sienne, il irait immédiatement la réduire en cendres.
Au besoin, Tanoa peut mettre sous les armes jusqu’à
mille combattants.
Je fais ensuite cadeau à Tanao de deux bouteilles
vides, qu’il convoitait depuis longtemps, aussi, charmé
de ma générosité, lorsque je lui propose de me
suivre à mon bord, accepte-t-il sans hésiter.
Comme nous nous acheminons vers le rivage, un
naturel vient nous annoncer qu’un officier avait eu le
bras traversé par une balle. M. Ducorps, en effet,
avait failli devenir victime d’un accident affreux : son
fusil était parti brusquement ; mais la balle, au lieu
, de lui percer le bras, n’avait fait qu’effleurer sa manche.
Cependant, afin d’éviter de nouveaux accidents
semblables, je convins avec M, Jacquinot de nous
retirer immédiatement.
Tout ce que j ’apprends de Tanoa concernant Naka-
lassé, est que son véritable nom est Takala-Salé. Il se
fait aussi appeler Moumou-Matoa, parce que c’est
ainsi que Se nommait un grand chef, son ennemi,
qu il est parvenu à tuer et qu’il a ensuite mangé. On
m assure que Nakalassé a encore d’autres noms de
guerre, ce qui explique pourquoi, dans les renseignements
recueillis par M. Barrot, on remarque une si
grande confusion dans les noms propres. Nakalassé
est borgne; sa réputation militaire est si bien établie,
que les naturels le comparent au grand Tahofa-Nao,
roi de Yavao. Du reste, il est l’ennémi juré des Européens.
Latchika et Tanoa s embarquent avec moi dans ma
baleinière. Ensuite je donne le signal du départ, et
tous les canots me suivent. Durant toute la traversée
je remarque que Latchika a une conversation suivie et
très-animée avec Tanoa, celui-ci paraît très-joyeux
et d’après les noms propres que je leur entends prononcer,
il m’est facile de reconnaître que Nakalassé,
humilié et vaincu, fait le sujet de leur hilarité.
En accostant le bord de Y Astrolabe, je remarque
que les naturels s’accroupissent aussitôt qu’ils aperçoivent
leur chef dans ma-baleinière. C’est un signe
de respect et de soumission qu’ils doivent au roi, et
qu’ils se gardent d’oublier, car probablement Tanoa
se chargerait de le leur rappeler de manière à ce
qu’il ne leur prît plus envie d’y manquer.
Je fais ensuite cadeau à Tanoa et à Latchika d'étoffes
blanches, de mouchoirs jaunes, de grands couteaux
voiliers, et de deux médailles de l’expédition.
En même temps, je fais expliquer à Latchika quelle
est l’importance de ces médailles, lui ajoutant qu’elles
avaient été frappées pour désigner aux navires qui
passeront dans la suite par les îles Viti que ceux qui
les ont sont les amis des Français. Celui-ci se hâte de
donner ces explications au roi Tanoa, et dès-lors ils
semblent attacher à ces objets une grande importance.
M. Jacquinot veut bien rester à dîner avec moi,
nous avons pour convives Latchika et Tanoa, qui du
reste se montrent fort discrets à table et s’y conduisent
fort bien.
Latchika me fait ensuite amicalement ses adieux,
et il retourne avec Tanoa sur l’île Pao. Celui-ci me