Septembre. * donna Pas le temps. 11 vint à moi les bras ou-
« verts et me serra plusieurs fois eontre sa poitrine.
« J’étais tout étonné de l’effusion du digne homme,
« lorsqu’il me montra les dix cochons et tout ce
« qui avait été volé à M. Lafond. D’après les ordres
« que j ’avais reçus du commandant, je fis faire
« l’exercice à mes gens, et je voulus commencer par
« les faire défiler. Pea voyant la colonne prête à se
« mettre en mouvement, se faufila entre les deux
« hommes de la tête, et appuyant militairement son
« long bâton sur son épaule, il se mit bravement en
« marche avec nous à la grande admiration de son
« peuple. Après une demi-heure d’exercice en blanc,
« je fis mettre un vieux mouchoir dans un arbre dans
« lequel chaque homme à son tour envoya une balle.
« C’était plus qu'il n’en fallait pour glacer d’effroi
« nos braves sauvages, qui nous apportèrent le ra -
« fraîchissement d’usage, c’est-à-dire une centaine
« de cocos. Sur ce je fis rembarquer le corps d’armée
« triomphant, rapportant à bord les dix cochons qui
« furent immédiatement partagés entre les deux
« équipages. »
Ainsi se termina cette aventure qui aurait pu avoir
des suites funestes pour nous, et qui ne se serait pas
passée sans effusion de sang si elle fût arrivée quinze
ans auparavant. Je cherchai ensuite a faire comprendre
aux naturels nos véritables intentions, et par la
suite, cet événement, loin de nous être nuisible, ne
fit qu ajouter à l’amitié et à la considération des habitants
d’Apia pour nous.
Tandis que MM. les officiers des deux corvettes se 1838,- , . Septembfe.
reunissent dans un repas commun sur le bord de la
belle cascade, M. Jacquinot et moi nous allons visiter
deux villages situés au bout de la grande promenade,
à un mille ou deux du village d’Apia. Les maisons y
sont construites dans le même style, mais elles sont
plus grandes, et sont rangées autour d’une place qui
est d’un bel effet. Je remarque qu’aux environs il y
a de belles clairières que l’on pourrait cultiver avec
un plein succès. Partout les habitants se montrent
polis, mais sans aucun empressement, ils témoignent
même peu de curiosité ; ils nous regardent passer,
mais sans se déranger de leurs occupations habituelles.
Les arbres à pain, les cocotiers et les
bananiers fournissent une nourriture abondante à
ces habitants.
Frazior et ses compagnons me montrèrent Une 1er octobre,
baleinière qu’ils désiraient depuis longtemps échanger
contre ma pirogue. Celle-ci n’ayant aucune
bonne qualité, je n’étais pas fâché d’accepter le
marché, seulement je craignais qu’ils eussent à s’en
repentir après coup, car mon embarcation ne valait
pas la leur. Cependant mes charpentiers ayant examiné
la baleinière, et les Anglais persistant dans leurs
désirs, je finis par y consentir, convaincu que le
canot de ces hommes me rendrait plus de services
que ne le fait ma pirogue, qui n’avance plus qu’avec
de grandes difficultés lorsqu’il y a un peu de houle.
L’échange fut donc conclu , et les Anglais parurent
enchantés de l’affaire qu’ils avaient faite. Ils donné