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le passage du mouillage à l’île Pao, nous y arrivons
tous sans accident, seulement un canotier d’une des
embarcations de la Zélée, a été blessé légèrement par
la balle d un pistolet dont il était porteur et qui est
parti par accident.
Au moment où je mets Ifrpied sur l’île Pao, la population
entière est rangée en ordre sur la plage ; accroupie
et sans armes, elle observe un religieux silence.
Les chefs principaux se distinguent facilement à l’élégance
de leurs coiffures. Le fils de Tanoa, bien noirci
et bien luisant, se lient avec sa garde en première
ligne à son poste de combat. Il a la réputation d’être
un vaillant guerrier.
Latchika et Tanoa ensemble m’altendent quelques
instants ; je ne cesse d’observer ces groupes bizarres
qu’au moment où les détachements mettent le pied à
terre. Dès-lors nous nous dirigeons tous vers une
place dégagée, et dont un des côtés est garni de gradins
, sur lesquels-nous trouvons accroupis en silence
tous les principaux chefs et presque tous des vieillard^
à tête blanche.
tanoa s’assied lui-même à leurs côtés. C’est un
vieillard de 70 ans environs. Sa barbe est blanche
et très-longue, sa tête est couverte par un bonnet de
matelot en laine, et entourée d’une guirlande de fleurs.
Sa figure est sérieuse, sa taille petite , et il n’a pour
tout vêtement qu’une ceinture autour du corps. Il me
fait asseoir à ses côtés sur une espèce de petit banc en
pierres ; les officiers se rangent autour de nous et plus
loin le détachement se forme en ligne de bataille, aux
grands applaudissements de la foule entière du peu- |É f |
pie composée d’environ 2,000 personnes de tout sexe
et de tout âge.
L’aspect que présente cette assemblée est vraiment p i. l x x x i i i .
imposant. D’un côté ces sénateurs à têtes blanches,
de l’autre, ce peuple rangé en silence et observant
avec recueillement le résultat de cette conférence, et
enfin, au milieu, ces riches uniformes, ces jirmes
brillantes qu’éclaire un soleil magnifique, tout cet
ensemble forme un tableau qui ne manque ni de
noblesse, ni de grandeur.
Après avoir touché la main de Tanoa, je lui fais
dire par Simonet : Je suis venu à Piva dans le seul
but de tirer une vengeance éclatante de l’outrage
commis envers ma patrie par les gens de Piva, au détriment
d’un malheureux capitaine inoffensif; dans
cette occasion la conduite de Nakalassé a été infâme,
et au-dessous de tout ce que l’on pourrait en dire;
c’est pour ces motifs que nous avons entièrement
détruit Piva; la même peine sera réservée à quiconque
par la suite imiterait l’exemple donné par ce
chef coupable ; j’ai appris avec joie que Tanoa
avait blâmé le crime de Nakalassé, et que déjà il
avait tué et mangé le chef Mala et d’autres qui
avaient contribué au massacre du capitaine Bureau ;
je verrai toujours avec plaisir les Français vivre
en bonne amitié avec les habitants de Pao ; mais si
par la suite Ceux-ci devaient se montrer aussi les
ennemis de ma patrie, en France il y a des vaisseaux
bien plus grands que les nôtres, portant