Octobre. ;a ce moment nous étions dans le canal qui sépare
l’île Ronde de la chaîne des îles Saor; 3 à 4 milles seulement
nous séparaient de la première, tandis que
nous étions a 5 ou 6 milles des dernières.
L’île Ronde n’est qu’un îlot de 100 à 120 mètres de
hauteur; son sommet est couvert de broussailles mêlées
de quelques arbustes assez maigres ; ses bords
sont escarpés et ne présentent pas plus d’un mille de
circuit. La mer vient briser à la côte et semble en interdire
rapproche à toute espèce d’embarcations.
Les Saor se composent de sept petites îles de grandeurs
différentes. Une d’elles est surmontée par une
montagne en pain de sucre peu considérable. Les
plus éloignées paraissent à peine sur l’horizon et doivent
se rapprocher beaucoup des îles Bivoua dont j ’ai
fixé la position dans mon dernier voyage. Les plus septentrionales
sont élevées, elles offrent quelques belles
plages de cocotiers et semblent liées aux îles basses.
Une ceinture de récifs défend leurs environs.
A huit heures l’île Ronde nous restait de l’arrière à
7 milles de distance, et nous avions dépassé le travers
de la pointe la plus orientale des îles Saor. Dès-lors
nous rentrions dans la mer libre et nous quittions
définitivement le groupe des îles Yiti après l’avoir traverse
dans toute sa longueur.
Tandis que favorisés par une brise ronde d’est nous
nous éloignons rapidement de cet archipel, nous
allons essayer de récapituler ce que nous avons
aperçu des moeurs et des habitudes des habitants.
L archipel des îles Yiti est un des plus vastes et des
plus nombreux de l’Océanie. La grande quantité d’îles
ou îlots qui le composent, et surtout la multiplicité
des écueils qui encombrent ses mers et souvent réunissent
un grand nombre de terres, naguères séparées
par les eaux, en font un des points les plus dangereux
pour la navigation.
Sa découverte est due à Tasman, qui en février
1643 aperçut les îles septentrionales auxquelles il
imposa le nom de Iles du prince Guillaume et de bas-
fonds de Heemskerk. Bien longtemps après lui, Cook,
en 1773 et 1777, Blighen 1789, Barber en 1774, et
enfin Wilson en 1797 y marquèrent leur passage par
des découvertes. Ce dernier fut le seul qui laissa quelques
traces de sa navigation en dressant une carte
assez incorrecte sur laquelle il traça son itinéraire.
Déjà depuis longtemps un grand nombre de navires
de commerce allaient rechercher dans ces îles le bois
desandal qu’elles produisaient en abondance, lorsque
les géographes ne savaient encore rien sur cet archipel.
En 1827 Y Astrolabe en fit la première une reconnaissance
suivie, et compléta la découverte de toutes
les terres importantes qui font partie du groupe.
L’archipel Yiti se compose principalement de deux
grandes îles, Yiti-Lebou qui en occupe à peu près le
centre, et Vanoua-Lebou qui le limite vers le nord.
Ensuite viennent un grand nombre d’îles dont quelques
unes sont encore importantes et par leur étendue
et par leur population.
Toutes ces terres sont généralement hautes, médiocrement
boisées, et paraissent d’une grande fertilité .