1838. tout mon rôle se réduit à celui d’observateur, je me
réfugie dans ma dunette en faisant la défense aux
nymphes nouka-hi viennes d’en approcher à plus de dix
pas.E
nfin, la satiété, les fatigues, et surtout la fraîcheur
de la nuit apaisent par degré l’ardeur de nos
matelots. Vers minuit, les femmes réunies, forment
un cercle, et exécutent une danse lascive, dont elles
attendent sans doute les plus beaux résultats de séduction,
et ensuite tout rentré peu à peu dans le silence,
et le reste de la nuit s’écoule paisiblement.
27. Au point du jour, M. Roquemaurel me fait demander
ce qu’il faut faire des femmes; ma réponse est
de les renvoyer à terre, par la même voie qui les
avait conduites àbord des couvertes. Et aussitôtM. Roquemaurel,
sans autre explication, met cet ordre à
. exécution. La suite en est un bain matinal qui n’est
pas du tout du goût de nos belles ; un moment même il
y a de l’hésitation parmi elles, mais enfin deux ou trois,
prenant bravement leur parti, sautent à l’eau, , et le
reste de la troupe ne tarde pas à les imiter. On m’assure
cependant que la décision n’a point été prise sans de
forts murmures parmi le troupeau féminin, et sans
avoir maudit le commandant du navire, si indifférent
pour tant de charmes. Je ris de bon coeur et m’applaudis
de ce qui est arrivé, prévoyant dès-lors un
abandon complet, et espérant ne plus voir se renouveler
l’orgie de la nuit dernière. Pour certaines raisons
particulières j’avais pu consentir pour une fois
aux scènes qui venaient de se passer, mais je n’étais
nullement disposé à les voir se renouveler tous les
jours que je voulais encore passer à ce mouillage.
Pendant une bonne partie de la nuit, les eaux de
la baie ont été éclairées par une brillante illumination.
C’étaient les naturels qui péchaient dans leurs pirogues
au moyen de tisons enflammés. Ils prennent une
grande quantité de petits poissons qui vivent dans la
baie, réunis en troupes nombreuses. Du reste, tous
ces flambeaux qui jettent une puissante lumière,
produisent un spectacle très-animé, d’un effet bizarre
et tout nouveau pour nous.
Pendant le temps que nous devons passer au mouillage,
M. Marescotest chargé de lever le plan de la baie,
travail dont il s’occupe avec beaucoup de zèle et d’assiduité.
La chaloupe sera exclusivement occupée à faire
notre provision d’eau, et elle fera trois cargaisons
complètes dans la journée.
Hutchinson se charge de procurer à la mission son
chargement de bois à brûler, moyennant quelques
haches et herminettes, mais il faut que nos matelots
aillent le couper, car notre Américain manque d’outils
pour cela.
Vers midi, je me rends à terre avec M. Jacquinot ;
notre intention est de faire un tour de promenade
dans l’île, et dans ce but nous nous dirigeons vers le
fond de la vallée. Nous y remarquons partout une végétation
vigoureuse et variée. Nous y rencontrons encore
quelques moraïs ruinés, indices certains que jadis
la population fut bien plus considérable. A une petite