modificateur de la constitution de l’homme, c’est l’atmosphère;
si l’on pouvait oublier que l’expérience de chaque jour nous démontre
cette vérité, il suffirait de rappeler les faits les plus communs
: l’action de l’air delà ville sur les paysans, celui de la campagne
sur les citadins, nous citerions les crétins des profondes
vallées de la Suisse et de l’A raucanie, et nous leur opposerions
les beaux habitants des montagnes ; nous examinerions les efïets
des effluves marécageux sur la respiration d’abord et conséquem-
mentensuite sur la circulation; enfin, arrivant à étudier les divers
degrés de raréfaction de l’air par le calorique, et ses divers
degrés de saturation par l’humidité, nous démontrerions facilement
qu une maladie célèbre, la fièvre jaunirl sur Pédologie de
laquelle on a tant discuté sans résultat utile pour l’humanité,
faute d’en bien apprécier les causes physiques et physiologiques,
est due à l’excès de division des molécules de l’air et à l’excès de
. vapeur d’eau en suspension dans ce fluide Elevons-nous dans
les hautes cimes du Mexique et des Antilles, nous y retrouverons
toute l’énergie vitale propre aux régions tempérées, et nous y
verrons le créole des montagnes appréhender autant le séjour
étouffant des bords de la mer que l’Européen récemment débarqué
sur cesplages brûlantes. En effet, à l’époque des plus grandes
chaleurs de l’année, les courants alisés cessent tout à coup de’
souffler leur douce et salutaire fraîcheur sur les îles Caraïbes et
sur le Mexique. Dans ce dernier pays , des calmes étouffants leur
succèdent ; aux Antilles, les vents d’ouest les x’emplacent; ils sont
le signal des fâcheuses affections qui envahissent aussitôt les
parties basses de cès régions. L ’immense enceinte des terres du
Mexique, les nombreuses îles de la mer caraïbe et du golfe mexicain,
1 étroitesse des débouquements des Antilles, qui s'opposent
La fièvre janne n est qu’au scorbut : le défaut d’air suffisamment rén a- .
rateur pour une circulation aussi abondante que celle d’un h ab itan t des
eones tempérées, en est la cause.
au prompt renouvellement des eaux, expliquent, pour ces parages,
la chaleur des vents d’ouest et leur extrême' humidité. Les conséquences
physiologiques de ce climat agissent différemment sur
les indigènes et sur les étrangers, mais elles ne constituent un
pays sain ni pour les uns, ni pour les autres. S i , après la rapide
excursion que nous venons de faire pour prouver l’importance des
bonnes qualités de l’air, qu’il faut considérer comme le premier
aliment des animaux, nous revenons à la Polynésie équatoriale ,
nous nous étonnerons peu du bon développement de ses habitants,
parce qu’ils respirent l’atmosphère la plus pure possible.
Les îles Sandwich, Marquises, Pomotou, T a ï t i , Samoa, Tonga,
sont isolées de toutes parts ; aucune terre continentale ne leur
impose une atmosphère déjà altérée; et, quelle que soit la direction
capricieuse des vents, ils s’élèvent toujours de l’Océan et ils en
partagent la fraîcheur et la pureté. Tous les marins savent que Pair
du large prolonge l’existence de malades voués à une mort imminente
; l’approche de la terre, au contraire, l’abrége et change trop
souvent l’espérance en une mort subite. La mer épure l ’air par une
action physico-chimique; c’est encore un de ses nombreux bienfaits,
il faut le reconnaître, peu importe ici la théorie de ce phénomène
; mais les Polynésiens perdent en partie l’avantage de leur
position en construisant leurs cases au pied des montagnes, souvent
à lab ri des vents alisés, et sans se soucier beaucoup du voisinage
des marécages. Cette coutume, presque générale, née de leur indolence,
de leur mollesse, ne contribue pas peu, jointe aux excès
de leur gloutonnerie, à répandre parmi eux l’affligeante obésité
et l’éléphantiasis. Les Noukahiviens échappent à ce développement
contre nature du système cellulo-graisseux, non par la sobriété,
qui est la moindre de leurs qualités, mais par leurs habitudes
montagnardes; en elles est tout le mystère de leur supériorité
matérielle. « La structure de ces hommes, dit Forster, est forte
et nerveuse; aucun n’est aussi gros que les habitants des îles
Taiti et Tonga ; cette différence provient de ce qu’ils ont plus
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