ques bagatelles d’abattre des cocos dont le lait est
délicieux dans cette zone torride.
A un quart de lieue d’Apia se trouve un petit hameau
indépendant de Pea. Il est occupé par les naturels
qui professent la religion du pays. Sur un petit
tertre est située leur chapelle, entourée d’une petite
palissade, et l’intérieur en paraît aussi simple que
propre. Elle est confiée entièrement à la foi publique,
car on n’y aperçoit ni gardiens ni surveillants. Un peu
plus loin se trouve un grand enclos planté d’arbres
fruitiers, et entouré d’un petit mur en pierres sèches.
Il est traversé par un sentier que l’on me dit conduire
au grand village de Falé-Ata.
Tous ces lieux sont singulièrement pittoresques, et
ils offrent une promenade charmante quoique un peu
fatigante.
De retour à la plage, je vais visiter le lieu où nos
marins font leur eau, à l’embouchure du torrent dont
j ’allais hier admirer la cascade. J’y trouve les naturels
réunis en groupes et cherchant à obtenir quelques
bagatelles etsurtout du tabac dont ils sont très-friands.
J’y trouve aussi mon domestique qui a ramassé du
cresson qui croît en abondance sur le bord de l’eau.
Je vois encore quelques têtes de bétail qui toutes appartiennent
au missionnaire anglais M. Mills.
Mon ami Pea me fait l’honneur de venir me demander
à dîner, et même si je le supportais, il s’installerait
volontiers à poste fixe à ma table ; mais je me suis
aperçu que la générosité n’était point la qualité prédominante
de cet illustre chef, il ne cesse de demander,
mais lorsque je vais le voir dans sa case il se garde
bien de m’offrir un seul coco, lorsqu’il n’aurait qu’un
signe à faire pour qu’un enfant s’empresse d’en
abattre.
Le soir, je retourne avec le capitaine Jacquinot à la
cascade avec l’intention d’y prendre un bain, mais je
trouve l’eau trop fraîche et je passe la soirée àme promener.
M. Jacquinot me dit qu’il avait cru remarquer
que la veille au prêche, M. Mills n’avait nullement
prévenu les naturels en notre faveur. Sans
doute, il est possible que les misérables préjugés
de secte et de nationalité qui caractérisent les missionnaires
anglais aient pu porter M. Mills à cette
bassesse, mais à moins de preuves évidentes, j ’aime
mieux en douter. Au surplus, peu m’importe, j ’espère
bien n’avoir nul besoin de la bienveillance de
cet individu; je désire seulement qu’il puisse donner
quelques renseignements sur la langue des Samoa
à M. Desgraz que j ’ai envoyé auprès de lui dans ce
but.
A neuf heures, Pea consent à me servir de guide
pour me conduire au village Falé-Ata, que l’on me dit
éloigné de trois à quatre milles seulement. Je me mets
en route, accompagné de Frazior, d’un habitant des
îles Sandwich et d’un naturel d’Apia. Ce dernier m’est
fort utile, car sans lui je verrais difficilement les nombreux
pigeons qui peuplent ces forêts, et surtout il
me serait difficile d’aller les chercher après les avoir
abattus.
Nous traversons d’abord le hameau dont j ’ai déjà
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