n i ten tes ; inutile de dire que l’architecture de Papeïti ne mérite
en aucune manière d’être citée. 'Le revêtement de mortier et le
blanchissage à la chaux enlèvent à ces constructions leur caractère
de simplicité et d’élégance. Papéïti n’est donc qu’un mauvais
village, réunissant tout au plus 1 ,5oo habitants. On n’y trouve
guère d autres ressources que celles que peuvent procurer les
fournisseurs ministres, savoir : des boeufs, des cochons, quelques
volailles et les fruits du pays. On trouve un mauvais gîte et
à manger chez un Anglais qui tient une sorte d’auberge. Les règlements
des missionnaires sont si tracassiers, qu’ils empêchent
les étrangers de venir se fixer dans le pays et d’y exercer leur industrie.
Un malheureux Provençal, poussé par son mauvais génie, arriva
à Taïti espérant gagner de quoi vivre et peut-être même de
quoi retourner un jour dans sa patrie en exerçant l’état de charpentier.
On utilisa d’abord les talents du nouveau venu qui ne
manqua pas d’ouvrage; mais il notait pas encore question de
paiement. Le Provençal croyant voir affluer l’eau au moulin, songea
à s’établir dans un pays où les affaires allaient si bien. Il s’attacha
à une femme dont il eut plusieurs enfants. Tout était bien
jusque-là , mais le pauvre charpentier s’étant avisé de réclamer le
montant de ses journées qui s’étaient accumulées, fut fort étonné
de se trouver débiteur de ceux qui avaient profité de ses services.
Le prix de son travail couvrait à peine l’amende qu’il avait encourue
pour avoir entretenu des liaisons illégitimes avec une femme
dupays. Le Provençal qui aimait beaucoup sa femme et ses enfants,
réclama le mariage, mais les missionnaires n’ont jamais voulu sanctionner
cette union d’un catholique avec une réformée. Vainement
le Français demande aux ministres de vouloir bien le marier
de telle façon qui leur conviendra, soit catholique, soit protestante.
Il est toujours sous le coup de la terrible amende qui plane
sur la tête de l’adultère. Alors le pauvre charpentier n’a d’autre
moyen que d’attendi'e les ombres de la nuit et de se glisser dans
NOTES. 3T 5
l’épaisseur des bois pour embrasser sa femme et ses enfants, en
évitant les argus.
(M. Roquernaurel.')
Note i5 , page 85.
Examinons rapidement quelle influence ont eue sur les moeurs
de ces peuples, les exemples et les préceptes des missionnaires
anglais établis au milieu d’eux depuis l’année 1797; quels changements
sont survenus pendant ce long espace de temps, dans
leui’s habitudes morales et physiques ; et enfiu si céS- tentatives de
civilisation ont contribué à leur bonheur et à leur perfectionnement.
Loi’sque Bougainville, Wallis et Cook visitèrent cette île,
une nombx’euse population l’habitait; suivant leur évaluation
elle pouvait être de cent à cent cinquante mille âmes. Çà et là
s’élevaient de grands villages ; exxfin, suivant Cook, deux seuls
districts de Taïti avaient x’éuni 33o pii’ogues contenant 7,760
guex’riei’s. D’immenses cases soutenues par d’énoi’mes piliers, des
pirogues doubles de soixante pieds de longueur, des ai’mes délicatement
sculptées, des vêtements, des coiffures oi’nées avec soin
de plumes brillantes, des cuirasses solidement tissées en fil de
coco, e t c ., indiquaient chez ce peuple une industi'ie assez avancée;
et une disposition natui'elle aux arts mécaniques.
Grands, vigoureux; bien faits, pai’faitement tatoués, leur ex-
téi'ieur séduisit tout d’abox’d leurs "visiteurs ; mais bientôt ils se
monti’èi'ent voleurs, traîtres , adonnés à la plus profonde débauche
; il n’était pas rare de voir des mères étouffer leurs enfants
dès leur naissance, afin de pouvoir se livrer sans obstacle à leurs
passions. Enfin ils avaient une affreuse coutume, celle des sacrifices
humains.
Aujourd’hui ces barbai’es céi’émonies ont cessé, et malgré cela
cependant, la population était réduite, en 1828, à sept mille âmes !