chefs Tahofa et A fa , mes anciennes connaissances ,
étaient morts ainsi que Feka-fanoua.
Ces Messieurs donnent 6,000 âmes de population
au groupe entier de Vavao, et autant à celui des Ha-
pai ; ils m’annoncent en outre qu’ils sont sur leur départ
pour l’île Lefouga, où doit se tenir une assemblée
générale de la mission, et que même ils ne remettent
leur départ au surlendemain qu’afm de pouvoir me
recevoir à Nei-Afou le jour suivant.
La conversation étant tombée sur mes anciens
combats devant Mafanga, et sur l’un des principaux
acteurs, Simonet, je questionne M. Thomas sur le sort
de ce coupable ; il m’apprend que cet homme avait
une fort mauvaise conduite, et qu’il avait été obligé
de le faire punir. Depuis lors, Simonet ne cachait
plus sa haine contre M. Thomas, qu’il avait menacé
de tuer, et celui-ci l’en croyait parfaitement capable.
Enfin les missionnaires avaient porté plainte contre
lui au capitaine Drink-Water, lors de son dernier
passage, et celui-ci l’avait pris à son bord pour en débarrasser
l’île. Mais ensuite ce capitaine après l’avoir
fait servir quelque temps, l’avait renvoyé en déclarant
qu’il ne voulait pas se saisir d’un Français, d’autant
plus qu’il savait que des navires de cette nation ne
tarderaient pas à le suivre à Yavao. En conséquence,
M. Thomas, qui semblait effrayé des menaces de Simonet,
me prie instamment de l'emmener et d’en délivrer
le pays. Je me contente de lui répondre que je
n ’irai point m’emparer de cet homme à terre, mais
que je m en saisirai si le chef du pays le fait arrêter
et conduire à bord de XAstrolabe, pieds et poings liés. 183Sn
*. § 0 • . Octobre Lette assurance parait satisfaire ces messieurs, qui
ne tardent pas à quitter le navire.
A des chaleurs suffocantes succède un temps nua- 7.
geux qui nous amène des grains. La brise passe au
sud par fortes rafales. Cependant tous les travaux se
poursuivent avec vigueur, ainsi que les opérations
confiées à MM. Duroch, Dumoulin et Coupvent.
A neuf heures M. Jacquinot se joint à moi, et nous
allons faire une excursion à Nei-Afou. La baie dans
laquelle nous sommes mouillés communique par un
canal assez étroit mais très-sain, à un bassin assez
spacieux qui offre un excellent mouillage. Sur le
bord oriental et dans une position agréable, s’élève
le chef-lieu de l’île, d’une assez grande étendue. Sa
forme rappelle assez bien celle de quelques villages
malais. Une troupe assez nombreuse de naturels vient
nous recevoir au débarcadère et nous conduit chez
M. Thomas. Le bruit s’était déjà répandu que nous
étions ces mêmes hommes qui dix ans auparavant
avaient combattu Mafanga, aussi sommes-nous pour
eux un objet de curiosité, et c’est à qui viendra nous
contempler. Tout autour de nous, nous entendons
répéter ces mots : Tourvil, Yakinot, egui tehi tao te
Mafanga (d’Urville, Jacquinot, les grands chefs qui
ont combattu contre Mafanga). Malgré leurs nouvelles
croyances, on voit que ces peuples'ont conservé un
grand penchant pour la gloire militaire dont ils,
étaient jadis si enthousiastes; et plus d’une fois ils
ont donné des preuves convaincantes d’une valeur