. Un front assez h au t, des pommettes modérément
écartées, encadrent ces mobiles physionomies, qui, grâce
à cette dernière et heureuse modification, n’offrent pas la grossièreté
des traits que l’on retrouve encore parmi les Taïtiennes
elles-mêmes : ainsi elles échappent au ridicule de ces faces rondes
à grosses jou e s , à large bouche, dont les Mangareviennes, P é ruviennes
aborigènes, Araucaniennes et Patagonnes nous pré sentent
le parfait modèle.
Les Mendocéennes sont agréablement potelées, la tournure ramassée
et courte, l’embonpoint des femmes mongoles n’ont chez
elles rien d’exagéré; leur cou se fond très-agréablement avec leurs
épaules ; leurs seins sont bien placés, bien faits, leur développement
sé renferme dans dés limites parfaites ; leur taille est un
peu grosse, ce q ü ’il faut attribuer moins à l’extrême largeur dè
leur bassin qu’au trop grand évasement de la base de leur poitrine.
Cette organisation leur a conservé un peu de cette apparence
pesante que l’on retrouve plus marquée chez les Taïliennes,
1 .M a ta -h o u a , jo li.
plus forte encore chez les femmes de Tonga et de Samoa, et portée
à l’excès chez les Américaines.
Les membres inférieurs des Noukahiviennes ne répondent nullement
au charme de leur ensemble : l’habitude de se tenir accroupies
et de marcher pieds nus contribue beaucoup à la déformation
des jambes et des pieds. Leurs bras, leurs mains et leurs
doigts sont au contraire d’une beauté sans égale ; toutes les
Polynésiennes reçurent de la nature cet agrément corporel ,
mais aucune ne le présente aussi complètement parfait que les
agaçantes insulaires des Marquises. Au reste, disons-le en passant
, toutes les Péruviennes et Chiliennes indigènes se font remarquer
par l’élégante conformation de l’épaule, du bras et de la
main ; les Patagonnes, sous ce rapport, ne démentent non plus
leur origine. Ajoutons que si ces femmes portaient des chaussures
dès la plus tendre enfance, elles auraient les pieds les plus
jolis du monde ; nous en donnons pour preuve les Indiennes des
villes du Pérou élevées à la condition de dame. Bien que nous ne
comprenions pas que Quirox ait comparé les Mendocéennes aux
charmantes créoles de Lima, nous conviendrons cependant que
ces dernières n’ont ni un plus beau bras, ni une main plus délicate
que les filles de Nouka-Hiva , et que leurs petits pieds, si
justement célèbres , trouvent presque des rivaux dans ceux des
coquettes Incas modernes.
La supériorité physique des insulaires des Marquises établie,
à quelle cause l’attribuer? Les différences qui distinguent les peuples
d’une oi’igine commune, mais surtout les peuples sauvages,
sont évidemment dues aux habitudes que leur imposent la topographie
de leur "pays et la nature de l’air qu’ils respirent. On
conçoit en effet que l’obligation de gravir sans cesse le revers des
montagnes donne aux muscles les plus en jeu dans ce genre
d’exercice une vigueur que l’on ne saurait obtenir d’une continuelle
équitation , ou que l’on espérerait vainement rencontrer
chez un lourd habitant de la plaine. Mais le principal agent