coronoïde assez courte, reliée à un condyle d’une certaine vigueur par une courbe sigmoïde aussi peu
profondément découpée que de la pièce de la Madelaine mentionnée plus haut.
Crânes des F orges (Bruniquel). — Deux autres crânes fort incomplets ont été recueillis, ainsi que des
débris de face, dans une autre station de la même commune, à la grotte des Forges, et vendus avec une
importante collection préhistorique au British Muséum, par M. de Lastic.
Déjà, en 1863, MM. GarrigoU, Martin et Trutat avaient trouvé aux Forges deux mandibules fragmentées
(1), dont la description sera mieux placée plus loin. M. Richard Owen â fourni dans un travail
récemment publié (2), des renseignements beaucoup plus précis sur les troglodytes des Forges, renseignements
dont il résulte que ces habitants primitifs de la vallée de l’Aveyron sont voisins par leurs
formes céphaliques des troglodytes d’Engis. Nous pouvons, grâce à ce rapprochement établi par l’illustre
anatomiste anglais, placer ici avec une certaine assurance la description de ces pièces que nous n’avions
pas énumérées dans notre historique et dont l’étude directe ne nous a malheureusement pas été possible.
Le British Muséum possède de la grotte de Bruniquel les trois quarts postérieurs d’un crâne comprenant
l’occipital, les pariétaux et des portions du sphénoïde et des temporaux, et un autre crâne composé
de la. majeure partie de sa voûte.
Le premier inscrit sous le n° 38300, n’a présenté à M. R. Owen comme caractères spéciaux' que la
saillie en arrière de sa région occipitale et le plan presque horizontal qui en limite les contours inférieurs.
La voûte numérotée. 38308, trouvée à plus de 1“ et demi (5 pieds anglais) au-dessous de la surface
de la stalagmite, n’est pas tellement mutilée qu’il n’ait été possible de reconnaître qu’elle a appartenu
à un crâne*uvale allongé (3), offrant sa plus grande largeur vers la réunion de son tiers moyen et de sbn
tiers postérieur, et un peu en avant de cé point, c’est-à-dire à peu près au niveau où nous venons de la
trouver dans les pièces dont la description précède. M. R. Owen nous représente son crâné dés Forges
comme se contractant rapidement en arrière en une proéminence occipitale saillante et forte qui rappelle
celle d’Engis.
Le frontal est brisé à 0m, 07 environ au-dessous et en avant de la suture coronale, ce qui empêche
de mesurer le diamètre antéro-postérieur; mais le diamètre transverse est représenté par le chiffre de
0m,141, chiffre très-voisin de la moyenne fournie par notre sérié'masculine prise dans son ensemble. Ce
qui reste du frontal est épais (0”, 0085) et de largeur moyenne (diam. front, max. 0”, 116), et son articulation
avec le pariétal se fait à l’aide de fines dentelures. Le pariétal (0“, 126) n’offre pas de bosse
bien limitée, et l’arcade temporale s’y dessine faiblement. Les denticulations de la suture sagittale
modérément développées à l’extérieur manquent à la face interne. M. Owen remarque que les lignes
courbes occipitales supérieures sont un peu plus saillantes que de coutume et que la protubérance est
peu distincte. On se rappelle que presque tous ces caractères secondaires ont été relevés dans notre
description des fossiles de la Vézère.
On peut encore voir au British Muséum, sous le n° 38311, un autre morceau de crâne comprenant partie
du pariétal droit et un fragment contigu de l’écaille occipitale. « Le degré de convexité de la surface
externe du pariétal, dit M. R. Owen, l’absence d’une éminence pariétale distincte, la convexité du morceau
conservé du suroccipital, la forme évidemment triangulaire de cet os, la faible indication de l’arcade
temporale, et l’épaisseur de l’os sont autant de caractères qui font concorder intimement ce fragment avec
la voûté de crâne plus entière qui vient d’être décrite (4). » M. R. Owen parle encore de divers 1 2 3 4
(1) F. Garrigou , L. Martin et E. Trutat. Note sur deux fragments de mâchoires humaines trouvées dans la caverne de Bruniquel,
( Tam-et-Garonne) , Compl. Rend. Acad. Sc., t. LVÏÏ, p. 1009, 1863.
(2) R. Owen. Description of the càvern of Bruniquel and ils organic contents. Part. I. Human Remains (Philosoph. Transact. of the Roy.
Soc. o f London for the year mdccclxix, t. I., p. 159, part. I. London, 1869, in-4°, p. 517 à 533.
(3) R. Owen. Of. cil., p. 527.
(4) R. Owen. Op. cit., p. 528.
DEUXIÈME RACE HUMAINE FOSSILE OU RACE DE CRO-MAGNON.
fragments de frontal et de pariétal gauche. L’un de ces débris (n° 38309) montre une épaisseur et une
forme inclinée du front, toutes semblables à celle de la voûte n° 38308. On y voit un trou de plus
de \ pouce anglais de diamètre, « dans lequel l'os paraît avoir été enfoncé ou arraché avant la mort. »
La branche horizontale gauche d’un maxillaire inférieur avec la symphyse comprend la première
grosse molaire et les alvéoles des deux incisives, de la canine, des bicuspides et de la seconde grosse
molaire du même côté. Nous ne trouvons à mentionner spécialement dans la description minutieuse
tracée par M. R. Owen, que la direction oblique de l’alvéole de la seconde prémolaire, indiquée dans un
de nos paragraphes précédents (M. Owen ne dit pas dans quel sens cet alvéole est dirigé), l’usure de la
molaire encore en place, légèrement oblique en dehors et en bas, la saillie du menton et la diminution
de hauteur verticale qui en résulte, etc. Remarquons, une fois encore, que nous avons rencontré ces
particularités sur tous les sujets quaternaires du midi de la France que nous groupons ici; ce qui nous
autorise à rapprocher les pièces que M. R. Owen a fait connaître de celles qui sont en ce moment sous
nos yeux.
F ragments d’Aürignac. — On sait que la célèbre grotte d’Aurignac, découverte et vidée par un terrassier
en 1852, contenait une grande quantité d’ossements humains, qui furent réenterrés dans le cimetière
de la paroisse, et sont demeurés perdus pour la science (1). Ed. Lartet, auquel nous devons de cette
station quaternaire une description, qui a été le point de départ d’une véritable révolution dans l’histoire
des cavernes, avait toutefois retrouvé dans la cavité un certain nombre de débris (2) qui ont fait l’objet
d’une courte notice publiée par l’un de i^ u s en 1870(3).
Ces débris semblent appartenir à deux races. Autant qu’on en peut juger par les restes de trois sujets
au moins que nous avons sous les yeux, une partie de ces os serait de la race actuellement à l’étude. Mais
les fragments de tête qu’on peut lui attribuer, se réduisent malheureusement à fort peu de chose. Une
mâchoire inférieure, n° 1 de la série, dont il ne reste que la symphyse et la branche horizontale droite,
et quelques dents sont, en effet, les seules pièces dont il y ait quelques mots à dire.
Cette mandibule qui a appartenu à un vieillard, comme le montrent les cavités presque comblées de
toutes les molaires, le peu de profondeur des alvéoles canin et incisif encore ouverts, le peu d’élévation
de la branche, (hauteur symph. 0“, 034, àla deuxième molaire 0“, 0235), la situation relativement élevée du
trou dentaire inférieur, le relèvement du menton, rappelle, surtout par la disposition de la symphyse, les
pièces précédemment décrites. Le menton très-saillant est triangulaire, et présente dans son contour
horizontal cette carrure dont nous avons précédemment parlé (4).
L’arc osseux est solide et son épaisseur atteint 0m, 016 à la deuxième molaire. Sa face externe est rugueuse
et accidentée, les fossettes mentonnières y sont bien indiquées. On voit à la face interne des apophyses
géni médiocres et une ligne myloïdienne de moyenne saillie. Sur trente dents recueillies à Auri-
gnac, par Ed. Lartet, une dizaine rappellent par leurs dimensions les dents de notre grande race.
Molaires, canines ou incisives, sont usées suivant les formes signalées plus haut. L’aplatissement latéral
combiné avec le renflement d’avant en arrière pour les canines et les incisives ; pour toutes les dents,
l’épaississement de l’émail, la brièveté relative des racines, s’ajoutent aux caractères tirés de l’usure dite
paléontologique pour inviter l’anatomiste à rapprocher ces ostéoïdes de ceux dont la description vient
de passer sous les yeux du lecteur.
F ragments de Montréjeau. — Les, ossements exhumés de la grotte murée de Gourdan, près Montré-
(1) Ed. Lartet. Sur une ancienne station humaine, avec sépulture contemporaine des grands mammifères fossiles, réputés caractéristiques
de la dernière période géologique, br. in-8° fExtr. du Bull. Soc. philomatique, 18 mai 1861 ).
(2) Idem, ibid. — Cf. Lyell. L'Ancienneté de l'homme prouvée par la géologie. l re édit, franc., Paris, 1864, in-8°, p. 194, 539 et 540.
(3) E.-T. Hamy. Précis de Paléontologie humaine, p. 261-263.
(4) Voir plus haut, p. 49,.