4 AVERTISSEMENT.
Marine avait recherche' en moi mon zèle et
mon de'vouement pour mon ancien commandant,
bien plus que les qualite's et les
talents qui caractérisent l’e'crivain. A ce titre je
m’enorgueillis de cette marque d’estime, avec
d’autant plus de raison, que par la nature de
mes travaux et des e'tudes toutes spéciales auxquelles
je me suis livré, je n’avais aucun droit
pour aspirer sans présomption à une pareille
faveur.
Je déclare donc ici assumer sur moi seul la
responsabilité de tout ce qui pourrait choquer
le lecteur, et je le prie de rapporter à M. Dumont
d’Urville toutes les remarques utiles qui
se rencontrent*dans ses journaux, dont cette
relation sera la fidèle reproduction.
C. A. V.-DUMOULIN.
Paris, le 3 juin 184a.
CHAPITRE XXY.
Séjour à Nouka-Hiva.
A peine l’ancre est-elle tombée, que nous sommes
entourés par une foule de pirogues. Les naturels qui
les montent sont avides de nous rendre visite,
mais leur attitude méfiante indique qu’un peu de
frayeur se mêle à leur curiosité. Du reste très-peu
se montrent armés; leurs pirogues ne contiennent
que des provisions en petite quantité. En s’approchant
de nous , ils témoignent peu d’empressement
à monter à bord; ils semblent même attendre,
avant de s’y aventurer, que nous ayons fait preuve
d’intentions pacifiques.
Tout à coup, l’attention générale est détournée
vers un point tout nouveau : non loin de nous,
un bruit confus de voix glapissantes s’élève du sein '
de la mer, et se rapproche sans cesse. D’abord je
n’aperçois qu’une foule de têtes noires au-dessus
des eaux; mais bientôt je ne puis douter que
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