Sans aucun doute, elles doivent leur existence aux
feux souterrains, et elles ont dû voir leurs sommets
couronnés par plus d’un cratère aujourd’hui éteint.
Aussi les hommes qui depuis longtemps habitent ces
îles, assurent-ils que les sources d’eaux chaudes y sont
abondantes, et plus d’une fois ils ont senti le sol s’ébranler
sous leurs pieds, par suites de convulsions
souterraines. Les îles basses y sont rares et de peu d’étendue.
On dirait que les polypiers qui en construisent
la base ont commencé leur travail tout récemment ;
mais alors leur oeuvre se poursuivrait avec une grande
activité, car partout déjà de grands récifs à fleur d’eau
se montrent menaçants et promettent à cet archipel
de vastes plaines, lorsque, avec le temps, la mer les
aura couverts de sables et de débris de végétaux que
contiennent ses eaux.
La population des îles Yiti paraît être nombreuse et
entreprenante. Presque toutes les îles du groupe sont
habitées, mais celles qui avoisinent les terres occupées
par des tribus puissantes, sont dévastées
par des guerres incessantes qui détruisent la population
, ou bien les malheureux qui s’y réfugient
doivent y vivre sous le poids de la plus humiliante
servitude, et souvent ils restent exposés presque sans
secours aux excursions des tribus ennemies de celle à
laquelle ils obéissent..
Il serait difficile de définir quel est le système de
gouvernement de ces peuples barbares. Plusieurs
chefs puissants se divisent presque en entier les populations
nombreuses de l’archipel. Le roi ou chef d’un.
de ces états paraît régner avec une autorité à peu
près illimitée. Cependant, lorsqu’une décision doit
être prise et que le sort de la tribu en dépend, les
principaux chefs ou guerriers, réunis en assemblée,
sont appelés à délibérer, et le roi ensuite prononce.
Mais l’homme dont la puissance est la moins équivoque
est le mambetti ou prêtre de Y Esprit. C’est d’après
l’inspiration que Y Esprit est censé lui communiquer,
que se décident les grandes questions; il n’ordonnepas,
il est vrai, mais l’avis qu’il aouvert est toujours adopté.
Les habitants des îles Yiti sont en général assez
grands, bien faits et bien proportionnés. Ils n’ont
point, comme dans les îles Tonga, et surtout dans les
îles de la Société, de la propension à l’obésité. Leur
corps est replet et annonce une constitution vigoureuse
et une santé excellente. L’expression de leur
visage n’est point désagréable; ils ont le front généralement
assez élevé, et leur physionomie indique
de l’intelligence. Leur teint est noir, mais leur peau
n’a pas le vernis du nègre, leur tête est bien garnie
par une chevelure crépue et épaisse dont ils prennent
le plus grand soin; ils la frisent constamment, et
comme cette occupation se représente souvent la
même à chaque heure de la journée, ils laissent fixé
dans leur chevelure un peigne long à trois dents destiné
à cet usage et dont ils garnissent les extrémités
de plumes de perroquet, par esprit de coquetterie.
Les femmes sont comme les hommes, grandes, bien
faites et bien constituées; mais leur figure paraît
moins intelligente, ce qui tient sans doute à l’état