trouvât rien qui pût l'offenser dans cette action. La plupart de
«es femmes étaient comme les hommes, admirablement bien faites,
mais d’une laideur trop prononcée, et leur costume en vérité était
par trop simple; auprès d’elles , les Noukahiviennes auraient pu
passer pour vêtues comme des prudes. Nous passâmes ainsi près
d’une heure à faire des échanges avec ces cannibales qui se montraient
de très-bonne foi et les meilleurs gens du monde. Leur
air sauvage et la manière dont ils étaient armés, étaient faits cependant
pour inspirer de la défiance. Comme le vieux Tanoa était
allé à bord de l’Astrolabe, nous n’avions rien à craindre. Il y resta
très-peu de temps, et y reçut, avec son indifférence habituelle,
les nombreux cadeaux qui lui furent faits. Le rusé Latchika dont
l’intelligence contrastait avec l’air abruti du vieux r o i , avait eu
soin de recommander qu’on ne lui fît pas de cadeaux devant Tanoa,
et avait donné par là une preuve de sa dépendance et de l’esprit
d’accaparement des chefs dans les Viti. 11 partit le soir même
pour Laguemba, tout fier d’emporter une médaille de l’expédition,
et avec l’intention de revenir bientôt avec des guerriers achever d'écraser
Nakalassê et de s’emparer de son île. Habile comme il était
à se faire valoir, nous étions certains que l’incendie de Piva ferait
du bruit dans les îles Tonga, et que nous y passerions pour de
grands chefs. Latchika nous avait parfaitement représenté un de
ces chefs de Tonga qui viennent guerroyer dans les V iti, s’y faire
une fortune, pour revenir ensuite briller dans leur pays. Nous
rentrâmes le soir à bord de nos corvettes, chargés de richesses et
de souvenirs......
(M . Dubouzet.')
Note 36, page 214.
Le Vitien est d’une taille peut-être un peu supérieure à la nôtre,
mais qui le cède à celle des peuples de Tonga et Samoa. Nous
avons bien remarqué quelques hommes d’une haute stature, mais
pas , à beaucoup près, aussi nombreux que dans les autres a r chipels.
Les Vitiens ont des formes un peu grêles , quoiqu’en général
assez belles ; mais nous n’avons pas rencontré ici un seul
de ces colosses aux proportions athlétiques qui ne sont pas rares
à Samoa et à Tonga, surtout parmi les chefs. La peau des Vitiens
est d’un brun jaunâtre analogue à la couleur de la suie ; c’est à
peu près la couleur des autres Polynésiens, si ce n’est qu’il est
plus foncé. Leurs cheveux sont crépus, mais moins laineux que
ceux du nègre; le fréquent usage de la chaux dont ils poudrent
leurs cheveux contribue aussi a ie s crêper. Leur n e z , souvent
aquilin, est rarement aussi épaté que celui du nègre. Les lèvres,
quoique assez épaisses, ne sontpresquejamais aussi saillantes que
chez ce dernier. Les yeux vifs et bien fendus n’ont point cette conjonction
jaunâtre qu’on remarque chez la race noire. Enfin, le
Vitien a un front assez relevé, quoique déprimé sur les tempes, et
de fort belles dents. Cette esquisse du type vitien comporte de
nombreuses exceptions, à cause du mélange des races dont nous
avons déjà parlé. On rencontre en effet ici beaucoup d’individus '
dont le teint n’est guère plus foncé que celui des autres Polynésiens
; presque toutes les femmes sont dans ce cas.
Le tatouage ordinaire trancherait peu sur une peau basanée,
aussi on pratique ici le tatouage par incisions ou brûlures qui
produisent des coutures en relief. Le cartilage de l’oreille est percé
d’un grand trou qu’on entretient et élargit au besoin avec une
feuille roulée. Le Vitien, nu de la tête aux pieds, cache pourtant
ses parties génitales sous une étroite bande d’étoffe qui, appliquée
sur le bas-ventre, et au-dessus des hanches , s’attache à !a
chute des reins, tandis que son long bout, passant entre les cuisses,
remonte en dedans de la ceinture pour retomber flottant jusqu’au
genou. Les ornements consistent en colliers de coquillages, dents de
poissons ou dents humaines; les plus estimés se composent d’une
rangée de petites dents de cachalot taillées en poire ; les bracelets
sont composés d’anneaux extraits d’une sorte de coquille à
IV. 25