sont peuplés de toutes ces belles coquilles qui séduisent l’oeil par
leurs couleurs variées et leur poli, telles que porcelaines, olives,
cônes , v is , etc.
Dans les ruisseaux se trouvent des néritines, des navicelles, des
mélanies, une très-grosse chevrette que les naturels nomment
o-oura , et un poisson du genre bu les qu’ils nomment nato.
Nous ne pûmes rencontrer la belle Hélix Taïtiana, mais en
revanche nous découvrîmes, sous les pierres, deux petités espèces
nouvelles di Hélix fort singulières.
Les insectes de tous les ordres y sont fort rares, et ne sont point
remarquables par leur taille ou leurs couleurs. On trouve, sous
les pierres, beaucoup de scorpions longs d’un pouce et demi, ils
ne paraissent point dangereux, les enfants qui nous accompagnaient
nous en apportaient à pleines mains.
(M . Jacquinotjeune.')
Note 16, page 85.
La veille, le docteur Jacquinot, le dessinateur et moi, nous
avions formé le projet de faire une course au P ih a , curiosité'très-
vantée de Taïti.
De bon matin nous partîmes donc par un temps magnifique,
la carnassière sur le dos en guise de besace; seulement des
nuages enveloppaient encore le sommet de l’Oréana ; vers le pied
duquel nous allions nous diriger.
11 faisait un frais délicieux. La vue de cette belle baie de .Mata-
vai, avec ses massifs, ses grands cocotiers, ses cases.'d’où s’élevaient
quelques nuages defumée,ses grandes montagnes s’élevant
par étages, la base imposante de l’Oréana supportant sa couronne
de nuages ; tout cela nous avait mis en joyeuse humeur et avait
excité en nous une ardeur sans égale. Après avoir respiré une lé- -
gère vapeur de Rhum, comme le disait l’artiste, nous allumâmes
nos pipes, et quelques instants après nous étions débarqués sur la
plage; car je viens de vous faire faire sans vous en douter, la
traversée du bord à terre.
Nous prîmes de suite un guide pour le Pih a , un grand et fort
gaillard, sur le dos duquel le docteur installa une effrayante boîte
en fer-blanc; le jeune homme de la veille , celui qui voulait être
mon tayo, voulut aussi venir. Je lui passai ma carnassière et le
dessinateur, a son tour, remit la sienne à un petit garçon fort
éveillé, mais que la charge gêna plus d’une fois en rou te , car
elle lui battait sur les jambes. Nous-voilà donc chacun avec notre
guide , ou plutôt avec notre porteur. Ils eurent soin de nous répéter
plus d une fois en route le mot Moui, et le mien choisissait
toujours le moment où, me portant sur ses épaules, il se trouvait
presqu’au milieu de la rivière.
Après avoir suivi quelque temps le bord de la mer, nous nous
enfonçâmes dans les bois, au travers d’un sentier régulier, traversant
le plus souvent des massifs de goyaviers. Décidément le
goyavier est l’arbre le plus répandu à T a ït i, on le trouve en bois
fourré partout; il est peu élevé ( i 5 à 20 pieds ) et forme des,petits
taillis, comme les saules de nos îles ; la feuille ressemble assez
.à'celle du poirier, un peu plus grande peut-être, et le bois
se rapproche pour l’aspect de celui du platane lieerier, qui est extrêmement
lisse etd’une apparence très-dure et tout-à-fait étrangère
; aussi je ne l’ai comparé au platane qu’à cause de scs plaques
de diverses couleurs. Le fruit est ovale et jaunâtre, et quand
on l’ouvre , l’intëi’ieur est d’un rouge appétissant, rempli d’une
quantité de pépins assez gros, ressemblant à ceux des oranges.
J’en mangeai plusieurs dans la matinée, et ils me parurent délicieux
; ils étaient à la glace; on eût dit, quand le fruit était pelé,
une glace aux fraises. Il s’en faut de beaucoup que je les aie
trouvés toujours ainsi.
Sur la lisière des bois nous vîmes quelques cakeorines ( arbre
appelé bois de fer). Les naturels l'appellent 10a. C’est un arbre qui