plus modernes encore, mais d’une autoi’ité plus récusable aussi,
découvrirent les quelques îles qui avaient échappé à leurs habiles
devanciers, et je crois qu’ils n’en ont pas laissé pour ceux que le
hasard conduirait dans ces parages.
Les géographes de nos jours ont remplacé les divers noms de
archipel Dangereux, mer Mauvaise , îles Basses, etc., etc., par
celui de Pomotou, qui indique en taïtien toutes les terres basses
qui se trouvent au vent ou à l’est de Taïd.
Les Pomotou se déroulent dans un espace de 5oo lieues de
l’E. S. 0 . à l’O. N. 0 . depuis l’île Ducie jusqu’à celle que l’on
nomme Lazareff, sur une largeur variable qui ne dépasse pas
120 lieues dans la plus grande dimension. Tous les différents
groupes qui composent cet archipel sont des terres basses ayant
le plus souvent un lagon dans leur milieu et entourées d’une
ceinture de brisants. Le plus grand nombre de ces îles est habité
par une race polynésienne qui a quelque rapport avec celle qui
peuple Taïd.
La charpente de ces îles est madréporique et sablonneuse, et
la végétation y est admirable. Les bananiers, les cocotiers et
l’arbre à pain paraissent y venir en abondance, ainsi que les
autres plantes nourricières de la Polynésie.
Aujourd’hui cet archipel est exploité par la classe des pécheurs
de perles et de nacre. Un grand nombre de petits navires sillonnent
chaque année les Pomotou pour offrir à leurs habitants des
verroteries ou des objets d’industrie européenne en échange des,
huîtres qu’ils peuvent pêcher dans leurs rochers. Ce commerce
a été, il y a quelques mois, beaucoup plus suivi qu’aujourd’hui.
On compte à peu près 6o à 70 îles plus ou moins grandes dans
l’archipel Pomotou. La mer y est ordinairement fort basse, mais
la navigation n’y est pas facile à cause du grand nombre d’écueils
que l’on y rencontre à chaque pas. Il faut espérer qu’à l’aide des
navigateurs éclairés qui en remonteront les diverses parties, on
finira par obtenir une carte complète et détaillée de cette partie
du globe.
(M. Marescot.)
N o te 12, page 8 5 .
La reine de Taïti, après avoir eu uné jeunesse toute de feu,
après s’être livrée à son tempérament avec ardeur, paraît aujourd’hui
s’être amendée et remplir consciencieusement ses devoirs de
mère.et d’épouse. Seulement, elle se charge elle-même de châtier
sonmai’i lorsqu’elle apprend quelque infraction au contrat conjugal.
Dernièrement, pour un fait de cette nature, elle lui avait administré
plusieurs Coups de corde, châtiment auquel le pauvre
diable s’était soumis sans murmures.........
Nous avons appris que le général Freire, ancien directeur du
Chili, qui, par suite d’un mouvement politiqüe, avait été renversé
de son poste et envoyé à Port-Jakson, avait quitté ce dernier
lieu d’exil et était venu à Taïti lors de notre voyage sur la
Coquille au commencement de 1823.Nous avions eu des relations
amicales avec ce chef qui alors exerçait une grande influence sur
les événements relatifs à l’indépendance de son pays, et dont les
louanges’étaient chantées par tous les Chiliens. Aujourd’hui il
est’proscrit)et malheureux. Nous avions vu trois mois auparavant
à ¡la Concepcion quelques personnes de sa famille qui nous en
avaient parlé avec beaucoup d’intérêt. Nous savions que, revenu
de toute idée de jouer désormais un rôle politique, il n’avait en
ce moment d’autre désir que d’obtenir la permission de terminer
sa carrière au milieu des siens. Nous devions une visite
au malheur ; nous_ la fîmes, et ce ne fut pas sans émotion que
j’entrai dans la misérable case occupée par le général ; il était en
train de lire quelques vieux journaux de Paris que lui avait
prêtés le commandant Du Petit-Thouars. Il reconnut parfaitement
M. d’Urville et moi, et nous exprima avec franchise toute
IV. 20