mement hautes pour la longueur (Ind. orb. 93 à 94) et, celle de gauche surtout, tendant à s’arrondir.
Nous signalons encore la chute verticale du malaire, la convexité de la branche montante du maxillaire
supérieur, le peu de profondeur de la fosse canine, l’absence d’un bord tranchant limitant en avant le
plancher des fosses nasales. Enfin nous appelons surtout l’attention sur le prognathisme énorme de toute
la face qui, vue d’en haut (norma verticalis), fait très-sensiblement déborder le bord inférieur de l’orbite
en avant du supérieur, et projette fort loin un arc dentaire énorme armé de dents très-fortes, dessinant
en avant, sous les parois alvéolaires, leurs racines en bourrelets parallèles.
L’angle facial de ce crâne bestial est seulement dé 72°, son angle mandibulaire s’abaisse à 61°, son
angle dentaire enfin en mesure moins de 57. Cette tête, d’un volume médiocre, a sa capacité diminuée
encore par l'épaisseur considérable de ses os, épaisseur qui dépasse en un point (P, 010 et qui coexisté,
comme nous l’avons vu plus haut, avec une notable densité et une texture particulièrement grossière (4).
Nous ne connaissons pas d’autre crâne neanderthaloïde recueilli dans l’ouest de la France; dans l'est,
il s’en est trouvé quelques-uns en Lorraine, dans la Moselle en particulier. Dans le Nord, un crâne
exhumé des fouilles pratiquées à Boulogne-sur-Mer dans un cimetière romain, se rapproche beaucoup
par sa forme, sa texture, etc., de ceux dont nous avons parlé. Mais c’est dans le bassin de la
Seine, le seul qui, au centre de notre pays, ait fourni un fossile dolichoplatycéphale, que se concentrent la
plupart des observations de cet ordre, comme si c’était dans les régions où le type s’est primitivement
localisé, que se manifesterait bien plutôt sa réapparition sporadique. Et, en effet, le nombre des docu^
ments recueillis à Paris et dans les environs se monte déjà à sept, parmi lesquels nous mentionnerons
le fait de M. le docteur Aubé, repueilli à Auger-Saint-Vincent, près Crespy-en-Valois (2), ceux de
M. Roujou, rencontrés dans le faubourg Saint-Marcel ; celui dont M. Rochet a entretenu la Société
d’Anthropologie, les nôtres enfin observés au faubourg Saint-Germain.
Nous avons superposé dans la figure ci-contre les profils de deux de ces crânes parisiens dolichopla-
tycéphales, ceux de l’abbaye Saint-Marcel à ceux d’autres voûtes crâniennes recueillies dans les environs
de Paris, à Saint-Germain, à Chelles, etc., qui appartiennent à des formes mixtes tenant par quelques
côtés à celles que nous étudions (fig. 32).
Ces rapports intimes que nous venons de constater entre la localisation ancienne de la race et les
phénomènes ataviques qui en reproduisent les traits dans la région même où elle a fleuri, se retrouvent
en Belgique, où les deux seuls cas détaillés qui soient venus à notre connaissance, ont été recueillis dans
l’est du royaume, à peu de distance par conséquent du gisement des fossiles caractéristiques décrits dans
le paragraphe précédent(3). Il en est de même encore aux bords du Rhin, où la vallée qui fut le séjour
(l) Nous empruntons au docteur Lagardelle (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, 2e série; VI, p. 213.1871), la desGriptiijn d’un individu
vivant du Marais mouillé de la Sèvre qui paraît reproduire aujourd’hui dans la même région Ue type que nous, venons de
décrire d’après le crâné de Bougon, et que nous rapprochons de celui de la première race fossile étudiée ci-dessus. Cet individu
avait, nous ditM. Lagardelle, le front bas, fuyant et les arcades surcilières fortement proéminentes. Son crâne bizarrement conformé
montait obliquement en arrière, et présentait de chaque côté une saillie considérable au-dessous et en arrière des oreilles. Ses yeux
étaient petits, brillants et enfoncés, son visage long et étroit à ossature accentuée. Cheveux très-gros, rudes au toucher, noirs parsemés
de blancs, descendant en avant perpendiculairement sur les yeux et s’implantant jusqu’à peu de distance des arcades surcilières.
Teint bronzé, expression particulière de la figure. Taille élevée; maigreur du Corps.
Circonférence horizontale de la tête . 568 millimètres
Diamètre antéro-postérieur . . i . 195 —
— transverse. ......................153 —
Distance des pommettes . . . . . 125 —
Longueur du visage. ..................... 213 —
Distance minima dès 2 yeux. . . . 16
(2) P. S ervais. Recherches sur l'ancienneté de l'homme et la période quaternaire. Paris, 1867, in-4°, p. 108 et fig. 7.
(3) On trouvera plus loin les détails relatifs à l’une de ces observations et la figure qui reproduit les traits de la personne qui l’a
fournie.
PREMIÈRE RACE HUMAINE FOSSILE OU RACE DE CANSTADT.
des hommes primitifs de Canstadt, de Lahr, d’Eguisheim ou du Neanderthal, a fourni plusieurs têtes
récentes, offrant avec celles-ci bien des analogies., et exhumées de la Westphalie ou de la Prusse
rhénane. M. C. Vogt a observé sur leivivant dans le même pays un cas d’atavisme des plus remarqua-
Fig. 32. — Superposition des profils de quelques crânes du bassin de la Seine.
xy ligne horizontale passant par la glabelle et le lambda, bbbbb, bregma, HU, lambda. La conrbe la plus
déprimée.... et celle qui est formée d'une ligne pleine, représentent le type crânien paléolithique que nous
décrivons; crânes de Saint-Marcel. Les autres courbes sont celles des sujets les plus platycéphales que nous
oyons rencontrés dans diverses séries (types dolichocéphale néolithique; mérovingien, etc.). .
blés (1). Et le kcilfoermiger Schoedel de J. M. Weber (2) (de Düsseldorf) pourrait bien n’être quune atténuation
du crâne primitif que nous ayons décrit. En effet, son front assez aplati est étroit à sa base et
surmonté de sîqus modérément saillants, mais dilatés et assez larges. Le pariétal est transversalement
développé, le lambda un peu déprimé;;;!’occipital légèrement oblique en arrière et en bas. La suture
temporale moins courbe qu’à l’ordinaire, forme avec la sphéno-pariétale une ligne qui tend vers l’horizontale.
La face, enfin, présente un certain degré de prognathisme.
A ce type se rattachent peut-être quelques-uns des crânes très-aplatis que certains cimetières des
Francs envahisseurs du v°'au vm8 siècles nous révèlent parfois, et qui sont assez désavantageusement
conformés dans leurs régions antérieures pour que quelques anthropologistes les aient considérés comme
pathologiques.
En Espagne, les formes de Forbes’Quarry sont reproduites avec quelques adoucissements sur le
frontal de la Cueva de la Mujer, près Alhama de Granada, découvert par M. G. Mac Pherson(3). Et cette
même race avait puissamment contribué à donner aux hommes préhistoriques du Cabeço d’Arruda fouillé
par la Commission géologique du Portugal (4), l’aspect mixte que présentent leurs ossements céphaliques
et qui a frappé tous les observateurs; La région frontale, par exemple, haute et bien développée
du crâne d’Arruda, projette en avant des arcs surciliers très-saillants et un aplatissement léger du bregma
coexiste avec une brachycéphalie que doit avoir, du reste, un peu exagérée la déformation posthume. L’un
des deux maxillaires supérieurs, tirés du même gisement, est remarquable par l’effacement presque
complet de la fosse canine, la largeur de l’orifice nasal et un prognathisme sensible. Sur l’autre, cette
projection du maxillaire supérieur est plus prononcée encore, et ce qui reste de la branche montante
(1) , G. Vogt. Congrès Internat. d'Anthrop. et d'Arch. prèhisl., 2° sess., Paris, 1867, p. 362.
(2) J. M. W eber. Die lehre von den Ur und Racen-formen der Schædel und Beckeh der Menschen. Düsseldorf, 1830, in-4°.
(3) G. Mac PaERSON..ia cueva de la Mujer. Descripcion de una caverna conteniendo restos prehistoricos... Gadiz, 1870, in-4°, pl. 10.
(4) Commissdo Geologica de Portugal. — Da existencia do homem em epochas remotas no valle do Tejo. 1° Opusculo. Noticia sobre os esque-
letos humanos descobertos no cabeço ~da Arruda, por Pereira da Costa. Lisbonne, 1865, in-4° avec 7 pl. — Nous avons étudié ces
pièces sur les moulages adressés au congrès de 1867 par la Commission géologique, et qui font actuellement partie du Musée de la
Société d’Anthropologie de Paris.
Quatrefages et Hamy. 5