dégradation à ceux du perfectionnement de sa race. Les insulaires
de l’archipel Dangereux sont aux Taïtiens , Tongaeris,
Sainoens, ce que sont les Brésiliens aborigènes1 aux Péruviens,
Chiliens et Patagons ; car, il faut le d ir e , en dépit des préjugés
accrédités, grâce aux trop fidèles copistes, les sauvages du Brésil
rappellent aussi parfaitement que possible les traits et toute la
constitution physique des habitants du Pérou, du Chili et de la
Patagonie; ils n’eu diffèrent, comme les Mangareviens des Sa-
moens,etc., que par un développement musculaire plus prononcé,
des formes plus élancées, l’air d’énergie et de férocité
sauvage et par une peau plus brune : toutes particularités dont
leur genre de vie vagabonde, au milieu des montueuses et difficiles
forêts du Brésil, rend complètement compte. Nous dirons
plus, les Mangareviens, tels que Beekey les observa il y a
douze ans, avaient, si nous en jugeons en nous aidant des bonnes
figures qu’il en fit graver, une ressemblance frappante avec les
Brésiliens. Aujourd’hui encore, malgré la civilisation, qui a déjà
un peu déguisé les indigènes de Manga-Reva , nos souvenirs se
sont souvent réveillés à leur aspect, et, à la planchette près que
nos anciennes connaissances brésiliennes se passent dans l’épaisseur
de la lèvre inférieure, nous trouvons entre ces hommes une
parfaite conformité de caractères extérieurs.
« Les habitants des îles Tonga sont en général grands, bien
« faits et proportionnés. Leur embonpoint est raisonnable, à
« quelques exceptions près parmi les chefs, sans offrir l’obésité
« naturelle aux Taïtiens , leur corps est beaucoup plus replet
« que celui des Zélandais — » Ce que le commandant Dumont
d’Urville vient de nous dire de Tonga est en tout applicable aux
insulaires de Vavao : seulement, nous ne partageons point son
opinion relativement à l’obésité des Taïtiens : ils n’en sont pas
plus incommodés que les hommes de Vavao et que ceux des
■ J ai vu douze de ces hommes en 1827, à H io -Jan eiro .
Hapaï; nous irons plus loin , et nous dirons : parmi les habitants
d’Opolou et parmi ceux de Vavao, nous avons vu un plus
grand nombre d’individus gémissant sous le poids de la turgescence
cellulo-graisseuse que nous n’en avons vus à Taïti..
Quant a la couleur, les Tonga ne différent en rien des Men-
doces. Les naturels de Taïti sont un peu plus foncés; mais leurs
femmes, ainsi que leurs Arées toujours quelque peu efféminés,
quoique ressemblant a des athlètes par la taille, se drapent avec
soin et acquièrent une teinte jaune clair égale à celle des Nouka-
hiviennes de distinction , lesquelles s’enduisent soigneusement
d’une couche préservatrice d’huile de coco. Ces observations
prouvent combien cette teinte, plus ou moins foncée, dépend des
habitudes de ces peuples. Si des noirs aborigènes se sont primitivement
croisés avec les Polynésiens, il faut, afin d’être conséquent,
admettre la même supposition pour les Américains et surtout
pour les Péruviens des plages sablonneuses et désertes de la
Bolivie il On serait ainsi conduit, insensiblement, à penser que
le Créateur ne laissa échapper de ses mains que deux races , la
blanche et la noire. Ce n’est point ici le lieu de discuter cette
belle et intéressante question.
Les Samoens observés par nous, dans leurs pirogues et à terre,
étaient grands et généralement fort gras; la teinte de leur peau se
rapproche beaucoup de celle des Mangareviens ; ce qu’il faut attribuer
à leurs goûts navigateurs ; le séjour dans leurs tongui-
a g u i1 s’allierait mal avec les manteaux de tapa, car cette étoffe ne
résisterait pas à l’eau et serait, dans les pirogues, un vêtement
fort embarrassant. Ils sont incontestablement les moins bien faits,
des hommes rouges de la Polynésie équatoriale, les Havaï exceptés,
car nous ne les avons point vus. L ’obésité est chez eux très-
commune. Leur figure s’aplatit un peu, leurs pommettes s’écar-
1 La Icinle de le u r p e a u csl t rè s - foncée.
2 P i r o g u e à voile.