« à l’exception de deux matelots qui se trouvaient
* à terre.
« Dans ce moment, un des naturels qui travaillait
« à bord comme matelot, et que le capitaine affec-
« tionnait beaucoup, parce qu’il parlait un peu le
« français, s’approcha de lui et le prévint qu’une pe-
« tite goélette, conserve de l’Aimable-Joséphine, et
« qui était à 1 ancre a peu de distance du brick, était
« pleine d’eau et qu’il serait urgent qu’on allât la vi-
« der. Le capitaine se leva et avec sa longue-vue, il
« se mit en devoir de reconnaître l’état de la goélette.
« Au même instant, le naturel le frappe d’un bâton
« pointu et il tombe roide-mort, la tète percée de
« part en part. La longue-vue tomba à la mer. En
« meme temps, les autres naturels se précipitèrent
« sur 1 avant du navire et massacrèrent le second,
« Edouard et Georges ; le cuisinier et Munos se sau-
« vèrent dans le logement des matelots et de là, ils
« demandèrent qu’on leur accordât la vie; sur quoi
« les naturels leur crièrent qu’ils pouvaient monter,
« qu on ne voulait pas les tuer. En effet, ils montè-
« rent et on ne leur fit aucun mal. Deux heures après,
« le roi de Bivoua, Malo, vint à bord, il parut très-
« triste en voyant le capitaine étendu dans son sang,
« car il l’aimait beaucoup; mais Misi-Mara était plus
« puissant que lui. Il envoya Munos et le cuisinier à
« sa maison; pendant la nuit, on commença à piller
« le navire; quatre chaloupées d’écaille furent dé-
« chargées ainsi que tous les objets précieux. Le len-
« demain Mara vint à bord du brick ; il fit venir Mu-
<x nos, le cuisinier et les deux matelots qui se trou-
« vaient à terre lors du crime, et qui s’étaient réfugiés
« dans la maison de Malo, et les menaça de les tuer,
« s’ils ne déclaraient pas à l’instant tous les endroits
« où le capitaine pouvait avoir caché des effets. Ces
« malheureux furent obligés de monter sur le pont
« tout ce qu’ils purent trouver et bientôt il ne resta
« plus rien à bord du navire.
« Mara les obligea, quelques jours après, à rétablir
« le gréement et la voilure du brick, parce que , di-
« sait-il | il voulait faire un voyage à l’une des îles
« voisines. Cependant, quand le navire fut gréé, il
« sembla avoir abandonné son projet. Quinze jours
! après, un brick anglais entra dans le port et fit
« marché avec Mara pour les dépouilles du brick
« français; mais aussitôt qu’il les eut à bord, il par-
« tit sans payer le prix convenu, laissant Mara dans
« un état de fureur difficile à décrire. Le matelot
« Clément s’embarqua à bord de ce navire. Antoine
« le cuisinier s’embarqua, peu de temps après, sur
« un autre brick anglais qui toucha à Bivoua.
« Deux jours après le départ de ce dernier navire ,
« un trois mâts américain entra dans le port ; une
« petite goélette lui servait de mouche ; le capitaine
« de ce bâtiment essaya d’acheter du roi YAimable-
« Joséphine, et, sur son refus, de s’en emparer de
« force. Les naturels s’étant rassemblés en grand
« nombre sur le brick et sur le rivage, le capitaine
« du trois mâts les canonna pendant toute la journée
« et leur tua beaucoup de monde. Le lendemain
IV. 13