zèle pour leur nouvelle religion, et les méthodistes r
leurs guides spirituels, n’ont pas manqué de leur défendre,
comme un péché capital, toute espèce de rapports
avec les Français pendant les jours fériés.
En conséquence, je me décide à passer la journée
à bord, autant pour me reposer que pour ne pas aller
causer du scandale aux pieux habitants. J’en profite
pour questionner Mackensie qui m’apprend qu’il se
fait payer dix piastres pour entrer ou sortir un navire
du mouillage. Il n’y a que trois ans et demi qu’il est
arrivé avec les missionnaires à Vavao. Depuis cette
époque il y a vu quatre navires de guerre, trois anglais
et un américain; mais il a compté jusqu’à quatre navires
marchands à la fois dans le bassin. Tout ce qu’il
connaît de l’affaire de Powel, c’est qu’elle eut lieu à
Hifo, au nord de notre position. Il ne peut me donner
aucun renseignement sur le massacre de Bureau. Il
me confirme l’existence à Vavao de Simonet, ancien
transfuge de l’Astrolabe, seulement il ne sait pas s’il
a été arrêté par les missionnaires, ou plutôt il évite
de s’expliquer à ce sujet, dans la crainte de se compromettre
aux yeux de la mission anglaise, dont il
paraît être une créature.
Le patron d’un des canots qui sont allés à terre,
me rend compte qu’il a vu Simonet qui a d’abord
paru très-inquiet en apprenant que les deux capitaines
des corvettes étaient M. Jacquinot et moi.
Cependant il avait fini par se rassurer, et par demander
même s’il n’aurait rien à redouter en se présentant
à bord de nos navires. Je me souciais peu,
après un laps de temps de dix ans, de renouveler des
poursuites contre cet homme, mais d’un autre côté
je sentais qu’il n’était pas convenable de permettre
qu’il pût librement fréquenter nos navires. Je chargeai
donc le patron de dire à Simonet que je consentais à
fermer les yeux sur son séjour à Vavao, mais que
s’il se présentait à bord, je serais forcé de le faire arrêter,
de le faire mettre aux fers, et dë le reconduire
en France pour l’y faire juger.
Vers cinq heures je suis surpris de voir les deux
missionnaires Thomas et Broocks arriver dans une
pirogue pour me faire visite. Le premier a bien
vieilli depuis dix ans, et il est devenu lourd et pesant.
L’autre est un homme jeune encore (il a à peine
25 ans), sa figure est prévenante et ses manières
polies.
Après les salutations d’usage, M. Thomas me présenta
la médaille de la dernière expédition que je
lui avais laissée à mon passage aux îles Tonga, et
ensuite il me mit au courant des affaires du pays.
Les habitants des deux groupes de Hapai et dè Vavao
obéissaient aux lois de Tahofa-hao ou King-Georges,
et tous avaient embrassé le christianisme; mais à
Tonga-Tabou, il n’y avait encore que Toubo qui fût
chrétien ainsi que son peuple. Cependant la Tamaha
et une fille de Palou s’étaient aussi converties; mais
tous les autres chefs, loin de suivre les inspirations
évangéliques, avaient même déclaré la guerre à un
chef chrétien. Celui-ci avait été secouru par le Toui-
Vavao, qui avait saccagé l’île et détruit Mafanga. Les