processus temporal qui vient s’articuler avec le frontal, le crâne offre toute la morphologie décrite au
commencement du présent chapitre. Mais la face se rapproche, à plusieurs égards, de celle du crâne de
la baie d’Offak. Le squelette nasal est haut et étroit (ind. nas. 47,05), le prognathisme alvéolaire bien
accusé, etc., mais les os jugaux sont pliis effacés. L’épine nasale manque complètement, et le bord antérieur
du plancher des fosses est mousse et précédé d’un vestibule descendant en pente douce vers les
alvéoles. Les incisives et les canines de la mâchoire supérieure sont usées à la mode malaise. La mandibule
offre tous les caractères de celle des Papouas de race pure (1).
Crânes de Papouas de Céram. Nous avons dit plus haut que Yalentyn avait, le premier, signalé
l’existence de Papouas dans l’est de l’île de Céram (2). Ces noirs, qui s’étendaient au commencement du
dix-huitième siècle jusqu’à la rivière Hôte, sur la côte nord de l’île, existent encore à l’état pur en
quelques points de la presqu’île orientale désignée dans les cartes sous le nom de Waroe. On les rencontrerait
également, suivant Earl (3), à la côte méridionale.
Mais c’est surtout à l’état mélangé que les voyageurs modernes mentionnent leur présence. Il n'est pas
douteux, en effet, que parmi les peuples appelés à Céram, Alfuras, Alfoeras, Alaforas, Araforas, etc.i il
faille distinguer deux groupes. Tandis que les Alphouréens de Rumphius, de Stavorinus (4), et les Alfores
de Pfeiffer, c’est-à-dire les indigènes qui habitent au voisinage de l’établissement hollandais deWahai,
offrent avec les Dayaks de Bornéo les plus grandes analogies (5), ceux que MM. R. Wallace et Bickmore
ont pu voir à Amahaï, sur la côte sud, présentent manifestement des caractères intermédiaires à ceux
des Malais et des Papouas (6). *! ;
M. Swaving qui a, plus que tout autre, approfondi l’étude des caractères anthropologiques des habitants
de l’Archipel indien, opine dans le sens que nous venons d’indiquer (7). Sur les quatre crânes de
Céram dont il donne les dimensions, trois, qui font partie de la collection Sonneman Rebentisch, sem -
blent bien appartenir aux Alfourous qu’il rapproche des Papouas. Du moins offrent-ils la dolicho-
céphalie très-accusée (ind. céph. 69,33), la longueur et l’étroitesse_(d. a.-p. 0m,186, d. tr. max. 128,5), et
surtout la hauteur relative que nous avons vue caractériser la plupart des crânes Papouas purs (8)1 Les
dimensions exceptionnelles de l’une de ces pièces font monter la capacité cérébrale moyenne de là petite
série à 1523cc ; la circonférence horizontale est de 0m,516 et l’antéro-postérieure de 0ra,5Ô2, divisée en
courbes frontale de 0m,123, pariétale de 0m,129, occipitale de 0m,115; longueur du trou occipital. 0m,035;
ligne naso-basilaire enfin 0m,100. Les dimensions de la face s’écartent fort peu de celles des Papouas
mesurés par le même auteurF?i^
Noué, rapportons au même type la femme Alfourou dont l’un de nous a étudié le crâne dans le musée
de l’Institut Carolin de Stockholm. Ce crâne, offert à Anders Retzius par Wise, d’Édimbourg, qui se l’était
procuré de Céram, reproduit, à t’hypsisténocéphalie près, qui est aussi accusée que chez un homme,
, (1) La colonne 2 du tableau XXVII donne les mesures de ce crâne. Voici celles de la mâchoire inférieure : diam. bicondyl. » ;
biangul. 88 ; écart, des 2e* mol. 47; des can., 21; dist. angulo-symph. 82; branche mont. : haut. 54; larg. transv. 37; obliq. 39;.
branche borizont. : haut, symph. 33,5 ; 2° mol., 31 ; épaiss. symph. et 2« mol. 17 ; angle mandibul. 104° ; alv. ment. 94°.
(2) Valentyn. Beschryving van Amboina (op. cit. Vol. H, p. 56). — Earl a traduit ce passage dans son livre sur les- Papouas (op.
cit., p. 114-116). ,
(3) E arl. Log. cit.
(4) Stavorinus. Voyage à Samarang, etc., trad. fr. Paris, an VII. T. I, p. 260.
(5) I. Pfeiffer. Mon second voyage autour du monde, trad. fr. Paris, 186, in-12, p. 272.
" (6) A-.R. "Wallace. Op. cit., p. 365. — A .-S . B ickmore. Travels in tlie East-Jndian Archipelago. London, 1868, in-8°, p. 203.
(7) C. Swaving. Op. cit., p. 31.
(8j Le diamètre vertical moyen de ces trois pièces serait de 0,143, et par conséquent, l’indice de:hauteur-largeur atteindrait 111,19.
Mais ce diamètre est toujours urt maximum pour M. Swaving, et par conséquent ne peut pas être comparé exactement au nôtre, qui
est, comme on le sait, un diamètre basilo-bregmatique. Les chiffres de M. Swaving n’en montrent pas moins cependant un développement
considérable en hauteur qui a engagé cet observateur à mettre les insulaires de Céram parmi les hypsislénocéphales de
M. B. Davis (G, Swaving. Op. cit., p. 31 et lab.).
toute la morphologie des crânes Papouas féminins décrits précédemment. On trouvera tous les chiffres
qui concernent cette pièce à la troisième colonne du tableau XXVI ci-après (1).
Crânes de Papouas de la Sonde orientale. — Timor, Florès, Sumbaet Sumbawa sont les dernières
terres dans l’ouest où s’observent les mélanges ethniques que nous nous efforçons de faire connaître, et
qui n’ont guère été étudiés, il faut bien en convenir, que dans la partie hollandaise de la première de ces
îles (2).
Crânes de Papouas Timoriens (fig. 255).— Nous avons déjà dit plus haut que l’existence d’une
population nègre dans l’intérieur de Timor avait été, pour la première fois, signalée par Péron en 1807.
Les observations du célèbre naturaliste, quoique confirmées parcelles de Leschenault, de Freycinet, etc.,
avaient été contestées par S. Müller, dont Latham et Temminck avaient adopté l’opinion.
Les progrès de la crâniologie l’ont mise tout à fait hors de doute (3). Déjà Van der Hoeven, en 1860,
avait placé le Timorien de sa collection entre un Alfourou et le Néo-Guinéen dont nous avons parlé plus
haut, semblant par là même indiquer qu’il considérait cette pièce comme voisine des deux autres, et
peut-être comme intermédiaire à la première et à la seconde. Mais il s’était contenté de publier la longueur
de la tête (0”,167), mesurée, suivant sa méthode, de la racine du nez au point le plus reculé de
l’occipital, la largeur maxima (0m,132) et la circonférence horizontale (0m,499). Ces chiffres, en rapport
avec un faible développement cérébral, l’indice céphalique un peu trop élevé qu’ils déterminent (79,04)*,
et quelques mots de description qui font savoir, en outre, que « les orbites sont grands et carrés, les os
du nez un peu aplatis, que la face est à peine prognathe et la fosse maxillaire profonde, .-> laissaient indécise
la détermination ethnique (4). Le Catalogue de Vrolik, édité en 1865, se montra moins avare
de détails, et les chiffres nombreux dont furent accompagnées ses descriptions un peu trop écourtées,
comparés à ceux que donnaient les individus de race pure, mesurés de la même façon et par les mêmes
procédés, autorisèrent à croire que certains Timoriens forment; comme le veut Crawfurd, « une race
intermédiaire entre les Malais et les Papouas (5)^ »
Un peu plus courts et un peu plus larges tout ensemble que les crânes de ces derniers, les crânes
timoriens de Vrolik ont un indice céphalique bien supérieur .à celui des Papouas du même anthropologiste.
Le rapport monte en effet à 74,15 chez l’esclave métisse dont il parle (d. a.-p. 0m, 178, d. transv.
(1) La population de l’intérieur de Bouro parait tout à fait-analogue à celle dont nous venons de constater l’existence à Céram,
mais on ne possède jusqu’à présent aucune pièce recueillie dans cette île. Nous ne pouvons que renvoyer aux descriptions un peu
vagues, publiées sur les montagnards de Bouro, et en particulier à celle qu’a donnée le voyageur Bickmore déjà cité plus haut
(S. Bickmore. Travelsinthe East Indian Archipelago. London, 1868, in-8°, p. 271).
-(2) Florès n’est représentée jusqu’ici dans les collections anthropologiques que par un fort petit nombre de pièces. Trois crânes de
Larentouka, à l’extrémité est de l’île, sont conservés à Batavia. Ils ont, paraît-il,-appartenu à des métis portuguais (SV/aving. Op. cit.,
tab. VIII). Un quatrième est à Francfort dans le musée Senckenberg et semble provenir de la tribu.des Rakkas. Du moins est-il
étiqueté cannibale de l'ile Florès, et la population de cette île à laquelle on impute habituellement cet usage est celle des Rakkas de la
côte sud, dont il est question dans une note du Journal de l’Archipel indien (t. II, p. 174, 1848) et dans le livre souvent cité de
M. Bickmore (p. 3). Cette dernière pièce, dont M. Lucæ a donné une bonne figure de profil (Lucæ, Zùr organischen Formenléhre
Frankfurt am Main 1848, in-4. Taf. X, S. 45.) et dont ce savant confrère nous a procuré un bon moulage, offre des diamètres et des
indices crâniens qui invitent à le classer dans le groupe qne nous étudions ici (d. a.-p. 0“1, 177, d. tr. max. 0“,133, d. bas.-bregm.
O“,136; ind. 7b, 14, 76,83, 102, 25), mais sa face est d’un tout autre type, et nous renvoyons à plus tard un examen plus détaillé.
On ne connaît pas de crânes de Sumba, et, pour Sumbawa, la seule pièce connue, qui fait partie du musée Davis n° 276), est
trop brièvement décrite pour qu’on puisse rien affirmer de bien positif à son égard. Voici ses principales mesures tirées du Tesaurus
craniorum (p. 284. Cap. crân. 1,590CO, d. a.-p. 0m,180, d. tr. max. 0m,139, ind. céph. 77,16, front, max. 0m,114, ôcc. max. 0m96-
courbes : horizont. tôt. 0m,515, ant.-post.; front. 0m,132, pariét. 0m,132, occ. tôt. 0m,116; diam. vertical (max.) O“, 144, bizygomat.
0m,129.
(3) E.-T. Hamy. Documents pour servir à l’anthropologie de l’ile de Timor (Nouv. Arch. du Mus. d’Hist. Nat. de Paris. T. X, p. 245.
1874, in-4")'.
(4) J. Van der H oeven. Gatalogus craniorum diversarum gentium, br. in-8°. Leyde, 1860, p. 42,' n° 116.
(5) Musée Vrolik. P. 87.