que, contrairement aux assertions de quelques anciens, ses sutures sont toutes ouvertes (1). Winslow
décrit un crâne d’Esquimau (2), Hunauld fait connaître la déformation du crâne Caraïbe (3), Daubenton
enfin (4) détermine l’angle occipital et applique le premier à l’étude de la tête les méthodes géométriques,
sans songer toutefois à s’en servir pour distinguer les races dont il a méconnu les différences crâniennes.
Le mémoire de Daubenton, paru en 1765, semble n’avoir pas été étranger aux études sur l'angle
facial que Camper commença trois ans plus tard. Son prédécesseur français avait restreint l’étude du
crâne à la comparaison d’un seul caractère, celui qui se tire de l’inclinaison du plan du trou
occipital par rapport à un plan fixe passant par le bord postérieur du trou occipital et le bord inférieur des
orbites. Camper crut devoir assigner à l’étude d’un autre angle une prépondérance bien marquée, mais
il s’attacha à tenir aussi compte des autres caractères ethniques présentés par le crâne et la face. Il est
certain que l'angle facial tient la plus large place dans la crâniographie campérienne, mais le célèbre
anatomiste Hollandais s’efforce de subordonner
à ce caractère principal un certain
nombre d’autres traits dont il parle brièvement
en quelques passages, en même
temps qu’il établit que c’est la situation de
la face par rapport au crâne qui cause
la différence physique des variétés les
plus frappantes (fig. 180 et 181) de l’humanité.
Il cite, à titre de renseignements ,
très-utiles dans la caractérisation des types
des diverses nations, la largeur plus ou
moins grande delà face, la forme plus ou moins carrée de la mâchoire inférieure, etc. L’étude des
profils est assujettie avant tout à la mensuration de l’angle intercepté par la ligne oblique, dite faciale,
tirée « de î’èndroit où les dents se joignent », le long de l’os du nez pour aboutir « au point le plus
saillant du front » et une horizontale qui passe « le long de la base du nez et du trou auditif » , mais la
vue de face est appelée à fournir des indications sur les Contours de la tête et de la mâchoire, la forme
et la direction des os zygomatiques, etc. (5).
Ajoutons que Camper a le premier appliqué à la crâniologie la méthode des projections qui donne tant
de précision aux études actuelles (6).
L’angle de Camper a joui très-rapidement d’une vogue considérable et a fait oublier,les autres 1 2 * 4 5 6
(1) Riolan. Anthropographie. Ed. cit., p. 830-831.
(2) "Winslow. Conformation particulière du crâne d’un sauvage de VAmérique septentrionale (Mèm. Acad. Roy. des Sciences, 1722,
in-4°, p. 322-324, et pl. 16).
■ (31 Hunauld. Recherches sur les causes de la structure singulière qu'on rencontre quelquefois dans différentes parties du corps humain
(Ibid., 1740, p. 373 et pl. 16). — Cf. Arthaud. Dissertation sur la conformation de la tête des Caraïbes, etc. (Joum. de physique,
t. XXXIV, p. 250, avril 1789).
(4) Daubenton. Mémoire sur les différences de la situation du grand trou occipital dans l'homme et dans les animaux (Ibid., 1764,
p. 568 et pl. 16).
(5) Après avoir catalogué, dans le tome XIV de ['Histoire naturelle (176.6* in-4°, p. 377), qu’il publiait avec Buffon (nos 1339, 1340
et 1341) deux têtes de Tartares et une tête de Chinois que de Lisle venait de donner au Muséum, et qui sont les plus anciennes pièces
dont on ait gardé l’histoire dans notre grande collection nationale, Daubenton ajouta qu’il n’y reconnaissait « aucun caractère
marqué qui les distingue de celles des hommes de notre nation ». Les caractères mongoliques sont cependant très-accusés sur
les trois pièces, et Camper s’est cru autorisé à attribuer ce qu’il appelle 1’ « omission » de Daubenton « au deffaut d’un certain discernement
et d'un certain tact dont ne peuvent être doués que ceux qui dessinent eux-mêmes ». (Camper, Disserta,tion sur les différences
réelles que présentent les traits élu visage chez les hommes de différents pays et de différents âges. Utrecht, 1791, in-4°, trad.
fr., p. 19).
(6) Camper. Op. cit., pa ssim.
indicaiions'précises de: son remarquable mémoire. Les travaux de- l’école Hollandaise se sont, pendant
longtemps, inspirés de cette publication, et son auteur a trouvé-à l'éteanger de nombreux imitateurs. En
Hollande,-Mülder, qui succède: à Camper,: s'efforce de substituer à l'angle fac.at.celm que forme avec
la -ligne faciale « la ligne de conjonction qui va de l'apophyse basilaire de 1 occipital a la racme du
nez- H Doornik étudie le premier les projections antérieure et postérieure, par rapport au trou
auditif W Puis viennent Brugmans, H H et enfin Crull (4), qui a résumé et discuté dans un excel-
lémtl travail, publié en 1810, tons les travaux de cette &ol.eù en y joignant l'examen de quelques autres.
A dette école de -Camper se rattachent directement en France Cuvier et Geoffroy Samt-Hi laire,
qui étudient les éléments du — 0 Cloquet qui transporte le sommet de 1 angle au
niveau des dents (6) ; en Suisse. Walther qui. imagine un angle frontal formé par 1 intersection de diverses
lignes,-l'tHe qui passe par il»protubérance; occipitale externe et l'apophyse crista-gallijgautre par a
partie la plus saillante du front et la racine du nez (7) r , ,
Ce dernier travail est- déjà sous l'influence du système de Gall, dont la vogue a été funeste a 1 anthropologie
orâniologique en la détournant d'abord de sa voie, et plus tard en faisant rejaillir sur elle une
partie dù discrédit qui-s-'ètait, attaché aux études phrénologiques, Les seuls résultats utiles ç i ait produits
l'école de Gall pour la crtoiologie ethnique ont été la publication: d'un certain nombre de figures
dans les: atlas spéciaux (8). et la formation de < x ^M n s , quelques-unes ^ im p o r ta n te s ,* qui ont pu
être utilisées plus tard au profit dè'U'anatomie des races (9)ç S . : . .. H
Les grandes collections, toujours-indispensables aux progrès d'une dcience naturelle, sont surtout
nécessaires pour Fétude des races humaines, dont ellesfçuvent seules permettre de déterminer avec
quelqufeprécïsion le type moyen, au milieu de variations plus ou moins étendues. Le Muséum de Pans
■ne-possédait WÊÈËÊÊÊ nombre de-.crânes quand Daubenton publia le mémoire que nous avons
cité plus haut (10). La petite série H m H éditée par Ed. Sandifort ne comprend quune décade
(1 f i Camper n’avait que huit têtes quand il « d i a soit: angle. Il en fasmva quelques autres à
Londresjfoi^es voyages de oircumnavigation*mmençaieut à accumuler de grandes- richesses, et oh
Hunter réunissait le célèbre musée qui porte.;encore- son- nom et qui qsÿ devenu lefffipyau de la belle
collection dit Collège des chirurgiens d'Angleterre (12),
y ï l : o m ié ^ m e r itis f t * CampesUn amtomiam «mparatnm, . ( » M * < < * * * * # ■
« * « » * * • « , » « * * « < * » * mWam-sprong^ staùmen u a , dés sem
geslacht, br. in-8°. Amsterdam, 1808.
, (3) Kools. Amotationes anatomfyæ, in-8*. -Groningæ, 1810. . 0n
(k) Crull Dissertatio anthropologico-medica, De cranio ejusque ad faciem ratione, in-8 avec ~ p . 8 / , TTr
(5) G. Ciracn r i Et. Geoitmy Saiït-Humud. Des caractères JW peuvent servir à distingua-tes smaci (Mojnsm Encyclopédique, t. Ht,
p. 459, 1795). • .
nsflfn Otoouet Anatomie comparée de l’homme, 1.1, p. 95. Paris, 1821, m-8°. , n ■ i,
w L i o n . (M i s * Dontâlung dm- S«(Ischm amtomisch-physiologisehon Untemichmaen des Golum uni S c IM a u e s . Zurich, BBBi * phrénologie Humaine emparée. Allas inH Paris, 1S30. passim., etc. - SpurzUeim a cependant déterminé
m S Ê Ê Ê Ê Ê H Ê m Ê et créé un sjstèmo craniométrique que M. D. Rilsan nous a récemment fart connaîtra (D. Wnsea, Base
hpnd-farms and their expression by measurments [The Canadian Journal, november 1869]). . r .
(9) — particulièrement les collections de Gall et de Dumontier, aujourd’hui au Muséum de P a n , La co lle c ta Dumontie
r acauise en 1874, ne contenait pas moins de 1,500 pièces intéressant l’anthropologie. H H R R H H
momies et des fragmente de deux antres, une peau de nég re sse empaillée, U
un petit nombre-de têtes fransaisesj. oe qui deviendra la galerie d’Anthropologie (H ist.m . Gén. et P o r ta i,, t. III efcX ).
d l) Ed Sandifort; Muséum Anatomicum Academiæ Lugduno-Batavæ. Vol. I, LugdW atav., >in * . ,
S La^;“ Huntérienne, la plus ancienne où l’anthropologie ait été largement représentée, comptait au m o ^
de son fondateur (1793); 963 pièces d'ostéologie, parmi lesquelles une vaste collecliomde crines,.« présentant dit 1 auteur de lanotice
descriptive du M u s é e ,» caractères des cinq grandes variétés, des races humaines, caucasique, mongole, américaine, éthiopienne et
malaise. »