vait pas lui convenir à lui , le fils d’un des plus grands
chefs de Tonga-Tabou, de haler sur les cordes ou de
manier les avirons. Cette déclaration paraît en effet
ébranler sa résolution ; mais après quelques réflexions
il me déclare de nouveau qu’il préfère servir comme
matelot, plutôt que de rester l’esclave des missionnaires
anglais. Dès-lors je consens à le prendre, et je
lui promets que s’il vient à bord le jour de mon départ
je remmènerai.
Le pilote MacJcensie arrive un moment après et me
présente un règlement semblable à celui d’Apia et
également contresigné parle capitaine Drink-Water.
On dirait vraiment que ce dernier parcourt les îles de
TOcéanie, tout exprès pour faire des règlements de
port. Du reste, je fais dire à Mackensie qu’il peut rengainer
son règlement et le garder pour d’autres, mais
que je lui donnerai une récompense s’il veut me servir
d’interprète, ce qu’il accepte volontiers ne voyant
pas de navire à piloter pour le moment.
Mackensie m’apprend alors que le Comvay après
avoir passé d’abord 7 ou 8 jours à Vavao, sans doute
pour y faire ce fameux règlement, était revenu une
seconde fois, il y avait environ six semaines. Il avait
dû ensuite se rendre aux îles Viti; il devait toucher
à Laguemba, à Boua, et surtout à One-Ata, dont les
naturels avaient dernièrement massacré le capitaine
d’un schooner anglais.
M. Thomas que j’avais connu à Tonga-Tabou lors
de ma première expédition sur Y Astrolabe, était établi
à Yavao depuis deux ou trois ans avec deux autres
missionnaires de Wesley. Tous les habitants sans exception
sont aujourd’hui chrétiens, et les Européens
n ’ont plus rien à craindre au milieu d’eux. Ces hommes
à moitié civilisés, connaissent déjà la valeur de l’argent;
du reste, les vivres et les provisions y sont à des
prix assez modérés.
Les naturels ne cessent de nous répéter que le bon
mouillage se trouve dans une anse éloignée de 3 ou 4
milles de l’endroit où nous sommes; mais je suis décidé
à rester où je suis, car je ne compte faire qu’un
séjour très-court, et je préfère cette position qui me
permet d’envoyer mes matelots à terre, sans.qu’ils
puissent se mêler à la population.
Le grand canot de Y Astrolabe est destiné, sous les
ordres de M. Duroch, à lever le plan de la baie du
mouillage. Celui de la Zélée est mis sous les ordres de
MM. Coupvent et Dumoulin, pour aller relever et
sonder les passes que forment les îles du groupe Ha-
foulou-Hou, nom collectif de toutes les terres de ce
petit archipel. Vavao n’est que le nom de l’île. prin7
cipale qui est la plus septentrionale >
Bien que toutes ces terres soient assez vastes et
passablement boisées, cependant le sol en paraît médiocrement
fertile, et contraste péniblement avec
la vigoureuse végétation et la richesse des coteaux
des Samoa.
Quelques pirogues de naturels rôdent à nos côtés,.
mais aucune ne se hasarde à accoster les corvettes.
C’est aujourd’hui le sabbat du pays, jour de grand
tabou. Les dignes chrétiens sont encore tout pleins de