La terre du vent me paraît se rapporter à Raraka,
découverte en 1821 par le capitaine Ireland. Nous
l’approchons à 5 ou 6 milles sous le vent. Comme
toutes les îles de cet archipel, elle est basse, boisée,
mais au milieu de beaux bosquets d’arbres, elle laisse
voir des espaces entièrement nus.
À 7 heures je fais route au S. S. 0. et S. 0. sur
l’ile Wittgenstein ; une petite goellette passe près de
nous faisant route à l’est. Je présume qu’elle appartient
à quelque aventurier qui fait le commerce des
perles, de l’écaille, et peut-être des cochons, avec
les habitants de l’archipel Pomotou.
Il est près de 9 heures lorsque nous découvrons les
plages basses de Wittgenstein, et nous prolongeons
ensuite la partie 0. N. 0 . à 2 ou 3 milles au plus.
Cette côte est un grès blanc, bordée d’une forêt
d’arbres au milieu desquels on distingue quelques
touffes de cocotiers. Un large lagon occupe l’intérieur
de cette île , et dans les brisants de son extrémité
ouest, il semble exister de larges passes praticables.
Mais nous ne voyons ni cases, ni habitants.
Nous avons à peine doublé la pointe ouest, que
la mer devient houleuse, et que de longues lames
très-hautes viennent du sud se briser avec fracas sur
les récifs de cette partie de l’île.
Je dirige ensuite la route à l’ouest de l’île Elisabethr
qui se compose d’un petit groupe d’îlots enchâssés
dans un énorme récif, et à 6 heures du soir, nous
nous trouvons à 2 milles au plus de l’île Greig, terre
basse et bien couverte d’arbres d’une belle venue.
Sur le récif qui forme une ceinture peu éloignée de
la côte, les longues houles du sud s’élèvent en brisant
à une hauteur prodigieuse. La vue de ces récifs
menaçants rappelle à chaque instant de quelle vigilance
doit toujours s’entourer le capitaine qui navigue
dans ces parages dangereux; la moindre négligence
pourrait le jeter sur un de ces écueils si
nombreux, et son na vire serait détruit en peu d’instants.
Le travail que je m’étais proposé de faire dans
l’archipel Pomotou finissait là, et dès-lors je ne
m’occupai plus que de rallier Taïti par la voie la plus
directe.
Une belle brise de l’est au S. E. nous fait filer
rapidement, et le 9 au matin, suivant mon attente,
les terres de Taïti se déroulent devant nous. Un
brouillard épais les enveloppe, et nous ne voyons
d’abord à l’horizon qu’une longue bande noire surmontée
par des nuages qui nous masquent les
sommets.
A mesure que nous avançons, la brume se dissipe,
et nous admirons les belles plages et les riants coteaux
de cette île délicieuse. La pointe Vénus qui
étend ses touffes de cocotiers bien avant dans la mer
m’indique le lieu où je veux laisser tomber l’ancre.
Je sais bien cependant que Matavai déshérité de son
ancien privilège, a depuis quelque temps cédé à
Papéïti l’avantage d’attirer les navigateurs sur sa rade.
Papeïti, en effet, est le siège des principaux établis