laises qui terminent dune manière si uniforme toutes
les cotes des îles Vavao. Une assez belle montagne en
forme de table, peut être un excellent guide au milieu
des canaux sans nombre qui sillonnent cet archipel,
et elle est d’autant plus facile à remarquer qu’elle
s’élève à peu près seule au milieu de ces terres uniformes.
Il était près de onze heures, lorsque entièrement dégagé
des terres, je renvoie le pilote, et je serre le vent
pour gagner les îles Hapai.
J établis les missionnaires avec leurs familles et
leurs bagages dans ma chambre que je leur abandonne
entièrement, me réservant ma dunette dans laquelle
du reste j ’ai établi mon domicile pendant notre
navigation tropicale. Quant aux naturels qui composent
leur suite, le grand canot sur lequel on a établi
une tente pour la nuit, leur servira de demeure.
Parmi ces derniers, M. Thomas me présente un Kai—
Yiti nommé Lea, et me l’offre comme pilote. C’est, me
dit M. Thomas, un très-bon chrétien, sachant à peu
près lire; il a en effet beaucoup d’attentions pour les
missionnaires, je le crois même intelligent, et d’un
naturel excellent ; mais après l’avoir interrogé je vois
qu il ne connaît pas les îles Yiti, d’ailleurs il désire
rester à Laguemba, et pour toutes ces raisons réunies
il ne saurait me convenir.
Le grand Seteleki-Afou fait aussi partie de la suite
apostolique ; il paraît beaucoup plus intelligent, et je
voudrais bien avoirpour les îles Viti un homme de cette
trempe. Il m assure, et je le crois volontiers, qu’il
n’était pas à Tonga-Tabou lorsque je fis la guerre à
Mafanga, et qu’il habitait alors les îles Hapai.
Notre nouvel enrôlé d’hier, Map est arrivé exactement
ce matin au moment de l’appareillage, mais en
voyant tous nos passagers, il s’est aussitôt caché
dans la cale de peur d’être découvert. Simonet, sans
doute pour se rendre intéressant, déclare que Mail
est un mauvais sujet qui a déjà été fouetté deux
fois pour avoir cherché à enlever des canots. Ce témoignage
me paraît très-suspect, toutefois nous surveillerons
avec soin ce nouvel arrivé.
La journée du 10 nous amène en vue du haut piton
de Kaa, des terres élevées de Tofoua, et enfin de l’île
Latài, qui déjà cette nuit nous a donné un instant
d’inquiétude. Les terres de Yavao ont disparu.
La mer qui est dure et l’allure de nos corvettes (au
plus près du vent) fatiguent nos passagers, et surtout
nos passagères. M. Thomas m’apprend que les missionnaires
établis aux îles Viti, sont MM. Cargill sur
l’île Laguemba, et M. Cross sur l’île Rom ou Leva.
D’après M. Thomas il y aurait un mouillage sur cette
dernière île et le chef, qui aurait beaucoup d’influence
sur celui de Pao, serait bien disposé pour les missionnaires
et les Européens en général.
Vers midi, nous reconnaissons les îles Kaa, Fo-
toua, Tofoua, Niniva, Méama et Lefouga dont les
noms nous sont du reste bien correctement indiqués
par Seteleki-Afou. Celui-ci m’apprend que l’incendie
qui a dévoré dernièrement l’église de Néi-Afou,
était l’oeuvre d’un Espagnol, et le résultat de sa haine
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