à l’embouchure d’une grande rivière dont le cours a été remonté
jusqu’à 3o milles, et qui a à son embouchure un delta considérable.
Sa largeur, dans toute cette étendue, est de 200 mètres
au moins et sa profondeur de 11 pieds ; la marée remonte jusqu’à
cette distance ; le mouillage est près de son embouchure, et le
village, à cinq ou six milles de là; il est difficile à prendre à cause
des bancs de corail qui se trouvent semés avant d’y arriver. C’est
dans cette rivière que se trouvait échouée la carcasse du brick la
Joséphine; le roi Tanoa nous offrit de nous la livrer. Le mouillage
est par dix brasses; on peut y faire1 de l’eau et du bois.
La pêche du tripang, la traite de l’écaille de tortue et le bois de
sandal ont attiré les premiers navigateürs dans cet archipel ; aujourd’h
ui, le bois de sandal qui reste est devenu trop difficile à
exploiter; quant au tripang, on vient toujours en chercher; cé
sont les naturels q u i , moyennant très-peu de chose qu’on leur
donne, vont le ramasser sur ces récifs. Les objets les plus recherchés
par eux sont les fusils, la poudre, les dents de cachalot,
les indiennes et la quincaillerie. Ces îles n’offrent encore au
commerce que des ressources très-bornées, mais si la civilisation
y pénètre, on amènera facilement les. naturels à y cultiver le riz
et les semis tropicaux : les grandes îles ont assez de plaines pour
rendre cette culture productive. Aujourd’h u i, on s’expose encore
beaucoup à venir y naviguer, et ilfautque lesbénéfices soientbien
grands pour faire passer sur les dangers des récifs et ceux qu’on
court encore dans beaucoup d’îles. Cet archipel a déjà servi de
tombeau à bi des navires et à bien des équipages.
( M. Duhouzet.')
Note 43 , page 233.
Chaque île des V it i, chaque tribu composant la population de
la même île, est en guerre continuelle avec la voisine ; les naturels
ne font jamais de quartier à leur ennemi, et le fort poursuit le
faible jusqu’à son entière destruction, à moins qu’il ne trouve son
intérêt à faire la paix ou qu’il redoute que des tribus voisines ne
viennent à l’appui du plus faible. S’ils font des prisonniers c’est
pour les manger après le combat, ils ne cherchent nullement à
cacher leur goût pour la chair humaine qu’ils préfèrent à toute
nourriture. L ’un d’eux me disait, par l’intermédiaire d’un interprète
, que rien n’était délicat comme la cervelle, le gras des cuisses
et des mollets d’un homme ou d’une femme n o ir , faisant, disait-
il , une grande différence entre les mêmes parties dans un homme
blanc dont ils trouvent tous que la chair a le goût de sel qu’ils
ne peuvent pas supporter, aussi me trouvai-je fort aise de la préférence,
convaincu que je ne serais jamais mangé, que quand il
n’y aura pas de noir en concurrence avec moi. C’est toujours une
consolation..........
Chaque village ou tribu a un génie ou d ie u , dans le temple
duquel se font les sacrifices humains auxquels les grands ontseuls
le droit de prendre part. Si la guerre ne leur a point offert de victimes
, ils achètent quelques femmes qui font les frais de la cérémonie.
On nous a cité une fête donnée il y a quelques années par
Tanoa à plusieurs rois voisins, et à laquelle cent femmes furent
sacrifiées et dévorées. J’ai peine à comprendre que des Européens
puissent se décider à vivre au milieu d’un peuple aussi barbare ;
cependant mous en avons vus pa rtout, et il n’y a pas une île habitée
dans les Viti où l’on ne soit certain d’en rencontrer quelqu’un.
Ils adoptentleur manière de v iv re , font la guerre avec eux
et conséquemment assistent à leurs repas decannibales qu’ils sont
obligés de souffrir. A Lebouka seulement, les Européens que
nous avons trouvés, étant plus nombreux que partout ailleurs,
sont parvenus à forcer les naturels à se cacher dans les bois pour
faire leurs repas humains, et peut-être, quoique tous soient des
coquins, parviendront-ils à"rendre les habitants de ce point
moins mauvais qu’ils ne le sont.
(.M . Montravel.')