de choses près les premiers serviteurs des missionnaires.
En nous retirant, nous saluons M. Thomas et ensuite
nous allons seuls faire un tour dans les rues de
Nei-Afou et dans les environs. Nous visitons une
grande partie du village, jetant de temps à autre un
coup d’oeil dans l’intérieur des habitations.
Nous venions d’examiner plus attentivement un des
enclos qui entourent les maisons, sa belle tenue annonçait
qu’il appartenait à un homme d’importance,
et nous allions nous retirer, lorsque un jeune garçon
sortant de la case nous accoste et nous fait signe de
vouloir bien entrer. Dans un cabinet reculé et sur une
espèce de lit de repos, je vois tout d’abord un naturel
d’un certain âge, mais cependant de bonne mine qui,
à mon approche, se lève sur son séant et me tend la
main avec un air de connaissance. Après l’avoir bien
envisagé, je reconnais le chef Tonga qui en 1827 avait
accosté Y Astrolabe près de l’île Onghea-lebou dans
l’archipel Yiti, et qui nous accompagna ensuite dans sa
pirogue jusqu’à Laguemba où le vent nous sépara. Je le
désignais alors sous le nom de Mouki, et M. Guilbert,
avec raison, le nommait Vougui; c’est en effet son
nom véritable. Yougui avait déjà visité Vavao dans le
temps du règne de Finau, et à cette époque il avait
une grande réputation d’homme à bonnes fortunes
près des femmes. Il a conservé cette tournure
élégante et surtout cette exquise politesse qui appartient
à sa haute naissance, car il est l’allié des Feta-
Fei. Yougui est très-flatté de ma visite, mais surtout
parce que je me le rappelle bien , et que je lui retrace
les divers incidents de notre entrée aux îles Viti.
En apprenant que je cherche un pilote pour m’y accompagner,
il témoigne le plus vif regret que sa santé
ne lui permette pas d’y retourner, mais le pauvre
diable est étendu sur son grabat, et il m’explique
qu’il s’était, par accident; ouvert la cuisse avec une
hermine tte.
Il remplit les devoirs de l’hospitalité avec un grand
empressement, et même il nous offre à déjeûner, ce
que sans doute avait oublié le roi lui-mêmé. Nous le
remercions et n’acceptons que quelques cocos, qu’il
envoie chercher sur-le-champ dans son beau verger.
Enfin nous quittons ce bon insulaire, charmés de ses
manières, de son accueil, et surtout de la joie qu’il a
témoignée en nous revoyant après une si longue
absence.
Mackensie nous conduit ensuite sur un petit coteau,
à un mille au plus du village, d’où notre vue
domine à la fois sur le beau bassin de Néi-Afou, et
sur une baie très-étendue qui lui est contiguë dans
l’est. C’est un coup d’oeil merveilleux que celui de
ces beaux canaux où la mer entre et vient découper
le groupe Hafoulou-Hou en une infinité d’îles et de
presqu’îles.
Il est surtout fort remarquable que, bien que les
terres de Yavao soient assez basses, tous ces caûaux
soient généralement profonds.
En traversant le village pour regagner notre canot,
nous apprenons que Simonet vient d’être arrêté, ga-
IV.
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