sultat des réactions chimiques de ses éléments , mais du déplacement
des mers par suite de variations dans l’ensemble
des gravitations célestes. La présence des fossiles terrestres proprement
dits, parmi les terrains d’alluvion, établirait suffisamment
la cause de ces grands flux et reflux, en supposant
même que l’on n’eût point trouvé, au-delà de la ligne polaire
arctique, les dépouilles d’animaux propres à la zone équatoriale.
Ce ne fut qu après plusieurs essais de la nature et comme après
plusieurs oscillations entre le chaos et la création, que la terre
fut apte à produire des végétaux plus compliqués et des animaux
aussi plus parfaits : l’homme se montre alors au sommet de la
série des êtres animés ; l’homme, ce terme de tant d’admirables
combinaisons, lesquelles ne pouvaient s’arrêter à la création
de la brute incapable d’apprécier et de profiter de l’ensemble de
tant de merveilles ! Or, partant de ce principe, chaque jour confirmé
par l’observation, que partout où naît un être quelconque
se trouvent d’avance toutes les conditions indispensablement liées
à l’usage de ses organes spéciaux ; il nous est impossible de
douter que les continents n’aient été les premiers points du globe
habités par les races humaines, parce qu’ils possédèrent les premiers
tout ce qui est nécessaire à l’éducation et à la prospérité
des institutions de l’homme : stabilité du sol, grands cours d’eau
à travers des plaines étendues, végétation puissante revêtant des
formes variées, animaux multipliés.
Non-seulement les îles manquent de tous ces avantages, mais
aussi, elles sont volcaniques ; à ce titre, elles appartiennent
à une date postérieure aux soulèvements actuel des continents :
il est donc certain que les races humaines étaient depuis bien
du temps répandues sur la surface des grandes divisions
terrestres, quand la plupart des îles apparurent au-dessus des
flots. D’a illeurs, en raison de son intelligence, l’homme ne
pouvait être prédestiné à vivre dans un espace si circonscrit ;
son destin ne pouvait s’accomplir que dans un milieu favorabie
à l’usage de cet organe, intellectuel qui en fait un être à
part. En lui donnant le jour, il fallait, pour être conséquent,
qu’il fût le lien entre le créateur et la création, que la nécessité le
rattachât à ces innombrables réciprocités de causes et d'effets qui
nous entourent. Pouvait-il donc en être de lui comme d’un simple
animal exclusivement propre à un petit nombre de localités?
Non, aussi s’est-il successivement approprié tous les climats , et
ce fut une conquête de son esprit : tellement, qu’il s’étendit d’autant
plus vite que le degré d’intelligence de sa race était plus
élevé : le nombre des besoins de cette l’ace fut pour ainsi dire mesuré
sur le nombre de ses capacités. Aussi, les contrées les plus
fertiles furent-elles mises à la disposition de l’intelligence la mieux
partagée : les terrains ingrats reçurent des habitants indolents,
d’une indifférence à toute épreuve, faciles, à contenter, mais
aussi d’une nature moins parfaite. Il y a un vide immense entre
l’homme et le singe ; à ce dernier s’arrête réellement la série animale,
mais on ne saurait se refuser à reconnaître que le premier
n’offre des modifications de formes physiques et d’entendement
qui constituent une véritable série humaine. Dans la suite des
temps les événements eurent une grande influence sur l’intellect
de l’homme : une foule de nécéssités contrarièrent ses projets,
le forcèrent à s’expatrier et à s’établir dans dés lieux moins féconds
que ceux dont il était originaire ; il plia sous le joug
des vicissitudes, mais il s’abrutit; en perdant le cercle de ses relations
il perdit aussi l’occasion d’exercer sa pensée ; de là sans
doute l’état sauvage où restèrent si longtemps tant de peuples :
de ce nombre furent les habitants des îles.
Quant à cette idée qui voudrait rattacher l’existence de ces
petites terres isolées au milieu de l’Océan à celle d’un continent
aujourd’hui submergé, c’est une explication commode pour se
rendre compte de la dispersion de la race humaine dans l’Océanie,
mais elle ne soutient point la critique. En effet, toutes les chaînes
découvertes dans les parties intertropicales de l’Asie orientale