tressés, frisés chez quelques-uns, sont relevés de chaque côté de
la tète en deux touffes attachées par des lanières de tapa. Quelques
vieillards portaient un petit bonnet de feuilles de cocotier.
Ils vont entièrement nus, quelques-uns seulement ont un maro
d étoffes blanches. Tous ont les lobes des oreilles largement percés
de manière à y loger un ornement formé d’une grosse dent de
porc dont l'extrémité antérieure est fixée à la base plate et arrondie
d’un cône blanc. L’extrémité postérieure, ornée d’une figure
humaine sculptée, se relève derrière l’oreille.
Leur peau n’est pas plus foncée que celle des Arabes, quoique
au premier coup d’oeil le tatouage les fasse paraître presque noirs.
On commence à tatouer les jeunes gens à i 5 ans, chaque année
qui suit doit ranimer leurs souffrances. A trente ans ils ne sont
pas encore entièrement tatoués. Après l’opération, le membre enfle
considérablement, les signes se couvrentde croûtes qui se sèchent
bientôt, et en tombant laissent voir le dessin pur, et d’une couleur
d’un beau bleu. Ce tatouage produit un très-bel effet, et il
est rare de le rencontrer aussi complet, aussi étendu, et aussi
parfait que chez les Nouka-hiviens......
Le 28 au matin , Mateomo, le tayo du lieutenant, descendit à
ten e avec nous et nous conduisit chez son frère Vavanouha^ jeune
homme d’une vingtaine d’années à la figure douce et souriante.
Nous entrâmes dans sa case qui était pavée de galets et un peu
plus ornée que celles que nous avions vues jusqu’alors. L’inté-
1 ieui était divisé en deux parties par une cloison, des nattes couvraient
le sol et le long des murailles étaient rangés plusieurs
fusils de munition en assez bon état. Deux grandes corbeilles
étaient suspendues au milieu et nous lui demandâmes à voir ce
qu’elles contenaient ; il satisfit aussitôt notre curiosité. Elles renfermaient
ses ornements de chef qu’il revêtit à notre prière. Il mit
d abord sur sa tête une énorme coiffure demi-circulaire, ayant au
moins deux pieds de rayon; le centre était formé par une espèce de
diadème, entièrement recouvert de grains rouges, qui s’arromdissait
au-dessüs du front. Le reste était une large surface-noire,
lisse et luisante, composée de plumes de coq superposées avec art
comme les tuiles d’un toit. Pour former ce diadème gigantesque,
on n’avait choisi que les plus longues plumes de la queue, toutes
d’une même nuance noire avec des reflets métalliques.
| Les ornements d’oreilles ordinaires furent remplacés par deux
petites planchettes peintes en blanc, allongées, ovales, placées devant
les oreilles et élargissant la figure. Il attacha ensuite à ses
jambes et à ses bras des bracelets de touffes de cheveux ; une
large draperie d’un rouge éclatant, jetée sur ses épaules, comme
un manteau, compléta ce costume sous lequel Vavanouha était
bien le sauvage le plus pittoresque que l’imagination puisse se
créer. Il tira de sa corbeille un papier plié en quatre, qu’il nous
présenta; c’était un certificat écrit en anglais, dont voici la traduction
littérale : « Nous Charles, baron de Thierry, chef souverain
« de la Nouvelle-Zélande, roi de l’île Nouka-Hiva, certifions avec
« plaisir que Vavanouha, chefdePortua, est l’ami des Européens
« et s’est toujours conduit à notre égard avec décence et bienveil-
« lance. En conséquence de quoi, nous le recommandons aux
« bons soins de tous les navigateurs qui peuvent demeurer ici en
* toute sûreté.
« Donné à Port Charles (Anna-Mrtria), île Nouka-hivn,
« le 28 juillet 1835.
« Charles, baron de Thierry. ,
« Par le Roi.
« Ed. Fergus , colonel, aide-de-camp. »
Heureux roi ! heureux sujets ! Sa majesté le baron Thierry
avait fait dans le cours de son règne une courte apparition à
Nouka-hiva, sans doute pour percevoir quelques tributs de cochons
et autres rafraîchissements, à l’aide d’objets d’échange. Au
bout de quelques jours il était reparti, laissant ses sujets tranquilles
et heureux quoique sans charte et sans constitution , et