psalmodiant un espèce de récitatif, tandis qu’un naturel
vigoureux et de haute taille, frappait avec force
sur deux tambourins de 15 à 20 décimètres de diamètre.
Enfin un dernier musicien frappait à coups
précipités sur un tambourin plus petit qu’il tenait
entre ses jambes.
Pendant que je suis à examiner toute cette pantomime
sauvage, plusieurs naturels me reconnaissent et
viennent auprès de moi insister pour que je me place
au milieu d’eux, et ensuite ils me demandent si c’est
motaki (bien ou bon), sur ma réponse affirmative,
l’un d’eux se met à débiter une longue kyrielle de
phrases qu’il paraissait improviser en mon honneur,
attendu que les mots manewe (man-of-ivar, navire de
guerre), et akaii (grand chef) s’y retrouvaient souvent.
Tous ces personnages n’ont du reste rien de remarquable
dans leur costume, si ce n’est une espèce
de bonnet ou de casque qui leur couvre la tête. Cette
coiffure assez pittoresque est faite avec de longues
feuilles de cocotier.
Des offrandes de fruits et de pâtes préparées, couvertes
de feuilles, étaient disposées sur la plate-forme et
semblaient destinées au repas qui devait suivre les
cérémonies.
Une foule d’habitants était accourue au bruit des
tambourins, mais à l’exception d’un très-petit nombre
qui semblait un peu recueillis, tous les autres paraissaient
apporter la plus grande indifférence pour tout
ce qui se passait autour d’eux. Ils parlaient, riaient,
et jouaient comme à leur ordinaire. Aussi, suis-je porté
à croire que cette cérémonie n’est qu’une espèce de
jeu ou de fête semblable à celles que les anciens Grecs
et Romains aimaient à célébrer en l’honneur de leurs
morts.
Quoi qu’il en soit, je n’assitai pas jusqu’à la fin à
cette pompe sauvage ; comme la nuit approchait, je
jugeai à propos dé regagner le bord. En arrivant près
de la maison de Patini, un vieillard qui, à ma recommandation,
avait été bien accueilli et bien reçu à bord
des corvettes, vint à ma rencontre. lime fit ses remerciements
et me renouvela ses offres de services. Cet
homme est un des parents de Patini, l’Espagnol établi
avec la famille de cette reine, m’expliqua que ce
veillard était l’aïeul paternel de Mouana, tandis que
Keaki-Noui était son aïeul maternel. Patini est la
tante de Mouana, Nia-Hidouest son cousin, Vavai-Nouï
est son oncle, et Pakoko est encore un parent du jeune
roi, mais à un degré moins rapproché. Aussi l’on voit
que tous ces chefs appartiennent à la même famille, ce
qui se reconnaît facilement dans une population aussi
faible. Dans ce quartier de la baie, les habitants reconnaissent
l’autorité de Patini, et s’intéressent au
sort de Mouana; ils vinrent à chaque instant me supplier
de le ramener parmi eux.
Du reste, il est à remarquer que hormis Patini
et ses parents qui nous font quelques politesses,
aucun des autres chefs n’est venu me saluer ni apporter
des présents. J’en suis du reste très-content;
car avides comme ils le sont, ils se seraient sans doute
attendus en retour à des cadeaux d’un prix beau