du Volga. L’un d’eux, celui dont nous avons donné les figures, servait comme palefrenier dans les écuries
d’un grand seigneur russe. On se rendra compte àisépïeqt par l’étude des chiffres consignés à la
4e colonne de notre tableau XXXIX, de la nature des liens qui les rattachent l’un et l’autre aux Mongols,
leurs voisins (1 ).
C r â n e s d e M o n g o l s - B o u r i à t e s . — Tous les ethnologues Russes, depuis Pallas jusqu’à MM. Séménow
et Chtchapow (2), juxtaposent aux Mongols les Bouriates des bords du lac Baïkal, eto., population
aujourd’hui en partie sédentaire et russifiée, chez laquelle prédomine le sang Mongol, et dont trois aimafts,
appartenant aux Selienghines, sont môme formés de Mongols purs. C'est sans doute à quelqu’un de ces
derniers qu’appartenaient les deux crânes, aux traits si franchement accusés, qu’a décrits M. Bogdanow,
sous le nom de Mongols-Bouriates (3).
C r â n e s d e B o u r i a t e s (pl. XLIV, fig. 1 et 2). — Les autres Bouriates, Bargoutines, Koudarines, Toun-
kines, Khorines, etc., chez lesquels prédomine assurément le sang Mongol, paraissent renfermer en
outre certains éléments empruntés à leurs voisins de l’Est, Toungouses, etc.
Nous avons étudié et mesuré cinq crânes de Bouriates des deux sexes, dont quatre dans le Musée, de
di Fig. 363. — Crâne de Kalmoulc
s. . i(Mus. Hist. Coll.Gall,, n° 167*)-
et
n ° 2.) ' Hist. Mat. Coll. Martin, n ° 2.) Bist. Naf. Coll. Meynier
d" Eicht hal.)
l'Institut Carolin à Stockholm, et le cinquième au Muséum de Paris. Deux des pièces envoyéès à Retzius,
par C. E. de Baër et M. Mannerheim, de Viborg, sont absolument mongoliques, et nous n’avons pas à
nous étendre sur leurs caractères. La troisième et la quatrième recueillies également par M. Mannerheim
ont tous les traits, l’une du Tâtar Chinois, dont il sera question un peu plus bas, l’autre du Mandchou de
Gehol, représenté dans la planche LXIlI. de notre Atlas. Un cinquième crâne Bouriate, envoyé au Muséum
de Paris par le général Korsakoff, et doüt nous donnons les vues de face et de profil, ressemble au contraire
à un Toungouse que nos collections doivent au même donateur et dont il sera question plus
loin (4).
Les moyennes de ces cinq têtes sont consignées dans les colonnes 5 et 6 du tableau ci-dessus. Dans
la colonne 5 figurent un des sujets mongoliques et oeux qui se rapprochent du Tatar Chinois et du
Mandchou. Dans la colonne 6 nous avons fusionné les chiffres de la femme Bouriate aux traits franche-
(1} Nous ne nous arrêterons pas à examiner ici les autres crânes Kalmouks sans provenance, catalogués dans les collections
Morton, Van der Hoeven, Vrolik, etc., et qui rentrent d’ailleurs dans le type dont on vient de lire la description sommaire (Morton,
op. eit., p. 49. — Vax der Hoeven, Cat. cit. — Musée Vrolik, p. 42).
(2) S emenow, Geographitcheski Slowar, 1.1, c. 340. — A. Chtchapow, Pliisitcheskoi i ethnologo-genealogitckeskot Riasvitié Koudniskago
Verkhotenskago Nacelenia (Isviestiakh. Sibir. Otd. Imper. Geogr. Obchtch., t. VI, c. 489).
(3) À. B ogdanow, Tcherepa Sibirskikh Inorodlsew (Antrop. Material, Tch. 2, B. 6. Moskva, 4879, c. 80). — Principales mesures de
deux crânes Mongols-Bouriates: cire, horiz. 533 ; d. a. p. 478 ; d. tr. max. 152,5; d. bas. bregm. 134,5; indices 85,68; 75,57;
88,19; d . front, max. 122; min. 97;biorbit. 409; bizyg. 149 ; nez, haut 59 ; larg. 28 ; orb. haut 35; larg. 39.
(4) L’un des crânes Bouriates de la collection Betzius est figuré dans la planche IV des Ethnologische Schriften.
ment mongoliques et de celle à l’aspect Toungouse de notre planche. On voit par l’étude de ces résu tata
numériques que, malgré le peu d’homogénéité de la petite série ainsi formée, elle se tient, en moyenne,
à très petite distance de oelle des Mongols purs, dont elle exagère même la plupart des caractères
faciaux, tout en accentuant la dépression sincipitale que les Toungouses. nous montreront plus tard si
Les crânes Bouriates, au nombre de douze, mesurés par MM. Malieff (2) et Bogdanow (3), montrent
des variations plus étendues encore que celles que nous venons de signaler (4), et le mélange des types
s’accuse dans ces séries d’une manière très apparente (5). ^
de Turcs. — Les Turcs, qui forment dans la masse des populations mongoliques le deuxième
groupe ethnique dont nous ayons à nous occuper ici, sont habituellement subdivisés en Yakoutes et en
Turcomans ou Turcs proprement dits. Les Yakoutes, séparés de leurs frères du Turkestan par les grandes
invasions mongoles de la fin du moyen âge, ont conservé néanmoins assez bien le type de la race dans
certaines tribus (6). Ce type spécial se retrouve également bien accusé chez les Turcomans de la Perse
ou du Caucase. .. ,, . .
Crânes de Yaeoutes (pl. XLV, fig. 3 et 4 et dans le texte fig. 464). - Une seule pièce d origine
Yakoute avait été publiée autrefois par Blumenbach. Dans sa seconde décade (7), le célèbre naturaliste
donnait la description et la figure d'une tête de forme presque carrée, à la glabelle saillante, aux os nasaux
contractés, aux orbites séparés par un espace relativement considérable, tête recueillie par un chirurgien
militaire du nom de Kratzsch, et que Blumenbach considérait comme Mongole (8). Les mesures e ce
crâne, publiées récemment (9), nous apprennent qu’au lieu d’être brachycéphale vrai, comme ceux des
Mongols que nous venons d’étudier, il est seulement sous-brachycéphale (d. a.-p. 0,183; d. tr. max. 0,131 ;
ind. céph. 82,31). Les rapports de la hauteur à la largeur sont aussi quelque peu différents de ceux que
S o n trouve consignés ’-au tableau XXXVIII ci-dessus. Moins de largeur et plus de hauteur relative, tels
sont, en effet, les deux traits principaux qui distinguent du crâne Mongol le crâne Turc, ou Ya oute. 1
I o n ajoute à ces deux caractères ceux qui se tirent de l’apparence, cuboïde de la boîte crânienne,
de la rudesse de ses. formes, d’un moindre épanouissement de la face.en travers, de l’accentuation
du squelette nasal, etc., on aura énoncé la plupart des choses importantes pour la, comparaison des
deux races. , . .
Toutes les particularités que nous venons d’énumérer ne se manifestent point d ai eurs avec a m me
netteté sur la pièce de Blumenbach, qui pourrait même être considérée à certains égards comme Turco on
(4) Mesures de la mandibule de deux Bouriates des collections Mannerheim et dej^aer. Diam. bicondyl.1 horizontale
des 2°* mol. 42; des canines, 21; dist. angul.symph. 78; branche mont. haut. 39;îarg. transv. 34; oblique 32, branche horizontale
haut, symph. 27 ; 2° mol. 25; épaiss. symph. 45; 2° mol. 17; angle mandibul. 119° ; alv.-ment.73°.
(2) N. M. Malieff 0. BouriatskikhTcherepakh. Kazan, 1877, br. in-8.
(3) A. B ogdanow. L oc. cit.» c. 78. ,
(4) Tandis que sur deux crânes Bouriates du musée de Kazan les indices céphaliques montent à 9~ et m me , ‘ ' **
p. 6), ceux de Moscou donnent en moyenne 81,14. Les douze crânes pris ensemble ont pour indice moyen , . j»
(5) Le musée de Goettingue possède, outre un crâne d’enfant d’un an et demi dont il est question ans a
Blumenbach (Dec. Tert., p. 14 et pl. XXIX), une tête d’adulte envoyée par Baer à cet établissement. Cap. cr . ,
509““ ; d. a.-p. 177; d. tr. max. 145; ind. céph. 80,79; verüc. ? 435 ; bizyg. 137; courb, front. 125; par. , ,0CCip’ *
(6) Suivant M. Maïnoff et quelques autres ethnologues russes, une partie des populations désignées sous e nom com
seraient apparentées de très près aux Peaux*Rouges, et, sous la pression d’événements depuis longtemps ou îes, auraien
époque assez peu ancienne franchi le détroit de Berring, d’Amérique en Asie. (Cf. Cong. Internat, es sc. eogr., sess. ,
T. I, p. 283.) S’il en est ainsi, ces tribus immigrées seraient bien distinctes de celles que nous a ons examiner.
(7) -J. F. Blumenbach. Dec. ait. Coll, suæ. Cran., p. 10-14. m T j„.„meni«
(8) Gmelin regardait les Yakoutes comme Mongols. (J. G. Gmelin. Reise durch Sibérien. Goett., • • ' f* . . . m ,
rassemblés par M. deMiddendorf (A. v. Middëndorf. Sibiriseh. Reis. Bd. IV, Th. 2 ,L. 3. DieEingeorenen i in • »
X-XH), montrent que l’influence mongole est vraiment très grande chez les Yakoutes d Utscha, de eta, etc.
(9) S prengel. L oc. cit., p. 38« 52
Quatrefages bt Haut.