taires de l’île, et presque les possesseurs exclusifs du
bétail et des cochons. M. Pritchard fait d’importantes
affaires dans ce commerce qui, du reste, rentrerait
dans sa première spécialité, car la chronique assure
qu’il était d’abord garçon boucher.
Le port de Matavaï ne présente pas toujours un
abri parfait aux navires qui viennent y prendre le
mouillage : les vents d’ouest y rendent la mer grosse
et souvent menacent les navires de les jeter à la côte.
C’est ce qui nous arrive aujourd’hui, et nous sommes
obligés de mouiller une deuxième ancre et de filer
vingt-cinq brasses de chaîne pour etaler d’assez fortes
rafales qui viennent nous assaillir. Le mauvais temps
me prive aujourd’hui de la visite de MM. Du Petit-
Thouars et Moerenhout, que j’avais invités à venir
déjeuner avec moi. Je mets à profit mon séjour à
bord pour adresser à M. le ministre de la marine un
rapport général sur les événements de la campagne
depuis mon départ de Valparaiso. Je le confierai à
M. Moerenhout, qui se chargera de le faire parvenir.
Le révérend M. Rodgerson a parfaitement accueilli
M. Desgraz, et lui a donné tous les documents qu’il
avait promis sur les idiomes de Nouka-Hiva et de
Taïti. En général la conduite de ce missionnaire à
notre égard continue d’être très-convenable, et je
dois particulièrement faire mention de son esprit
bienveillant pour nous, en le priant de recevoir ici
I expression de ma vive reconnaissance.
A huit heures du matin arrivent à bord de Y Astrolabe
MM. Du Petit-Thouars et Moerenhout, auxquels.
je fais voir la série des travaux exécutés depuis le »838.
commencement du voyage. Us paraissent prendre13 Septembre‘
plaisir à les considérer ; mais je dois cependant dire
ici que le capitaine témoigne surtout de l’intérêt
pour les dessins de MM. Goupil et Le Breton.
M. Du Petit-Thouars paraît encore douter que dans
notre exploration polaire, nous ayons parcouru
d’assez près, pour nous y trouver souvent engagés,
les plaines de glaces solides qui joignent tout l’espace
compris entre les New-Shetland et les terres de
Sandwich. Dès-lors je lui donne communication de
mon rapport sur cette exploration, en même temps
qu’il peut suivre notre navigation sur la carte dressée
à ce sujet. Certes les bruits malveillants répandus à
Valparaiso, je ne dirai pas par qui, avaient dû fortement
au moins impressionner l’esprit de nos compatriotes.
Mais enfin M. Du Petit-Thouars paraît convaincu
que nous n’avons manqué dans les glaces ni d’audace
ni de courage, et que le mandat qui nous avait
été confié se trouvait dignement, sinon heureusement
rempli.
Après le déjeûner, auquel assistaient MM. Jacquinot
et Demas, nous nous embarquons tous dans le grand
canot de Y Astrolabe, et nous allons descendre sur
la pointe Papa-Oa. Nous visitons d’abord le tombeau
de Pomaré II, ce roi taïtien qui, d’abord conquérant p i . l x v i i i .
et ensuite rénovateur, accueillit le premier les missionnaires,
chassa ses anciens dieux, et devint le défenseur
de l’Evangile, dont il fut un des plus zélés
propagateurs.