quils ont rarement occasion d’entamer et qu’ils amassent sans
peine........
Parmi les mots des chants des jeunes filles, il y en avait quelques
uns qui revenaient fre'quemment. Les suivants étaient répétés
très-souvent. Une femme criait à pleine voix am i, les autres
répétaitnt en choeur ariri. Ce cri était répété une troisième fois,
puis toutes ensemble criaient de tous leurs poumons parakio-, une
espèce de récitatif suivait toujours ces grands cris en choeur, puis
on continuait d autre cris, toutefois celui-ci a été le plus fréquemment
employé.......
Les Nouka-hiviens paraissent se soucier fort peu des missionnaires.
Laissez-nous comme nous sommes, disaient-ils lorsqu’on
les pressait de se faire chrétiens, les missionnaires ne peuvent-
ils pas demeurer parmi nous sans détruire nos usages. Les Hapas
et les Taipiis ne nous attaqueraient-ils pas, s’ils nous voyaient
changer nos coutumes.....
Les habitants de Neuka-Hiva ont soin de ne pas allumer de
. feu dans leurs demeures ; ils cuisent leurs aliments sous une
hutte basse, ouverte des deux côtés , et dont la fumée s’échappe
sans obstacle. Le fruitàpain etle poisson formentleur principale
nourriture, quoique les cochons soient nombreux. Mais ils sont
taboués depuis une grande fête où le nombre de cochons tués
ayant été considérable , on leur a imposé le tabou sacré, pour
que leur multiplication ne s’en ressente pas. C’est la première fois
que nous voyons les effets du tabou ; la rigueur des privations
qu’il impose indique sa puissance sur l’esprit des indigènes. Il
s’applique à une foule de choses; si un homme est tabou pour
une femme, elle ne peut pas mettre sa main sur sa tête, ni manger
avec lui ou en sa présence.Les pirogues sont tabouées pour
les femmes, elles ne peuvent pas y monter. C’est pourquoi nous
les avons vues venir à bord à la nage, tandis que les hommes se
trouvaient dans leurs pirogues. Certains oiseaux, certaines plantes,
certains poissons, etc., sonttabous, les naturels n’ytouchent
pas.Lorsque les femmes se sont jaunies avec la racine ducurcuma
et l’huile de coco, qui servent à faire cette puante pommade, elles
paraissent être tabouées jusqu’à ce qu’elles aient été se laver dans
l’eau des ruisseaux ou de la mer, ce qu’elles font fréquemment
plutôt à cause de la chaleur que par le désir de se rendre propres......
Dans une partie de la vallée, près du figuier colossal, se trouve
un rocher mis à nu à la suite d’un éboulement ou pour toute
autre cause. Les naturels paraissent y attacher des idées superstitieuses,
car ayant voulu m’y asseoir, ils mirent beaucoup d’empressement
à m’en éloigner. Autant que j’ai pu le comprendre
c’était la demeure d’un atoua, et c’était tabou. Du reste, comme
je me suis aperçu quelques instants après que mon mouchoir était
perdu, il est fort possible que les gestes et les discours de mes
voisins n’eussent d’autre but que celui de me voler.
Six tribus différentes se partagent l’île Nouka-Hiva, qui a
donné son nom à l’archipel : ce sont les Nouhiva ou T a ïhabitant
la baie où nous sommes mouillés , les Hapas et les Taipiis dans
l’est de la baie de Nouhiva, les Ataioa habitant la baie Tchicha-
koff, et enfin les Kai-Homé et les A/oupa, dont les villages se
trouvent dans la partie nord de l’île. Des guerres continuelles,
entremêlées de trêves momentanées divisent ces tribus. Les Nouhiva
et les Hapas sont particulièrement en guerre avec les Taipiis.
Il y a cinq semaines, une femmes de la tribu des Hapas a été
mangée par les Taipiis , et ici on peut voir les restes d’un grand
festin qui a eu lieu il y a environ deux mois, dans lequel un
homme, une femme et une petite fille de la tribu des Taipiis ont
été dévorés......
M. Le Guillou avait été bien reçu chez les Hapas, et rien ne
lui était arrivé qui pût donner lieu aux bruits qui avaient couru.
En traversant le sommet de la montagne, il avait rencontré plusieurs
sauvages qui, à sa vue, firent éclater des transports de
joie. Plus loin il rencontra des femmes qui montaient aussi et