sur l’île Obalaou, je ne puis accepter son marché;.
Je dirige ensuite ma promenade le long de la plage
qui n’offre rien de remarquable. On n’y voit pas: de
coquillages, les cochons sont rares et il ne parait
pas y avoir de poules. Seulement de'distance en
distance on rencontre quelques petites plantations
d’ignames et de taro qui. semblent former les principales
ressources des habitants. A mon arrivée à
bord, un chef de bonne mine et d’une figure douce,
se présente à moi comme substitut de Toui-Neou pendant
son absence ; mais tout en l’accueillant avec politesse
, je borne là mes avances ; car je sais que souvent
ces naturels astucieux font acte d’une autorité
qu’ils n’ont pas, uniquement pour profiter des cadeaux
que l’on fait d’ordinaire aux chefs principaux.
Du reste, je l’adresse à Mafi qui lui fait les honneurs
de ma part. Bientôt même entre ce chef qui se
nomme Lacedai et mon matelot tonga, s’établit une
grande amitié, bien que Mafi ne pousse pas la confiance
jusqu’à coucher à terre avec son ami dont il
redoute surtout l’appétit pour la chair humaine ;
cependant, dès le lendemain il va s’établir pour la
journée, sous la case de Lacedai dont il partage les
repas.
Pour moi, désireux du repos dont j ’ai grand besoin,
après des traversées aussi fatigantes, je passe
ma journée à bord où je reçois bientôt la visite de
l’ex-matelot David Wippy, aujourd’hui paisible habitant
du village de Lebouka.
Wippy me présente un imprimé en anglais, revêtu
d’un mauvais cachet eh cire, signé par Dillon, qui
prenant le titre de consul de France aux îles Yiti, recommande
son protégé comme un homme parfaitement
au courant du langage et dès moeurs des naturels
de ces îles. Dillon certifie, en outre, que Wippy
connaît parfaitement toutes les îles qui forment l’archipel
Yiti, et qu’il est bien au courant du pilotage.
Je souris en lisant cette pièce de l’invention du capitaine
Dillon, et des titres qu’elle confère et à son possesseur
et à son donateur. Du reste, Wippy est en
effet depuis 13 ans parmi les sauvages, il ne manque
ni d’activité, ni d’intelligence et c’est là à mes yeux
la meilleure recommandation qu’il puisse m’apporter.
Il m’apprend que le navire la Conception dont je
recueillis quatre matelots lors de ma première campagne
en 1829, n’avait point naufragé comme je le
croyais alors. Ce fut l’équipage lui-même qui massacra
d’abord le maître de manoeuvres, puis il égorgea
le capitaine et son second. Ce navire qui était monté
par cinquante hommes, était mouillé à Pao au moment
du massacre. Wippy m’assure qu’il se trouvait
à bord au moment même où le capitaine fut tué.
Après cette scène de carnage, il ne se trouva plus
personne dans cet équipage rebelle qui fût capable
de conduire le navire; et par suite la Conception
toucha sur des rochers, et la mer en fit bientôt
disparaître les débris.
Quelques instants après l’arrivée de Wippy, un
1888.
Octobre.