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parfois même assez considérable pour qu’ils puissent être vraiment réputés acrocêphales. L’un des éléments
essentiels de la comparaison fait alors défaut, et l’observateur se sent porté à repousser bien loin
une assimilation qui lui échappe, puisque ce n’est pas des Australiens vulgaires (fig. 42 et 43) que l’auteur
Fig. 42. — Crâna d’un Australien de Victoria (Muséum
d'Histoire naturelle de Paris, n° 1526) (1), (vu de face).
Fig. 43. — Le même crâne (ntt de profil)
grand:). .. ;
a rapproché nos fossiles, mais de ces individus plus clair-semés dont il a eu le mérite de signaler,
le premier, l’existence sur le continent de la Nouvelle-Hollande. Chez ces derniers Australiens', « tandis
que la voûte du crâne se déprime remarquablement, il se produit une élongation telle que probablement
la capacité n’est point diminuée ».. L’aplatissement et l’allongement se combinant avec les autres caractères
énumérés plus haut, le crâne se rapproche assez sensible.ment de celui de la race de Canstadt. Mais
les analogies deviennent bien plus frappantes lorsqu’au lieu de comparer les crânes, on superposé les
contours intra-crâniens. Les deux gravures suivantes (fig. 44 et 45) montrent d une maniéré évidente les
ressemblances très-grandes et les différences peu sensibles des encéphales mis en présence.
Le moule de l’Australien est un peu plus étroit; il a 0“, 134 de largeur, tandis que celui du Nean-
derthal atteint, comme nous l’avons déjà dit (p. 15), 0“, 136. La protubérance du lobe occipital est plus
marquée et mieux circonscrite dans l’Australien qui déborde aussi un peu le fossile qu’on lui compare
dans la région frontale; mais l’affaissement pariétal est semblable sur les deux moules, et toutes les autres
particularités relevées sur la pièce européenne se retrouvent sur la pièce exotique (2). Eh somme, ces
deux intérieurs de crâne se ressemblent incontestablement, et leur confrontation fournit a M. Huxley un
point d’appui solide.
Suivant notre collègue, les crânes de la race doJichoplatycéphale australienne viendraient plus particulièrement
du sud du continent, au voisinage de Port-Adélaïde. L étude de la série recueillie par
M. J.-B. Davis confirme cette assertion : sur cinq crânes de la tribu d’Adélaïde offerts à ce distingué
collectionneur par M. M. Moorhouse, protecteur des aborigènes de 1 Australie du Sud, deux sont franchement
dolichoplatycéphales. Le rapport de la hauteur à la longueur, qui oscille dans nos races
d’Europe entre 68 et 73 centièmes, descend sur ces deux sujets à 65 et à 64 (3). Et sur un autre crâne de 1 2 3
(1) Ce crâne australien se rapproche de celui que M. G. Vogt a emprunté à M. Lucæ pour les comparaisons qu’il a instituées dans
le même sens que nous-mêmes, (Leçons sur l'homme, p. 400 et 495.)
(2) Hoxley. Remarks on the Neanderthal Skùll. (Nat. Hist. Rev., n° 15. 1864.)
(3) B. Davis. Thesaurus craniorum, p. 258, 259.
cette provenance, conservé au Musée royal des Chirurgiens d’Angleterre sous le n° 5331, le même
précisément dontj-nous avons comparé avec M. Huxley le moulé intra crânien à celui du Neanderthal
(fig. 44 et 45), nous trouvons que le rapport s’abaisse à 61,46 (1). Port-Western n’est pas la seule localité
de la colonie de Victoria où le type dolichoplatycéphale ait été rencontré. M. Meredith, en 1844,
avait signalé des indigènes à têtes aplaties dans diverses tribus de cette côte (2). Un crâne de Port-Fairy,
Fig. 44. — Moule interne du crâne du Neanderthal Fig. 45.— Même moule (vu de profil).
(vu d’en haut).
Dans ces deux figures le trait noir représente les contours superposés du moule intra-crânien d’un Australien de Port-Adélaïde (n° 5331
du Musée du Collége royal des chirurgiens, V» grandeur).
aa, empreinte de la sature lambdoïde ; sy, scissure de Sylvius.
conservé au Muséum de Sydney (3), donne l’indice vertical 63,76, et la tête de Durabul, l’Australien
du Port-Philippe, décrite en quelques lignes dans le catalogue de Morton (4), ne devait pas s’en éloigner.
Le Muséum d’Histoire naturelle de Paris ne renferme en original qu’une seule pièce très-mutilée
d’Adélaïde, dont l’aplatissement vertical bien appréciable ne peut pas se mesurer, la base du crâne faisant
complètement défaut. Les crânes de Victoria qu’il possède actuellement sont du type australien
vulgaire; mais nous retrouvons les contours que nous venons d’étudier sur une tête envoyée, en 1845,
de Moreton-Bay (Queensland) par le voyageur Jules Verreaux.
M. Carter Blake, dans une communication fort intéressante sur la diversité des formes crâniennes
observées en Australie, dont le journal de la Société d’Anthropologie de Londres a donné une trop brève
analyse (5), avait déjà fait remarquer que le type publié par M. Huxley se retrouve dans la localité que
(1) Dans la petite série de crânes de Port-Adélaïde, que l’obligeance de M. le professeur Flower, conservateur du Musée des
Chirurgiens, nous a permis d’étudier, les indices verticaux étaient : 70, 32; 65, 96; 61, 46.
(2) Ch. Meredith. Notes on New South-Wales, in 1839-1844. London, 1844, in-12, passim.
(3) G. Krefft. Measurements o f some of the skulls of Australian aborigines in the Collection of the Museum at Sydney (n° 32). (Catalogue
of the Natural and Industrial Products of New South- Wales forwarded to the Paris Universal Exhibition of 1867. Appendix, p. 92.
Sydney. 1867, in-80.)’
(4) Catalogue of human crania in the Collection of the Academy of Natural Sciences of Philadelphie, based upon the third Edition of
DT Morton's catalogue of. skulls, by Aitken Meigs. Philadelphia, 1857, in-8°, p. 96, n° 1327. ^ 9« C’est une tête vraiment animal^
dit l’auteur. Le front est excessivement plat et fuyant, tandis que par son prognathisme la mâchoire supérieure dégénère presque
en museau. L’arcade alvéolaire, au lieu d’être ronde ou ovale dans son contour, est presque carrée. La tête est allongée en totalité
et déprimée le long de la région coropale, la base du crâne est plate, et les apophyses mastoïdes sont très-larges et grossières. Les
orbites immenses sont débordées par de lourds arcs surciliers. »
(5) Journ. of the Anthrop. Soc. of London, t. "VIII, p. 22, (2e pagination) 1870-71.
Qoatrefages et Hamy. g