octobre. ^ans fë récif servent d’entrée et de sortie au port de
Lebouka, qui est parfaitement abrité de la mer du
large.
Sur un morne élevé qui le domine sont groupés
plusieurs naturels qui nous considèrent avec curio-
p i. l x x x v i i i sité. Plusieurs Européens établis à Lebouka se présentent
à bord, un d’eux nommé Wippy, Anglais de
nation, habite les îles Yiti depuis treize ans, un autre
y est fixé depuis onze ans, un troisième depuis neuf, et
les autres depuis moins de temps encore.
L’heureuse position de ce mouillage, la sûreté de
son port, le besoin de faire de l’eau, tout me décide à
passer huit jours à Lebouka; j ’aurai l’avantage d’y,
étudier les naturels, tandis que tous les officiers de
l’expédition doivent y récolter une riche moisson en
observations scientifiques de toute espèce. MM. Coup-
vent et de Flotte sont chargés de faire le plan de la
baie.
Vers deux heures je fais armer ma baleinière, et en
compagnie du capitaine Jacquinot je vais faire un tour
à terre.
Nous nous dirigeons d’abord sur l’aiguade qui est
formée par un ruisseau rapide, d’une eau claire et
bonne. Mais son transport sur la chaloupe ne pourra
point se faire sans quelques difficultés, car la plage
est garnie de gros cailloux qui en rendent l’approche
peu praticable pour les embarcations. Il est vrai qu’un
peu à l’ouest du village se trouve une autre aiguade
dont l’eau est bien plus facile à faire, mais qui aussi
est bien moins pure, car elle sert aux ablutions quotîdiennes
des naturels qui vont y rechercher sa fraî-
cheur.
De l’aiguade au village il n’y a'qu’un pas. Une hui- pl- l x x x i x .
taine de cases le composent. Ces habitations sont
petites mais bien construites. Elles occupent un
espace assez resserré, clos par un mur en pierres
sèches, ce qui donne au village une apparence de
place-forte. Les habitants paraissent doux et paisibles
mais un peu importuns. Une poignée de blancs qui
vit au milieu d’eux paraît leur faire la loi. Ils ne sont
qu’une dizaine et ils ont pour eux seuls une quarantaine
de femmes au milieu desquelles ils vivent dans
l’oisiveté la plus honteuse ; ils ne reconnaissent aucun
chef et ils se haïssent mutuellement; ils paraissent
même n’avoir entre eux aucun des égards
que commande leur position actuelle. Aussi leur société
n’offre-t-elle aucune espèce d’intérêt. Ils me
confirment que le Conway, en partant de Lebouka, a
fait route directe sur Sydney, n’ayant plus que pour
un mois de vivres. L’unique navire de guerre qui
avait mouillé à Lebouka avant la corvette anglaise,
est le sloop Victor, et depuis lors cette baie n’aurait
été visitée que par quelques navires du commerce.
Un blanc se présente pour me conduire à Boua (ou
Sandal Bay), situé sur l’île Vanoua-Lebou, à environ
20 milles de Lebouka. Il me dit que le principal village
de cette baie se nomme Mambeo, et qu’il est assis
sur le bord d’une belle rivière, à un mille environ
du rivage. Il fixe le prix de son pilotage à 10 piastres
; mais comme il exige ensuite que je le ramène